Bulletin of Sri Aurobindo International

Centre of Education

Bulletin du Centre International d' Éducation Sri Aurobindo

 

Août 1964

 

Contents :

Table des Matières:

The Synthesis of Yoga

The Soul and Its Liberation

— Sri Aurobindo

La Synthèse des Yogas

l'Ame et Sa Liberation

— Sri Aurobindo

Questions And Answers

Questions And Answers on Thoughts And Aphorisms  (Translation)

The Mother

 Entretiens

 

Commentaires sur les Aphorismes de

Sri Aurobindo  (Original) 

 — La Mère

Social Remark

About Religions

About the Ashram

Une Remarque sur la Vie Social

A Propos des Religions

A Propos de l'Ashram

Sri Aurobindo —His Life and Work

Sri Aurobindo —Sa vie et son Œuvre

Report on the Quarter

Rapport Trimestriel

Illustrations

 

The Synthesis of Yoga

 

The Synthesis of Yoga

"All Life is Yoga"

 

Part II

 

THE YOGA OF INTEGRAL KNOWLEDGE

CHAPTER XVIII

THE SOUL AND ITS LIBERATION

 

WE have now to pause and consider to what this acceptance of the relations of Purusha and Prakriti commits us, for it means that the Yoga which we are pursuing has for end none of the ordinary aims of humanity. It neither accepts our earthly existence as it is, nor can be satisfied with some kind of moral perfection or religious ecstasy, with a heaven beyond or with some dissolution of our being by which we get satisfactorily done with the trouble of existence. Our aim becomes quite other; it is to live in the Divine, the Infinite, in God and not in any mere egoism and temporality, but at the same time not apart from Nature, from our fellow-beings, from earth and the mundane existence, any more than the Divine lives aloof from us and the world. He exists also in relation to the world and Nature and all these beings, but with an absolute and inalienable power, freedom and self-knowledge. Our liberation and perfection is to transcend ignorance, bondage and weakness and live in Him in relation to the world and Nature with the divine power, freedom and self-knowledge. For the highest relation of the Soul to existence is the Purusha's possession of Prakriti, when he is no longer ignorant and subject to his nature, but knows, transcends, enjoys and controls his manifested being and determines largely and freely what shall be his self-expression.

A oneness finding itself out in the variations of its own duality is the whole play of the soul with Nature in its cosmic birth and becoming.

La Synthèse des Yogas

"Toute vie est Yoga"

 

Livre II

 

LE YOGA DE LA CONNAISSANCE INTÉGRALE

CHAPITRE XVIII

L'ÂME ET SA LIBÉRATION

 

ARRÊTONS-nous maintenant pour examiner à quoi nous engage cette -acceptation des relations de Pourousha et de Prakriti, car elle implique que notre yoga n'a pour fin aucun des buts ordinaires de l'humanité. Ce yoga n'accepte pas l'existence terrestre telle qu'elle est, mais il ne se contente pas non plus d'une sorte de perfection morale ou d'extase religieuse, avec un ciel au-delà ou quelque dissolution de notre être mettant fin pour de bon à tout ce souci d'exister. Notre but est tout à fait différent, c'est de vivre dans le Divin, dans l'Infini, en Dieu et non dans l'égoïsme et pour les biens temporels, mais sans pour autant vivre en dehors de la Nature, de nos semblables, de la terre et de l'existence mondaine, pas plus que le Divin ne vit loin de nous et du monde. Son existence aussi a une relation avec le monde, la Nature et tous ces êtres, mais dans un pouvoir, une liberté et une connaissance de soi absolus et inaliénables. Notre libération et notre perfection consistent donc à transcender l'ignorance, l'esclavage et la faiblesse, et à vivre en Lui la relation avec le monde et la Nature, dans la connaissance de soi, la puissance et la liberté divines. Car la relation suprême de l'Âme et de l'existence est celle du Pourousha qui possède Prakriti, quand il n'est plus ignorant et soumis à sa nature, et qu'il connaît, transcende, possède, maîtrise son être manifesté, et détermine vastement et librement ce que sera son expression.

Une unité qui se découvre dans les variations de sa propre dualité, tel est le eu complet de la Nature et de l'âme dans sa naissance et son

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One Sachidanada everywhere, self-existent, illimitable, a unity indestructible by the utmost infinity of its own variations, is the original truth of being for which our knowledge seeks and to that our subjective existence eventually arrives. From that all other truths arise, upon that they are based, by that they are at every moment made possible and in that they in the end can know themselves and each other, are reconciled, harmonized and justified. All relations in the world, even to its greatest and most shocking apparent discords, are relations of something eternal to itself in its own universal existence; they are not anywhere or at any time collisions of disconnected beings who meet fortuitously or by some mechanical necessity of cosmic existence. Therefore to get back to this eternal fact of oneness is our essential act of self-knowledge, to live in it must. be the effective principle of our inner possession of our being and of our right and ideal relations with the world. That is why we have had to insist first and foremost on oneness as the aim and in a way the whole aim of our Yoga of knowledge.

But this unity works itself out everywhere and on every plane by an executive or practical truth of duality. The Eternal is the one infinite conscious Existence, Purusha, and not something inconscient and mechanical; it exists eternally in its delight of the force of its own conscious being founded in an equilibrium of unity; but it exists also in the no less eternal delight of its force of conscious being at play with various creative self experience in the universe. Just as we ourselves are or can become aware of being always something timeless, nameless, perpetual which we call our self and which constitutes the unity of all that we are, and yet simultaneously we have the various experience of what we do, think, will, create, become, such too is the self-awareness of this Purusha in the world. Only we, being at present limited and ego-bound mental individuals, have usually this experience in the ignorance and do not live in the self, but only look back at it or draw back to it from time to time, while the Eternal has it in His infinite self-knowledge, is eternally this self and looks from the fullness of self-being at all this self-experience. He does not like us, bound prisoners of the mind, conceive of His being as either a sort of indefinite result and sum or else a high contradiction of self-experience. The old philosophical quarrel between Being and Becoming is not possible to the eternal self-knowledge.

devenir cosmiques. Un seul Sachchidânanda partout, existant en soi, illimité, une unité qui ne peut être détruite par l'extrême multiplicité de ses propres variations, telle est la vérité originelle de l'être, celle que cherche notre connaissance et à laquelle notre existence subjective doit finalement parvenir. C'est d'elle que toutes les autres vérités proviennent, sur elle qu'elles sont fondées, par elle qu'à chaque instant elles sont possibles, et en elle, finalement, qu'elles peuvent se connaître elles-mêmes et connaître les autres, se réconcilier, s'harmoniser, se justifier. Toutes les relations du monde, y compris les discordes apparentes les plus graves et les plus choquantes, sont les relations de l'Éternel avec lui-même dans sa propre existence universelle; nulle part, à aucun moment, ce n'est une collision d'êtres isolés qui se rencontrent fortuitement ou par quelque nécessité mécanique de l'existence cosmique. Par conséquent, l'acte de connaissance essentiel est de revenir à ce fait éternel de l'unité, vivre en elle, doit être le principe effectif de la possession intérieure de notre être et de nos relations idéales et vraies avec le monde. C'est pourquoi, d'abord et avant tout, nous avons dû insister sur l'unité et en faire le but, et d'une certaine manière le but total, de notre yoga de la connaissance.

Mais partout et sur tous les plans, cette unité s'exprime par une vérité, exécutive ou pratique, de dualité. L'Éternel est l'Existence une, infinie et consciente — Pourousha — et non quelque chose d'inconscient et de mécanique; Il existe éternellement dans la félicité de la force de son être conscient à jamais fondé dans l'équilibre de son unité; mais Il existe aussi dans la félicité, non moins éternelle, de la force de son être conscient qui joue dans l'univers avec la diversité de ses propres expériences créatrices. De même que nous sommes, ou pouvons devenir, conscients d'être quelque chose hors du temps et sans nom, perpétuel, que nous appelons Moi et qui constitue l'unité de tout ce que nous sommes, et que, simultanément, nous pouvons avoir l'expérience variée de ce que nous faisons, pensons, voulons, créons, devenons; de même pour la conscience du Pourousha dans le monde. Seulement, pour nous, qui sommes à présent des individualités mentales limitées et enchaînées à l'ego, cette expérience a généralement lieu dans l'ignorance; nous ne vivons pas dans le Moi, nous nous tournons seulement vers Lui ou nous nous retirons en Lui de temps en temps, tandis que l'Éternel se possède dans Sa connaissance

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An active force of conscious-being which realizes itself in its powers of self-experience, its powers of knowledge, will, self-delight, self-formulation with all their marvellous variations, nversions, conservations and conversions of energy, even perversions, is what we call Prakriti or Nature, in ourselves as in the cosmos. But behind this force of variation is the eternal equilibrium of the same force in an equal unity which supports impartially, governs even as it has originated the variations and directs them to whatever aim of its self-delight the Being, the Purusha, has conceived in its consciousness and determined by its will or power of consciousness. That is the divine Nature into unity with which we have to get back by our Yoga of self-knowledge. We have to become the Purusha, Sachchidananda, delighting in a divine individual possession of its Prakriti and no longer mental beings subject to our egoistic nature. For that is the real man, the supreme and integral self of the individual, and the ego is only a lower and partial manifestation of ourselves through which a certain limited and preparatory experience becomes possible and is for a time indulged. But this indulgence of the lower being is not our whole possibility; it is not the sole or crowning experience for which we exist as human beings even in this material world.

This individual being of ours is that by which ignorance is possible to self-conscious mind, but it is also that by which liberation into the spiritual being is possible and the enjoyment of divine immortality. It is not the Eternal in His transcendence or in His cosmic being who arrives at this immortality, it is the individual who rises -into self-knowledge, in him it is possessed and by him it is made effective. All life, spiritual, mental or material, is the play of the soul with the possibilities of its nature, for without this play there can be no self-expression and no relative self-experience. Even then, in our realization of all as our larger self and in our oneness with God and other beings, this play can and must persist, unless we desire to cease from all self-expression and all but a tranced and absorbed self-experience. But then it is in the individual being that this trance or this liberated play is realized; the trance is this mental being's immersion in the sole experience of unity, the liberated play is the taking up of his mind into the spiritual being for the free realization and delight of oneness. For the nature of the divine existence is to possess always its unity, but to possess it also in an infinite experience,

de soi infinie. Il est éternellement ce Moi, et, de cette plénitude d'être. Il se tourne vers toute cette expérience de soi. N'étant pas comme nous, esclaves prisonniers du mental. Il ne conçoit pas Son être comme une sorte de produit ou de somme indéfinie, ni comme une haute contradiction de sa propre expérience. La vieille querelle philosophique de l'Être et du Devenir n'est pas possible pour la connaissance de soi éternelle.

Une force active, la force d'un être conscient qui se réalise par ses pouvoirs d'expérience, ses pouvoirs de connaissance, de volonté, de félicité et d'expression, avec toutes leurs merveilleuses variations, inversions, conservations et conversions d'énergie, et même leurs perversions, voilà ce que nous appelons Prakriti ou Nature, en nous-mêmes et dans le cosmos. Mais derrière cette force de variation, se trouve l'équilibre éternel de la même force, dans une unité égale, qui soutient impartialement toutes les variations et les gouverne, de même qu'elle les a engendrées, et les dirige vers le but de félicité que l'Être, le Pourousha, a conçu en sa conscience et déterminé par sa volonté ou son pouvoir de conscience. C'est cette unité avec la Nature divine que nous devons retrouver par notre yoga de la connaissance de soi. Nous devons devenir le Pourousha, devenir Sachchidânanda et trouver la joie dans une possession individuelle divine de Prakriti, au lieu d'être cet individu mental soumis à sa nature égoïste. Car tel est l'homme réel, le moi suprême et intégral de l'individu, l'ego n'est qu'une manifestation inférieure et partielle de nous-mêmes aux fins d'une expérience limitée et préparatoire à laquelle nous nous prêtons pendant un certain temps. Mais cette concession faite à notre être inférieur, ne représente pas nos possibilités totales, ce n'est pas la seule expérience ni le couronnement de notre existence en tant qu'êtres humains dans ce monde matériel.

L'être individuel que nous sommes est ce qui rend possible l'ignorance du mental conscient de soi, mais c'est aussi ce qui rend possible la libération en l'être spirituel et la possession de l'immortalité divine. Ce n'est pas l'Éternel en Sa transcendance ou en Son être cosmique qui parvient à cette immortalité, c'est l'individu qui s'élève à la connaissance de soi; en lui, elle est possédée, et, par lui, elle devient effective. Toute vie — spirituelle, mentale ou matérielle — est un jeu de l'âme et des possibilités de sa nature, sans ce jeu, il ne peut y avoir d'expression

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from many standpoints, on many planes, through many conscious powers or selves of itself, individualities—in our limited intellectual language —of the one conscious being. Each one of us is one of these individualities. To stand away from God in limited ego, limited mind is to stand away from ourselves, to be unpossessed of our trueindividuality, to be the apparent and not the real individual, it is our power of ignorance. To be taken up into the divine Being and be aware of our spiritual, infinite and universal consciousness as that in which we now live, is to possess our supreme and integral self, our true individuality; it is our power of self-knowledge.  

By knowing the eternal unity of these three powers of the eternal manifestation. God, Nature and the individual self, and their intimate necessity to each other, we come to understand existence itself and all that in the appearances of the world now puzzles our ignorance. Our self-knowledge abolishes none of these things, it abolishes only our ignorance and those circumstances proper to the ignorance which made us bound and subject to the egoistic determinations of our nature. When we get back to our true being, the ego falls away from us, its place is taken by our supreme and integral self, the true individuality. As this supreme self it makes itself one with all beings and sees all world and Nature in its own infinity. What we mean by this is simply that our sense of separate existence disappears into a consciousness of illimitable, undivided, infinite being in which we no longer feel bound to the name and form and the particular mental and physical determinations of our present birth and becoming and are no longer separate from anything or anyone in the universe. This was what the ancient thinkers called the Non-birth or the destruction of birth or Nirvana. At the same time we continue to live and act through our individual birth and becoming, but with a different knowledge and quite another kind of experience; the world also continues, but we see it in our own being and not as something external to it and other than ourselves. To be able to live permanently in this new consciousness of our real, our integral being is to attain liberation and enjoy immortality. ,

Here there comes in the complication of the idea that immortality is only possible after death in other worlds, upon higher planes of existence or that liberation must destroy all possibility of mental or bodily living

de soi ni d'expérience de soi dans les relativités. Donc, même quand nous avons l'expérience que tout est notre moi élargi, et de notre unité avec Dieu et les autres êtres, ce jeu peut et doit continuer, à moins que nous ne désirions faire cesser toute expression et tout abolir sauf une expérience de soi extatique et absorbante. Mais alors, c'est dans l'être individuel que cette extase ou ce jeu libéré se produisent, l'extase est une immersion de notre être mental dans l'exclusive expérience de l'unité, le jeu libéré, une absorption de notre mental dans l'être spirituel afin de réaliser librement la félicité de l'unité. Car la nature même de l'existence divine est toujours de posséder son unité, mais de la posséder aussi dans une expérience infinie, à d'innombrables points de vue, sur d'innombrables plans, à travers d'innombrables pouvoirs conscients ou d'innombrables moi de son Moi, ou, pour employer notre langage intellectuel limité, en d'innombrables individualités de l'être conscient qui est un. Chacun de nous est l'une de ces individualités. Se tenir éloigné de Dieu dans l'ego limité, le mental limité, c'est se tenir éloigné de soi-même et ne pas être en possession de la vraie individualité, c'est être l'individu apparent et non l'individu réel — c'est notre pouvoir d'ignorance. Être absorbé dans l'Être divin et percevoir que nous vivons désormais dans notre conscience spirituelle, infinie et universelle, c'est posséder notre moi suprême et intégral, notre individualité vraie — c'est notre pouvoir de connaissance.

Quand nous connaissons l'éternelle unité de ces trois pouvoirs de la Manifestation éternelle. Dieu, la Nature et le moi individuel, et l'intime besoin qu'ils ont l'un de l'autre, nous arrivons à comprendre l'existence elle-même et toutes les apparences du monde qui, maintenant, sont une énigme pour notre ignorance. Notre connaissance de soi n'abolit rien, elle abolit seulement notre ignorance et les conditions propres à l'ignorance qui nous liaient et nous asservissaient aux déterminations égoïstes de notre nature. Quand nous revenons à notre être véritable, l'ego nous quitte, sa place est prise par notre moi suprême et intégral, l'individualité vraie. Étant le moi suprême, elle devient une avec tous les êtres et voit tout, le monde et la Nature, dans sa propre infinitude. Nous voulons dire par là, simplement, que le sentiment de notre existence séparée disparaît dans la conscience d'un être illimité, indivisible, infini, en lequel nous ne nous sentons plus liés au nom, à la forme et aux déterminations mentales et physiques particulières de notre naissance et de notre devenir

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and annihilate the individual existence for ever in an impersonal infinity. These ideas derive their strength from a certain justification in experience and a sort of necessity or upward attraction felt by the soul when it shakes off the compelling ties of mind and matter. It is felt that these ties are inseparable from all earthly living or from all mental existence. Death is the king of the material world, for life seems to exist here only by submission to death, by a constant dying; immortality has to be conquered here with difficulty and seems to be in its nature a rejection of all death and therefore of all birth into the material world. The field of immortality must be in some immaterial plane, in some heavens where either the body does not exist or else is different and only a form of the soul or a secondary circumstance. On the other hand, it is felt by those who would go beyond immortality even, that all planes and heavens are circumstances of the finite existence and the infinite self is void of all these things. They are dominated by a necessity to disappear into the impersonal and infinite and an inability to equate in any way the bliss of impersonal being with the soul's delight in its becoming. Philosophies have been invented which justify to the intellect this need of immersion and disappearance, but what is really important and decisive is the call of the Beyond, the need of the soul, its delight—in this case—in a sort of impersonal existence or non-existence. For what decides is the determining delight of the Purusha, the relation which it wills to establish with its Prakriti, the experience at which it arrives as the result of the line it has followed in the development of its individual self-experience among all the various possibilities of its nature. Our intellectual justifications are only the account of that experience which we give to the reason and the devices by which we help the mind to assent to the direction in which the soul is moving.

The cause of our world-existence is not, as our present experience induces us to believe, the ego; for the ego is only a result and a circumstance of our mode of world-existence. It is a relation which the many-souled Purusha has set up between individualized minds and bodies, a relation of self-defense and mutual exclusion and aggression in order to have among all the dependences of things in the world upon each other a possibility of independent mental and physical experience. But there can be no absolute independence upon these planes; impersonality which rejects all mental and physical becoming is therefore the only possible

actuels; nous ne sommes plus séparés de rien ni de personne dans l'univers. C'est ce que les penseurs anciens appelaient la non-naissance, ou la destruction de la naissance, ou le Nirvana. Pourtant, nous continuons de vivre et d'agir en notre naissance et notre devenir individuels, mais avec une connaissance différente et un tout autre genre d'expérience, le monde aussi continue, mais nous le voyons se dérouler dans notre être et non plus comme une chose extérieure à nous-même et autre que nous-même. Pouvoir vivre d'une façon permanente dans cette nouvelle conscience, la conscience de notre être réel ou intégral, c'est atteindre à la libération et jouir de l'immortalité.

Nous nous heurtons ici à une complication; c'est l'idée que l'immortalité n'est possible qu'après la mort, en d'autres mondes, sur des plans d'existence supérieurs, ou que la libération doit nécessairement abolir toute possibilité de vie mentale ou corporelle et annihiler pour toujours l'existence individuelle dans un infini impersonnel. Ces idées puisent leur force et une certaine justification dans l'expérience, car dès qu'elle se débarrasse des liens du mental et de la matière qui la contraignaient, l'âme ressent une sorte de nécessité ou d'attraction ascendante. On sent que ces liens sont inséparables de toute vie terrestre ou de toute existence mentale. La mort est le roi du monde matériel — la vie semble n'exister ici que soumise à la mort et en mourant constamment; l'immortalité doit être conquise ici-bas avec difficulté et semble exiger, naturellement, que l'on rejette toute mort, et, par conséquent, toute naissance en ce monde matériel. Le lieu de l'immortalité doit être en quelque plan immatériel, en quelque ciel où le corps n'existe pas, à moins qu'il ne soit différent et seulement une forme de l'âme ou une circonstance secondaire. En outre, ceux qui veulent passer au-delà même de l'immortalité, sentent que tous ces plans et tous ces deux sont des circonstances de l'existence finie et que le moi infini est vide de toutes ces choses. Ils sont subjugués par le besoin de disparaître dans l'impersonnel et l'infini, et impuissants à égaler d'aucune manière la béatitude de l'être impersonnel et la félicité de l'âme en son devenir. Des philosophies ont été inventées pour justifier devant l'intellect ce besoin d'immersion et de disparition; mais le fait réellement important et décisif est l'appel de l'Au-delà, le besoin de l'âme, la félicité qu'elle trouve (dans ce cas particulier) à une sorte d'existence impersonnelle ou de non-existence. Car ce qui décide, finalement, c'est la félicité

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culmination of' this exclusive movement: so only can an absolutely independent self-experience be achieved. The soul then seems to exist absolutely, independently in itself; it is free in the sense of the Indian word, swādhīna, dependent only on itself, not dependent upon God and other beings. Therefore in this experience God, personal self and other beings are all denied, cast away as distinctions of the ignorance. It is the ego recognizing its own insufficiency and abolishing both itself and its contraries that its own essential instinct of independent self-experience may be accomplished, for it finds that its effort to achieve it by relations with God and others is afflicted throughout with a sentence of illusion, vanity and nullity. It ceases to admit them because by admitting them it becomes dependent on them; it ceases to admit its own persistence, because the persistence of ego means the admission of that which it tries to exclude as not self, of the cosmos and other beings. The self-annihilation of the Buddhist is in its nature absolute exclusion of all that the mental being perceives; the self-immersion of the Adwaitin in his absolute being is the self-same aim differently conceived : both are a supreme self-assertion of the soul of its exclusive independence of Prakriti.

The experience which we first arrive at by the sort of short-cut to liberation which we have described as the movement of withdrawal, assists this tendency. For it is a breaking of the ego and a rejection of the habits of the mentality we now possess; for that is subject to matter and the physical senses and conceives of things only as forms, objects, external phenomena and as names which we attach to those forms. We are not aware directly of the subjective life of other beings except by analogy from our own and by inference or derivative perception based upon their external signs of speech, action, etc., which our minds translate into the terms of our own subjectivity. When we break out from ego and physical mind into the infinity of the spirit, we still see the world and others as the mind has accustomed us to see them, as names and forms; only in our new experience of the direct and superior reality of spirit, they lose that direct objective reality and that indirect subjective reality of their own which they had to the mind. They seem to be quite the opposite of the truer reality we now experience; our mentality, stilled and indifferent, no longer strives to know and make real to itself those intermediate terms which exist in them as in us and the knowledge of which has for its utility to

déterminante du Pourousha, le genre de relation qu'il veut établir avec sa Prakriti, l'expérience à laquelle il arrive au bout de la voie qu'il a choisie pour développer son expérience individuelle parmi toutes les possibilités variées de sa nature. Nos justifications intellectuelles sont seulement un compte-rendu de cette expérience à l'usage de la raison, un stratagème pour aider le mental à consentir à suivre la direction prise par l'âme.

La cause de notre existence dans le monde n'est pas l'ego, comme nous incite à le croire notre expérience actuelle, l'ego est seulement un produit, une circonstance de notre mode d'existence dans le monde. C'est un type de relation que le Pourousha aux âmes innombrables a établie entre les mentais individualisés et les corps, une relation d'auto-défense et d'exclusion réciproque ou d'agression, afin d'avoir, au milieu de toutes ces existences interdépendantes dans le monde, une possibilité d'expérience mentale et physique indépendante. Mais sur ces plans, il ne peut pas y avoir d'indépendance absolue; l'impersonnalité qui rejette tout devenir mental et physique est, par conséquent, le seul aboutissement possible de ce mouvement exclusif, car c'est ainsi seulement qu'une expérience de soi absolument indépendante est réalisable. L'âme, alors, semble exister absolument, indépendamment en soi; elle est libre, au sens du mot indien swādhīna ne dépendant que d'elle-même, ne dépendant pas de Dieu ni des autres êtres. Donc, dans cette expérience. Dieu, le moi personnel et autrui sont pareillement niés, rejetés comme autant de distinctions de l'ignorance. C'est l'ego qui reconnaît sa propre insuffisance et qui abolit tout, lui-même et les contraires de lui-même, afin de pouvoir réaliser son instinct essentiel d'expérience de soi indépendante, trouvant que ses efforts pour ce faire par les relations avec Dieu et autrui sont constamment frappés d'illusion, de vanité et de nullité. Il cesse de les admettre, parce qu'en les admettant il dépend d'eux; il cesse d'admettre sa propre persistance, parce que la persistance de l'ego est l'admission de cela même — cosmos et autrui — qu'il essaye d'exclure comme non-moi. L'annihilation de soi du bouddhiste est essentiellement l'exclusion absolue de tout ce que l'être mental perçoit; l'immersion de soi de l'adwaïtin en son être absolu répond exactement au même but, sous un autre nom; l'une et l'autre sont la suprême revendication de l'âme affirmant son indépendance exclusive à l'égard de Prakriti.

L'expérience à laquelle nous parvenons tout d'abord en suivant cette

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bridge over the gulf between the spiritual self and the objective phenomena of the world. We are satisfied with the blissful infinite impersonality of a pure spiritual existence, nothing else and nobody else any longer matters to us. What the physical senses show to us and what the mind perceives and conceives about them and so imperfectly and transiently delights in, seems now unreal and worthless; we are not and do not care to be in possession of the intermediate truths of being through which these things are enjoyed by the One and possess for Him that value of His being and delight which makes, as we might say, cosmic existence a thing beautiful to Him and worth manifesting. We can no longer share in God's delight in the world; on the contrary, it looks to us as if the Eternal had degraded itself by admitting into the purity of its being the gross nature of Matter or had falsified the truth of its being by imagining vain names and unreal forms. Or else if we perceive at all that delight, it is with a far-off detachment which prevents us from participating in it with any sense of intimate possession, or it is with an attraction to the superior delight of an absorbed and exclusive self-experience which does not allow us to stay any longer in these lower terms than we are compelled to stay by the continuance of our physical life and body.

But if either in the course of our Yoga or as the result of a free return of our realized Self upon the world and a free repossession of its Prakriti by the Purusha in us, we become conscious not only of the bodies and outward self-expression of others, but intimately of their inner being, their minds, their souls and that in them of which their own surface minds are not aware, then we see the real Being in them also and we see them as selves of our Self and not as mere names and forms. They become to us realities of the Eternal. Our minds are no longer subject to the delusion of trivial unworthiness or the illusion of unreality. The material life loses indeed for us its old absorbing value, but finds the greater value which it has for the divine Purusha; regarded no longer as the sole term of our becoming, but as merely having a subordinate value in relation to the higher terms of mind and spirit, it increases by that diminution instead of losing in value. We see that our material being, life, nature are only one poise of the Purusha in relation to its Prakriti and that their true purpose and importance can only be appreciated when they are seen not as a thing in itself, but as dependent on higher poises by which they are supported;

sorte de raccourci vers la libération — ce que nous avons appelé le"mouvement de retrait"— encourage cette tendance. En effet, c'est une rupture de l'ego et un rejet de nos habitudes mentales présentes, car notre mentalité est soumise à la matière et aux sens physiques; elle ne conçoit les choses qu'en tant que formes, objets, phénomènes extérieurs ou noms que nous attachons à ces formes. Nous ne percevons pas directement la vie subjective des autres êtres, sauf par analogie avec la nôtre et par inférence, ou par une perception dérivée fondée sur les signes extérieurs — parole, action, etc. — que notre mental traduit dans les termes de notre propre subjectivité. Quand nous nous échappons de l'ego et du mental physique dans l'infinitude de l'Esprit, nous voyons encore le monde et autrui comme le mental nous a habitués à les voir, comme des noms et des formes; seulement, avec notre expérience nouvelle de la réalité directe et supérieure de l'Esprit, ils perdent cette réalité objective directe et cette réalité subjective indirecte qu'ils avaient pour le mental. Ils semblent à l'opposé de cette réalité plus vraie dont nous avons désormais l'expérience; notre mentalité, tranquillisée et indifférente, ne s'efforce plus de connaître et de rendre réels ces termes intermédiaires, qui existent en eux-mêmes comme en nous et dont la connaissance avait pour seule utilité de combler l'abîme entre le moi spirituel et les phénomènes objectifs du monde. Nous sommes satisfaits de l'impersonnalité béatifique et infinie d'une pure existence spirituelle; rien d'autre ni personne ne compte plus désormais pour nous. Ce que les sens physiques nous montrent et ce que le mental perçoit et conçoit, et en quoi il trouve une joie si imparfaite et si fugitive, nous semble maintenant irréel et sans mérite; nous ne possédons pas et ne nous soucions pas de posséder les vérités intermédiaires de l'être à travers lesquelles l'Un possède les objets des sens physiques et du mental, et par lesquelles ceux-ci, pour Lui, ont une valeur en Son être et une félicité qui, pour Lui, font la beauté de l'existence cosmique, si l'on peut dire, et le mérite de sa manifestation. Nous ne pouvons plus participer à la félicité que Dieu prend en Son monde; au contraire, il nous semble que l'Éternel s'est dégradé en admettant dans la pureté de son être la nature grossière de la matière, ou qu'il a falsifié la vérité de son être en imaginant des formes vaines et irréelles. Ou, si nous arrivons à percevoir tant soit peu cette félicité, c'est avec un détachement lointain qui nous empêche d'y participer intimement; nous restons séduits par la

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from those superior relations they derive their meaning and, therefore, by conscious union with them they can fulfil all their valid tendencies and aims. Life then becomes justified to us and no longer stultified by the possession of liberated self-knowledge.

This larger integral knowledge and freedom liberates in the end and fulfils our whole existence. When we possess it, we see why our existence moves between these three terms of God, ourselves and the world; we no longer see them or any of them in opposition to each other, inconsistent, incompatible, nor do we on the other hand regard them as terms of our ignorance which all disappear at last into a pure impersonal unity. We perceive their necessity as terms rather of our self-fulfillment which preserve their value after liberation or rather find then only their real value. We have no longer the experience of our existence as exclusive of the other existences which make up by our relations with them our experience of the world; in this new consciousness they are all contained in ourselves and we in them. They and we are no longer so many mutually exclusive egos, each seeking its own independent fulfillment of self-transcendence and ultimately aiming at nothing else; they are all the Eternal and the self in each secretly embraces all in itself and seeks in various ways to make that higher truth of its unity apparent and effective in its terrestrial being. Not mutual exclusiveness, but mutual inclusiveness is the divine truth of our individuality, love the higher law and not an independent self-fulfillment.

The Purusha who is our real being is always independent and master of Prakriti and at this independence we are rightly seeking to arrive; that is the utility of the egoistic movement and its self-transcendence, but its right fulfillment is not in making absolute the ego's principle of independent existence, but in arriving at this other highest poise of the Purusha with regard to its Prakriti. There is transcendence of Nature, but also possession of Nature, perfect fulfillment of our individuality, but also perfect fulfillment of our relations with the world and with others. Therefore an individual salvation in heavens beyond, careless of the earth, is not our highest objective; the liberation and self-fulfillment of others is as much our own concern,—we might almost say, our divine self-interest,—as our own liberation. Otherwise our unity with others would have no effective meaning. To conquer the lures of egoistic existence

 

félicité supérieure d'une expérience de soi absorbée et exclusive qui ne nous permet pas de séjourner longtemps dans ces états inférieurs, pas plus longtemps que nous n'y sommes contraints par la durée de notre vie physique et de notre corps.

Mais si, au cours de notre yoga, ou ayant découvert notre Moi, nous revenons librement vers le monde et que le Pourousha en nous reprenne librement possession de sa Prakriti, nous devenons conscients non seulement du corps et de l'expression extérieure des autres, mais intimement de leur être intérieur, de leur mental, de leur âme et de cette partie d'eux-mêmes que leur propre mental de surface ne perçoit pas, nous voyons l'Être réel en eux aussi, nous voyons qu'ils sont des "moi" de notre Moi, et non de simples noms et des formes. Ils deviennent pour nous des réalités de l'Éternel. Notre mental n'est plus trompé par l'apparente non-valeur des choses banales, ni pris par l'illusion de l'irréalité. Certes, la vie matérielle n'a plus pour nous sa vieille valeur absorbante, mais elle retrouve la valeur plus grande qu'elle a pour le Pourousha divin; elle n'est plus, à nos yeux, le terme unique de notre devenir et sa valeur est purement subordonnée aux termes supérieurs du mental et de l'esprit, mais par cette diminution elle augmente de valeur au lieu d'en perdre. Nous voyons que notre être matériel, notre vie, notre nature matérielles ne sont qu'un seul et même équilibre du Pourousha par rapport à sa Prakriti et que leur rôle et leur importance véritables ne peuvent être compris que quand on les voit, non en eux-mêmes, mais en fonction des équilibres supérieurs qui forment leur support; c'est de ces relations supérieures qu'ils dérivent leur sens, et, par conséquent, c'est en s'unissant consciemment à elles qu'ils peuvent satisfaire toutes leurs tendances et toutes leurs fins légitimes. Alors, la vie se justifie à nos yeux, elle n'est plus frappée de nullité par la possession de la connaissance de soi libérée.

Cette connaissance et cette liberté intégrales plus larges, finalement, libèrent et accomplissent notre existence tout entière. Quand nous les possédons, nous voyons pourquoi notre existence se déroule entre ces trois termes — Dieu, nous-même et le monde; il ne nous semble plus qu'ils s'opposent l'un à l'autre, qu'ils soient contradictoires, incompatibles; et nous ne les considérons pas, non plus, comme des termes de notre ignorance voués à une disparition finale dans une pure unité impersonnelle. Au contraire, nous percevons qu'ils sont des termes nécessaires à

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in this world is our first victory over ourselves; to conquer the lure of individual happiness in heavens beyond is our second victory, to conquer the highest lure of escape from life and a self-absorbed bliss in the impersonal infinity is the last and greatest victory. Then are we rid of all individual exclusiveness and possessed of our entire spiritual freedom.

The state of the liberated soul is that of the Purusha who is for ever free. Its consciousness is a transcendence and an all-comprehending unity. Its self-knowledge does not get rid of all the terms of self-knowledge, but unifies and harmonizes all things in God and in the divine nature. The intense religious ecstasy which knows only God and ourselves and shuts out all else, is only to it an intimate experience which prepares it for sharing in the embrace of the divine Love and Delight around all creatures. A heavenly bliss which unites God and ourselves and the blest, but enables us to look with a remote indifference on the unblest and their sufferings is not possible to the perfect soul, for these also are its selves; free individually from suffering and ignorance, it must naturally turn to draw them also towards its freedom. On the other hand, any absorption in the relations between self and others and the world to the exclusion of God and the Beyond is still more impossible, and therefore it cannot be limited by the earth or even by the highest and most altruistic relations of man with man. Its activity or its culmination is not to efface and utterly deny itself for the sake of others, but to fulfil itself in God-possession, freedom and divine bliss that in and by its fulfillment others too may be fulfilled. For it is in God alone, by the possession of the Divine only that all the discords of life can be resolved, and therefore the raising of men towards the Divine is in the end the one effective way of helping mankind. All the other activities and realizations of our self-experience have their use and power, but in the end these crowded side-tracks or these lonely paths must circle round to converge into the wideness of the integral way by which the liberated soul transcends all, embraces all and becomes the promise and the power of the fulfillment of all in their manifested being of the Divine.

SRI AUROBINDO

notre propre accomplissement et qu'ils conservent leur valeur après la libération, ou, plutôt, que c'est après elle seulement qu'ils acquièrent toute leur valeur réelle. Notre expérience de l'existence n'exclut plus les autres existences qui, par nos relations avec elles, composent notre expérience du monde; dans cette nouvelle conscience, elles sont toutes contenues en nous-même et nous en elles. Ce ne sont plus, et nous ne sommes plus, des ego qui s'excluent l'un l'autre, chacun cherchant indépendamment son propre accomplissement ou sa propre transcendance, et ne cherchant rien autre finalement; tous sont l'Éternel, et le moi qui est en chacun embrasse tout en lui-même, secrètement, et cherche de manières diverses à faire apparaître et à réaliser en son être terrestre la vérité supérieure de son unité. Ce n'est pas un exclusivisme mutuel, mais un mutuel "inclusivisme" qui fonde la vérité divine de notre individualité; l'amour est la haute loi, non un accomplissement de soi indépendant.

Le Pourousha, notre être réel, est toujours indépendant et maître de Prakriti, et nous avons raison de rechercher cette indépendance (en fait, c'est l'utilité du mouvement égoïste et de son effort de transcendance de soi), mais ce n'est pas en érigeant en absolu le principe égoïste d'existence indépendante que nous parviendrons à son juste accomplissement, c'est en arrivant à cet autre équilibre, suprême, du Pourousha vis-à-vis de sa Prakriti. Là, nous transcendons la Nature, tout en la possédant, nous accomplissons parfaitement notre individualité, tout en accomplissant parfaitement nos relations avec le monde et avec autrui. Par conséquent, un salut individuel dans les deux au-delà, sans souci de la terre, n'est pas notre objectif le plus haut; la libération des autres et leur accomplissement est tout autant notre affaire (nous pourrions presque dire notre intérêt divin) que notre propre libération. Sinon, notre unité avec les autres n'aurait pas de sens effectif. Conquérir les leurres de l'existence égoïste en ce monde, est notre première victoire sur nous-même; conquérir le leurre du bonheur individuel dans les cieux au-delà, est notre seconde victoire; conquérir le suprême leurre de l'évasion de la vie et d'une béatitude absorbée dans l'infini impersonnel, est la dernière et la plus haute victoire. Alors, nous sommes débarrassés de tout exclusivisme individuel et nous possédons notre liberté spirituelle complète.

L'état de l'âme libérée est l'état même du Pourousha à jamais libre.

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Sa conscience est à la fois une transcendance et une unité qui contient tout. Sa connaissance de soi n'élimine pas tous les termes de la connaissance de soi; elle unifie et harmonise toutes choses en Dieu et dans la nature divine. L'extase religieuse intense qui connaît Dieu seulement et nous-même, et se ferme à tout le reste, n'est pour l'âme libérée qu'une expérience intime qui la prépare à partager l'embrassement de l'Amour divin et de la divine Félicité avec toutes les créatures autour d'elle. Une béatitude céleste qui unit Dieu, nous-même et les élus, et nous fait regarder avec une lointaine indifférence les non-élus et leurs souffrances, n'est pas possible pour l'âme parfaite — ceux-là aussi sont elle-même; libre personnellement de la souffrance et de l'ignorance, elle doit naturellement se tourner vers les autres et les entraîner, eux aussi, vers leur liberté. Mais se laisser absorber par les relations du moi avec les autres et le monde, à l'exclusion de Dieu et de l'Au-delà, est encore moins possible, et, par conséquent, l'âme parfaite ne peut pas se laisser limiter par la terre, ni même par les relations humaines les plus hautes et les plus altruistes. Son action ou son aboutissement ne consiste pas à s'effacer et à se nier totalement pour le bien des autres, mais à s'accomplir elle-même dans la liberté, la béatitude et la possession de Dieu, afin que, dans et par cet accomplissement, les autres aussi puissent s'accomplir. Car c'est en Dieu seul, par la possession du Divin seul que toutes les discordes de la vie peuvent se résoudre; par conséquent, élever les hommes vers le Divin est, finalement, le seul moyen efficace d'aider l'humanité. Toutes les autres activités et toutes les autres réalisations de notre expérience particulière ont leur utilité et leur pouvoir, mais, en fin de compte, ces voies de garage encombrées ou ces chemins solitaires ne font que décrire un cercle pour converger un jour dans les grands espaces de la voie intégrale où l'âme libérée transcende tout, embrasse tout et devient un pouvoir et une promesse d'accomplissement pour tous les hommes dans une manifestation divine de leur être.

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No system indeed by its own force can bring about the change that humanity really needs; for that can only come by its growth into the firmly realised possibilities of its own higher nature, and this growth depends on an inner and not an outer change. But outer changes may at least prepare favourable conditions for that more real amelioration,—or, on the contrary, they may lead to such conditions that the sword of Kali can alone purify the earth from the burden of an obstinately Asuric humanity. The choice lies with the race itself; for as it sows, so shall it reap the fruit of its Karma.

— Sri Aurobindo

En vérité, aucun système ne peut, par ses propres moyens, effectuer le changement dont l'humanité a réellement besoin; ce changement ne peut se produire que si l'homme développe et réalise fermement les possibilités de sa propre nature supérieure. Et ce développement dépend d'un changement intérieur et non extérieur. Cependant, les changements extérieurs peuvent préparer des conditions favorables à cette amélioration plus réelle; ou, au contraire, ils peuvent amener des conditions telles que seule l'épée de Kali pourra purifier la terre du fardeau d'une humanité obstinément asourique. C'est de l'espèce elle-même que dépend le choix, car selon qu'elle sème, elle récoltera le fruit de son Karma.

—Sri Aurobindo

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Entretiens

 

8 février 1951

Mère continue la lecture des "Entretiens suivis de Quelques Paroles" (ch. Il).

..."L'être extérieur est comme une écorce. Chez les gens ordinaires l'écorce est si dure et si épaisse qu'ils ne sont point conscients du Divin au-dedans d'eux. Mais si, fût-ce un moment, l'être intérieur s'est éveillé et a dit : 'Je suis ici et je t'appartiens', c'est comme si un pont était construit, et, petit à petit, V écorce s'amincit, jusqu'au jour où les deux parties sont complètement jointes et où l'être interne et l'être externe ne font plus qu'un."

AVEZ-VOUS jamais songé à faire l'unification de votre être ? Avez-vous été gêné, parfois, de voir que tantôt vous êtes une personne et tantôt une autre, tantôt vous voulez faire une chose et tantôt vous ne pouvez pas la faire, que vous vous trouvez en face d'une individualité que vous pouvez appeler "vous-même" et qu'en même temps il y a beaucoup de parties de cette individualité qui vous échappent ?

Je n'ai pas tenté l'unification des différentes personnalités qui peuvent se trouver en moi, mais j'ai essayé de les mettre l'une en face de l'autre, les bonnes en face des mauvaises, et je n'ai jamais trouvé dans les bonnes un dynamisme suffisant pour lutter contre les mauvaises.

Vous n'avez jamais pensé que votre jugement de ce qui est "bon" et "mauvais" était un jugement purement humain? et que cela ne s'accordait pas forcément avec le jugement de la Présence divine au-dedans de vous? Les choses "mauvaises" dont vous n'arriviez pas à vous

Questions and Answers

 

February 8, 1951

Mother continues reading "Words of the Mother " (Chap. II.)

..."The external being is like a shell. In ordinary people the shell is so hard and thick that they are not conscious at all of the Divine within them. But-if even for a moment the inner being is awakened and says, 'I am here and I belong to Thee', it is as it were a bridge is built and little by little the shell thins out until a day comes when the two parts are wholly joined together, when the inner and the outer being are but one."

HAVE you ever thought of unifying your being ? Have you ever been uneasy seeing that at one time you are one person, at another time another person, at one time you want to do one thing, at another time you cannot do it, that you are facing an individuality which you can call yourself and yet at the same time there are many parts of this individuality that escape you ?

I have never attempted the unification of the different personalities that may be in me, but I have tried to put them facing each other, the good before the bad and I never found in the good a sufficient dynamism to fight against the bad.

Have you never thought that your judgment of what is "good" and what is "bad" might be a purely human judgment ? And that might not necessarily agree with the judgment of the divine presence within you ? The "bad" things which you could not get rid of were probably things that were not in their place, that are not properly balanced, and it would

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débarrasser étaient probablement des choses pas à leur place, qui n'étaient pas équilibrées comme il faut, et ce serait très dommage si elles étaient éliminées parce que, probablement, une partie de votre énergie et de votre présence divine disparaîtrait en même temps. Les gens qui ne font pas le yoga sous la direction d'un guide, se servent des notions morales ordinaires et, parfois, ils se sentent très embarrassés, parce que, dans leur bonne volonté, ils n'arrivent pas au résultat espéré, c'est parce que, généralement, ils veulent approuver leur être au lieu de le transformer, et que les notions morales sont très mauvaises. Dans ce travail d'unification de l'être, il faudrait avoir une imagination suffisante pour pouvoir présenter les mouvements que l'on a, les mouvements que l'on désire conserver en soi, les présenter à ce que vous pouvez imaginer de plus approchant de la Présence divine; naturellement, tout d'abord ce n'est qu'une imagination assez loin de la vérité, mais qui doit aider à vous sortir un peu de l'étroitesse morale et aussi des limitations de votre conscience. Par exemple, vous avez l'idée de présenter ce que vous êtes et ce que vous faites à une conscience qui est à la fois infinie et éternelle. Ces deux mots ne sont peut-être pas très pleins de sens tout d'abord, mais ils vous obligent à briser les limites et à vous mettre en face de quelque chose qui vous dépasse tellement de tous les côtés, que le jugement ne peut pas être le même que celui d'une mentalité humaine. Il faut absolument commencer comme cela. Si vous essayez de vous analyser selon les principes moraux, vous pouvez être sûr d'aller à l'encontre du plan divin. Ce n'est pas que le Divin soit amoral, notez, mais ce n'est pas un genre de moralité que l'humanité comprenne du tout, ce n'est pas la même.

(Mère poursuit sa lecture)..."L'ambition a été la perte de bien des yoguîs... On raconte l'histoire d'un yoguî qui avait acquis des pouvoirs merveilleux. Un jour, il fut invité par un de ses disciples à un grand festin. Le repas était servi sur une longue table basse. Les disciples insistèrent auprès de leur maître pour qu'il leur fasse voir son pouvoir d'une façon quelconque. Il savait que cela ne devait pas se faire, mais la graine de l'ambition n'était pas entièrement extirpée de sa conscience, et il pensa : ''Après tout, la chose est bien innocente; elle leur donnera une preuve que de semblables

be a great pity if they were eliminated, because perhaps a part of your energy and of your divine presence would disappear at the same time. People who do not do yoga under the direction of a guide follow ordinary moral notions and at times they are very much embarrassed, because with all their good will they do not succeed in getting the expected result; that is because they generally wish to justify their being instead of transforming it and because moral notions are very bad. In the work of unification of the being, you must have imagination enough to be able to place the movements that you have, the movements that you wish to keep in you, place them before what you are capable of imagining as the nearest approach to the divine Presence. Naturally at the outset it is only an imagination very far from the truth, but it would help you to come out a little of moral narrowness and also the limitations of your consciousness. For example, you have the idea of putting what you are and what you do before the consciousness which 'is infinite and eternal at the same time. These two words have not perhaps their full meaning at the beginning, but they compel you to break the limits and put you in front of something that surpasses you so much in all directions that its judgment cannot be the same as the judgment of a human mentality. One must absolutely begin like that. If you try to analyze yourself according to moral principles, you may be sure that you are going contrary to the divine plan. Not that the Divine is amoral, note please, but it is not a kind of morality that mankind understands, it is not at all the same thing.

(Mother continues her reading.')..."Ambition has been the undoing of many a yogi. ...A story is told of a Yogi who had attained wonderful powers. One day he was invited by his disciples to a big feast. The food was served on a long low table. The disciples pressed their master to show his power in some way. He knew he should not, but the seed of ambition was there in him not altogether rooted out from his consciousness, and he thought, ''After all, it is a very innocent thing and it will prove to them that such things are possible and increase their respect for the greatness of God'. So he told his disciples, 'Take away the table, without touching the tablecloth nor what is here upon if. The disciples protested, 'that is

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faits sont possibles et augmentera leur respect pour la grandeur de Dieu'. Ainsi, il dit aux disciples : 'Enlevez la table sans toucher . à la nappe ni à ce qui se trouve dessus'. Les disciples protestèrent : 'Mais c'est impossible, tout va tomber /' 'Faites', insista le maître. La table fut retirée et le miracle se produisit : la nappe resta suspendue en l'air portant toute la vaisselle du dîner comme si la table la soutenait encore. Les disciples s'émerveillaient., mais soudain le maître se dressa et s'enfuit de la salle du festin en criant: 'Plus jamais, plus jamais je n'aurai de disciples ! Malheur à moi, j'ai trahi mon Dieu!' "

C'est une tentation que tout instructeur rencontre à chaque pas, pour une raison très simple, c'est que l'humanité ordinaire, d'une façon générale, n'étant pas en rapport personnel avec les puissances divines, ne comprend rien à ce que peut être une conscience illuminée et demande des preuves matérielles. C'est sur cette volonté que la plupart des religions se sont établies, et, pour des raisons que je peux très franchement appeler "politiques", ils ont mis à l'origine de leur religion un nombre plus ou moins considérable de miracles qui auraient été faits par les fondateurs, et ils ont ainsi, plus ou moins grossièrement, encouragé chez les gens ignorants le goût, la nécessité de voir ce qu'ils appellent des "miracles" pour croire à la puissance divine de quelqu'un. C'est d'une extraordinaire ignorance, parce qu'il n'est pas du tout nécessaire d'avoir une puissance ou une conscience divine pour faire des miracles. Il est infiniment plus facile de faire des miracles à l'aide de petites entités du monde vital, qui sont assez matérielles pour être en contact avec le monde physique et agir sur lui, que de vivre dans la conscience des régions supérieures et d'agir sur la Nature seulement par l'intermédiaire de tous les autres domaines. On a rabâché à toutes les intelligences humaines que la preuve qu'un être est divin, c'est qu'il peut ressusciter les morts, guérir les malades et beaucoup d'autres choses du même genre (sauf rendre intelligent un sot)1. Eh bien, moi, je garantis que ce n'est pas une preuve;

1 "C'est une histoire musulmane, je crois. Comme on racontait que Jésus avait ressuscité des morts, guéri des malades, fait parler des muets, donné la vue aux aveugles, on lui amena, un jour, un sot pour qu'il le rende intelligent — et Jésus s'est enfui ! "Pourquoi vous êtes-vous enfui ?" lui demanda t-on. "Je peux tout faire, répondit-il, sauf donner l'intelligence à un sot,"

impossible, everything will fall down'. 'Do it', the master insisted. The table was removed and the miracle happened: the tablecloth remained suspended in the air bearing all the dinner utensils as if the table was holding them still. The disciples wondered. But all on a sudden the Master jumped up and rushed out screaming, 'Never more shall I have disciples! Woe to me ! I have betrayed my God /'"

It is a temptation that every teacher meets at each step, for a very simple reason. Because ordinary humanity in a general way, not being in personal relation with the divine powers, one does not understand what may be an illumined consciousness and asks for material proofs. It is on this demand that most religions are established and for reasons that I may openly call "political", they have put at the origin of their religion a more or less considerable number of miracles as having been done by the founders, and they have thus more or less crudely encouraged among ignorant people the taste, the necessity for seeing what they call miracles in order to believe in the divine power of anyone. It is an extraordinary ignorance, because it is not at all necessary to have a divine power or consciousness to do miracles. It is infinitely more easy to do miracles with the help of small entities of the vital world who are material enough to be in touch with the physical world and act on it, than to live in the consciousness of the higher regions and to work upon Nature only through the intermediary of all other domains. It has been repeated over and over again to all human intelligence that the proof of a being divine is that he can revive the dead, cure maladies, and do many other things of the same kind (except making a fool wise)1. Well, I guarantee that it is not a proof, it proves only one thing that these "Masters" are in relation with the powers of the vital world and with the help of such beings they can do those miracles and nothing else. And if one relies upon that to recognize the superiority of a man, one would make a gross blunder. Naturally, there are other religions that are established on revelations made to their founders. These revelations are more or less

1 It is a Mohammedan story, I believe. As it was said that Jesus brought dead people to life) cured the sick, made the dumb speak, gave sight to the blind, so one day an idiot was brought to him, so that he may make him intelligent—and Jesus ran away ! "Why do you run away ?" he was asked; "I can do everything," he answered, "except giving intelligence to an idiot".

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cela ne prouve qu'une chose, que ces "Maîtres" sont en relation avec des puissances du monde vital et qu'à l'aide de ces êtres-là ils peuvent faire ces miracles-là, et rien d'autre. Si l'on se fie à cela pour reconnaître la supériorité d'un homme, on se trompera grossièrement. Naturellement, il y a d'autres religions qui se sont établies sur des révélations faites à leurs fondateurs. Ces révélations sont la transcription mentale, plus ou moins heureuse, des connaissances qu'ils ont reçues. C'est déjà d'un ordre supérieur, mais ce n'est pas encore une preuve. Et ma conclusion est celle-ci : cette volonté humaine d'avoir des preuves n'est pas du tout favorable au développement. Parce que la vraie puissance divine a organisé le monde selon un certain plan, et dans ce plan il n'était pas question que les choses se passent d'une façon illogique; autrement, dès le commencement, le monde aurait été illogique — il ne l'est pas. Les hommes s'imaginent, pour la plupart, de deux choses l'une, ou bien qu'il y a un monde matériel auquel ils appartiennent, que tout vient de là, que tout y retourne et que tout finit là — c'est pour les incroyants — ou bien, pour les croyants, la plupart des croyants, qu'il y a quelque chose qu'ils appellent "Dieu" et puis le monde physique, et que ce monde physique est la création de ce Dieu, qui sait ce qu'il fait et fait ce qu'il veut; et la confusion est de dire que tout se passe par une sorte d'arbitraire, naturel ou surnaturel. Il y a très peu de gens qui savent qu'il existe dans l'univers une quantité infinie de gradations et que chacune de ces gradations a sa réalité propre, sa vie propre, sa loi propre, son déterminisme propre, et que la création ne s'est pas passée "comme ça", par une volonté arbitraire, d'une façon arbitraire, mais que c'est un déploiement de conscience et que chaque chose a évolué comme un résultat logique de la chose précédente. Je vous dis cela aussi simplement que je le peux, n'est-ce pas, c'est une expression très incomplète, mais si je voulais vous dire l'histoire exactement comme elle est, ce serait un peu difficile à vous faire comprendre. Seulement ma conclusion, je veux que vous la sachiez (j'en ai déjà parlé plusieurs fois, d'une façon plus ou moins détaillée) c'est que chacune de ces innombrables régions possède un déterminisme propre et très logique — tout se produit de cause à effet —, mais tous ces mondes, bien que différenciés, ne sont pas séparés les uns des autres et, par de nombreux procédés que nous pourrons étudier, les mondes intérieurs ou -supérieurs sont en contact constant avec les mondes inférieurs

happy mental transcriptions of the knowledge they received. This is already of a higher order, but even that is not a proof. So my conclusion is this : the human demand for proofs is not at all favorable to growth. Because the true divine power has organized the world according to a plan and in this plan there was no question of things happening in an illogical way; otherwise from the very beginning the world would have been illogical and it is not so. Men imagine for the most part one of two things, either that there is a material world to which they belong, all comes from there, all returns there, all ends there—it is so to the unbelievers—or that, as it is to the believers, to most of them, there is something which they call "God" and then the physical world and that this physical world is the creation of God who knows what he does or does what he wants; and the confusion comes when one says that everything happens by a kind of arbitrariness, natural or supernatural. There are very few people who know that there' exists in the universe an infinite number of gradations and that each one of these gradations has its own reality, its own life, its own law, its own determinism and that the creation did not happen "like that", by an arbitrary will, in an arbitrary way but it is an unfolding of the consciousness and each thing has evolved as a logical result of the preceding thing. I say it as simply as I can and it is a very incomplete expression, but if I wanted to tell you the story exactly as it is, it would be difficult to make you understand. Only my conclusion I would like you to know (I have spoken of it several times, more or less in detail), it is this : each one of these numberless regions has its own and a very logical determinism—each thing is produced from cause to effect; but all these worlds, although differentiated are not separate from each other, and by numerous processes which we may study, the inner or higher worlds are in constant contact with the lower or external worlds and act on these so much so that the determinism of the former changes the determinism of the latter. If you take the purely material domain, for example, and if you notice that the material laws, the purely material laws are altered by something all on a sudden, you ought to say that it was a miracle, because there is a rupture of the determinism of one plane by the intervention of another, but usually we do not call it a miracle. For example, when the human will intervenes and changes something, that seems to you quite natural,

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ou extérieurs et agissent sur eux, si bien que le déterminisme de l'un change le déterminisme de l'autre. Si vous prenez le domaine purement matériel, par exemple, et que vous vous aperceviez que les lois matérielles, purement matérielles, sont altérées par quelque chose tout d'un coup, vous devriez dire que c'est un "miracle", parce qu'il y a rupture du déterminisme d'un plan par l'intervention d'un autre, mais nous n'avons pas l'habitude d'appeler cela un miracle. Par exemple, quand la volonté humaine intervient et change quelque chose, cela vous paraît tout à fait naturel, parce que vous y êtes habitué depuis votre enfance; vous vous rappelez, n'est-ce pas, l'exemple que je vous ai donné l'autre jour : une pierre tombe en suivant la loi de son déterminisme propre, mais vous avez la volonté d'interrompre sa chute et vous étendez la main et vous l'attrapez; eh bien, vous devriez appeler cela un "miracle", mais vous ne le faites pas parce que vous y êtes habitué (mais un rat ou un chien appelleraient peut-être cela un miracle, s'ils parlaient). Et notez que c'est la même chose pour ce que les gens appellent "miracle"; ils disent "miracle" parce qu'ils sont tout à fait ignorants, inconscients des gradations entre la volonté qui veut s'exprimer et le plan sur lequel elle s'exprime. Quand ils ont une volonté mentale ou vitale, cela leur paraît tout à fait naturel, mais quand il s'agit d'une volonté d'un monde supérieur — du monde des dieux ou d'une entité supérieure — qui tout d'un coup bouleverse toute votre petite organisation, cela vous paraît un miracle. Mais c'est un miracle seulement parce que vous êtes incapable de suivre les gradations par lesquelles le phénomène s'est produit. Par conséquent, la Volonté Suprême, celle qui provient de la région la plus haute, si vous la voyiez dans son action logique, si vous l'aperceviez continuellement, elle serait pour vous tout à fait naturelle. Vous pouvez exprimer cela de deux façons, ou bien dire : "C'est tout à fait naturel, c'est comme cela que les choses doivent se passer, ce n'est qu'une expression de la Volonté divine" ou bien, chaque fois que vous voyez sur le plan matériel une intervention venant d'un autre plan, vous devriez dire : "C'est miraculeux". Donc, je peux dire avec assurance que les gens qui veulent voir des miracles, sont des gens qui chérissent leur ignorance ! Vous comprenez ma logique, n'est-ce pas ? Ces gens-là aiment leur ignorance, ils veulent absolument voir des miracles et être ahuris ! Et c'est pourquoi les gens qui ont fait sérieusement un yoga, considèrent que d'encourager

because you are accustomed to it from your childhood, a stone falls according to the law of its own determinism, but you have the will to interrupt its fall, you stretch you hand and you catch it. Well, you ought to call it a miracle, but you do not do so, because you are accustomed to it (but a rat or a dog would perhaps call it a miracle if they could speak). Note that it is the same with regard to what people call a "miracle"; they say "miracle" because they are absolutely ignorant, unaware of the gradations between the will that wants to express itself and the plane on which it expresses itself. When they have a mental or a vital will, the thing appears quite natural to them, but when it concerns the will of a higher world—the world of the gods or of a higher entity—which all on a sudden upsets your little organisation that appears to you as a miracle. But it is a miracle simply because you are unable to follow the gradations by which the phenomenon came to pass. Therefore the Supreme Will, that which comes from the very highest region, if you saw it in its logical action, if you were aware of it continually, it would seem to you altogether natural. You can explain the thing in two ways, either to say, "It is quite natural, it is like that that things must happen, it is only an expression of the divine Will", or that each time that you see on the material plane an intervention coming from another plane, you must say, "it is miraculous !". So I may say with certainty that people who want to see miracles are-people who cherish their ignorance ! You understand my logic, do you not ? Such people love their ignorance, they want absolutely to see miracles and be astounded ! Therefore people who have done yoga seriously consider it altogether harmful to encourage this tendency, that is why it is forbidden.

There is miracle, because you do not give people the time to see the procedure by which you do things, you do not show them the steps. Thus some persons have reached the higher mental regions and do not need to follow step by step all the gradations of thought; they can jump off from one idea to a far distant consequence without passing through the intermediaries; it is usually called intuition (it is not altogether an intuition, it means that the idea is at a great height at its origin and from there these persons can see while descending the whole totality of things and consequences without passing through all the gradations as ordinary human thought is obliged to do). It is an experience I have had. When  

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cette tendance est tout à fait funeste; c'est pour cela que c'est défendu.

Il y a "miracle" parce que vous ne laissez pas aux gens le temps de voir les procédés par lesquels vous faites les choses, vous ne leur montrez pas les étapes. Ainsi, certaines personnes ont atteint des régions mentales supérieures et n'ont pas besoin de suivre pas à pas tous les échelons de la pensée; ils peuvent sauter d'une idée à une conséquence très éloignée sans passer par les intermédiaires : on appelle cela d'ordinaire une intuition (ce n'est pas tout à fait une "intuition"; c'est que l'idée, à l'origine, est très élevée et de là ces personnes peuvent, en descendant, voir l'ensemble des choses et des conséquences sans passer par tous les échelons comme est obligée de le faire la pensée humaine ordinaire). C'est une expérience que j'ai eue; quand je parlais avec Sri Aurobindo, jamais nous n'avions besoin de passer par les idées intermédiaires, il disait une chose et je voyais le résultat très éloigné; nous parlions toujours comme cela, et une personne qui aurait été présente à nos conversations aurait dit : "Mais de quoi parlent-ils !" Mais pour nous, n'est-ce pas, c'était aussi clair qu'une phrase continue. Vous pouvez appeler cela un miracle mental — ce n'était pas un miracle, c'était simplement que Sri Aurobindo avait la vision de l'ensemble du phénomène mental et que, par conséquent, nous n'avions pas besoin de perdre un temps énorme à passer par tous les échelons. Pour toute personne capable de suivre la ligne, la chose aurait été tout à fait naturelle et logique; pour les gens ignorants, c'est un "miracle".

..."On doit s'en. servir (des pouvoirs) comme on les a reçus. C'est l'union avec le Divin qui les donne. C'est au service de la volonté divine qu'ils doivent être mis, et non à celui d'une vanité plus ou moins déguisée"

Si l'on se sert du pouvoir pour montrer qu'on le possède, il devient si plein de fausseté et de mensonge que finalement il disparaît. Mais ce n'est pas un cas tout à fait absolu, parce que, comme je l'ai dit au commencement, quand il s'agit d'un pouvoir comme le pouvoir de guérir, ou de changer une chose tout à fait extérieure — faire qu'une circonstance défavorable devienne une circonstance favorable, retrouver des objets perdus, tous ces petits "miracles" innombrables que l'on trouve dans

I used to speak with Sri Aurobindo, we had never the need to go through intermediary ideas; he said one thing and I saw the far off result. We used to talk always like that, and a person happening to be present at our conversations would have said, "What are they talking of!" But for us it was as clear as a continuous phrase. You might call that a mental miracle—it was not a miracle, it was simply this that Sri Aurobindo had the vision of the totality of mental phenomena and therefore we had no need to lose considerable time in going through all the gradations. For any person capable of following the line, the thing would have been quite natural and logical; for ignorant people it was "miracle".

..."One must use them as one received them. It is the union with the Divine that gives them. It is at the service of the divine will that they must be placed and not in the service of a more, or less disguised vanity."

If you use power to show that you possess it, it gets so full of falsehood and untruth that it disappears in the end. But it is not an absolute truth, because as I have said at the beginning, when it is a power like the power of healing or the power of changing an altogether external thing —of making an unfavorable circumstance a favorable one, of finding out a lost object, all these countless little "miracles" which you find in . all religions—it is much more easy and even more effective to do them with the help of the entities of the vital world which are not always recommendable, far from it; then in that case these beings make fun of you. That begins very well, very brilliantly and finishes very badly.

I know the story of a man who had just a few faculties and indulged in all kinds of practices called "spiritualist", and through constant exercise had succeeded in coming in conscious contact with what he called "a spirit". This man was doing business; he was a financier and was doing even speculation. His relations with his spirit were of a very practical kind. The spirit used to tell him when the stock shares would go up and when they would come down. He told him, "Sell this", "Buy that"—he gave him very exact financial information. During years he had been listening to his spirit and followed him and had succeeded in a fantastic

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toutes les religions — il est beaucoup plus facile, et même plus efficace, de les faire à l'aide des entités du monde vital, qui ne sont pas toujours recommandables, loin de là, alors, dans ce cas, ces êtres-là s'amusent de vous. Cela commence très bien, très brillamment, et cela finit généralement très mal.

Je connais l'histoire d'un homme qui avait quelques petites facultés, qui se livrait à toutes sortes de pratiques dites "spiritualistes", et, par des exercices répétés, il était arrivé à entrer en contact conscient avec ce qu'il appelait "un esprit". Cet homme faisait des affaires, c'était un financier et il faisait même de la spéculation. Ses relations avec son "esprit" étaient d'un ordre tout à fait pratique ! cet esprit lui disait quand les valeurs allaient monter et quand elles allaient descendre; il lui disait : "Vends ça", "achète ça" — il lui donnait des renseignements financiers très précis. Pendant des années il avait écouté son ''esprit" et l'avait suivi, et il avait réussi d'une façon fantastique, il était devenu formidablement riche et, naturellement, vantait beaucoup l'esprit qui le "guidait". Il disait à tout le monde : "Vous voyez, cela vaut vraiment la peine d'apprendre à se mettre en contact avec les esprits". Mais un jour, il rencontra un homme un peu plus sage qui lui a dit : "Méfiez-vous". Il ne l'écouta pas, il était gonflé de son pouvoir et de son ambition; et voilà que son "esprit" lui a donné un dernier conseil : "Maintenant, tu peux devenir l'homme le plus riche du monde. Ton ambition sera satisfaite. Tu n'as qu'à suivre mon indication. Fais cela : tu engages tout ce que tu as dans cette opération et tu deviendras l'homme le plus riche du monde." Cet imbécile ne s'apercevait même pas du piège qu'on lui tendait; pendant des années il avait suivi son "guide" et avait réussi, donc, il suivait cette dernière indication; et il a tout perdu, jusqu'à son dernier sou.

Alors vous voyez, ce sont de petites entités qui s'amusent de vous et, pour être sûres de vous, elles vous livrent ces petits miracles-là, pour vous encourager, et quand elles sentent que vous êtes bien pris, elles vous font une bonne farce — et c'est fini. Voilà.

Nous avons dit qu'il n'y a qu'une sécurité, ne jamais agir qu'en accord avec la volonté divine. Reste une question : comment savoir que c'est la volonté divine qui vous fait agir ? J'ai répondu à la personne qui me posait cette question (quoiqu'elle ne fût pas d'accord) que la voix du Divin n'est pas difficile à distinguer : on ne peut pas se tromper. Il n'est

manner. He became tremendously rich and naturally boasted about his spirit that "guided" him. He was telling everybody, "Look, it is really worth the trouble to learn how to put oneself in contact with these spirits". But one day he met a man who was a little wiser and told him, "Take care". He did not listen, he was swollen with his power and his ambition. And now his "spirit" gave him a last advice, "Now you may become the richest man of the world. Your ambition will be fulfilled. You have only to follow my direction. Do that: you throw in all that you have into this operation and you will become the richest man of the world." The stupid fool did not even perceive that it was a trap spread for him : during years he had followed his "guide" and succeeded, therefore, he followed the last direction and he lost everything, to the last penny.

So you see these are small entities who make fun of you, and to make sure of you they give you these little miracles, just to encourage you, and when they feel that you are wholly trapped, they play a fine trick upon you and it is all over.

We have said that there is only one safety, never to act but in conformity with the divine Will. There remains one question : how to know that it is the divine Will that makes you act. I answered the person who put me the question (although the person did not agree with me), the voice of the Divine is not difficult to distinguish, one cannot make a mistake. You need not be very far on the way to be able to. recognize it, you must listen to the calm and quiet little voice that speaks in the silence of your heart.

I forgot one thing; to hear it, you must be absolutely sincere, for if you are not sincere, you will begin by deceiving yourself, you will hear nothing at all but the voice of your ego and you will do with assurance (thinking that it is the true small voice) the most horrible stupidities. But if you are sincere, the way is sure. It is not even a voice, not even a sensation, it is something extremely subtle—just a little indication. When everything goes well, that is to say, when you do nothing contrary to the divine Will, you will not have perhaps any definite impression, everything will seem to you normal. Of course, you must be eager to know whether you are acting in accordance with the divine will, that is the first point naturally without which you can know nothing. But

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pas nécessaire d'être très loin sur le sentier pour pouvoir la reconnaître, il faut écouter la petite voix tranquille et paisible qui parle dans le silence de votre cœur.

J'ai oublié une chose : pour l'entendre, il faut être absolument sincère, car si vous n'êtes pas sincère, vous commencerez par vous tromper vous-même et vous n'entendrez rien du tout, sauf la voix de votre ego, et alors vous ferez avec certitude (pensant que c'est la petite voix vraie) les bêtises les plus épouvantables. Mais si l'on est sincère, le moyen est sûr. Ce n'est même pas une voix, ce n'est même pas une sensation, c'est quelque chose d'extrêmement subtil — une petite indication. Quand tout marche bien, c'est-à-dire quand vous ne faites rien qui soit contraire à la volonté divine, vous n'aurez peut-être pas d'impression très définie, tout vous paraîtra normal. Évidemment, il faut être anxieux de savoir si vous agissez en accord avec la volonté divine, c'est le premier point, n'est-ce pas, sans lequel vous ne pouvez rien savoir du tout. Mais une fois que vous êtes anxieux et que vous faites attention, tout vous semble normal, naturel, puis, tout d'un coup, vous sentez un petit malaise quelque part, dans la tête, dans le cœur ou même dans l'estomac — généralement, on ne s'en occupe pas; vous pouvez éprouver cela plusieurs fois pendant la journée, mais vous le rejetez sans y faire attention; mais ce n'est plus tout à fait comme avant; alors, à ce moment-là, il faut vous arrêter, quoi que vous fassiez, et regarder, et si vous êtes sincère vous remarquerez une petite tache noire (une petite idée méchante, un petit mouvement faux, une petite décision arbitraire) et c'est là la source du malaise. Vous remarquerez ensuite que la petite tache noire vient de l'ego, qui est plein de préférences; il fait généralement ce qui lui fait plaisir; les choses qui lui font plaisir sont jugées bonnes et celles qui ne lui plaisent pas sont jugées mauvaises — cela vous embrouille le jugement. Il est difficile de juger dans ces conditions-là. Si vous voulez vraiment savoir, il faut vous reculer d'un pas et regarder, et vous saurez alors que c'est ce petit mouvement de l'ego qui est la cause du malaise. Vous verrez que c'est une petite chose recroquevillée sur elle-même; vous aurez l'impression d'être en face de quelque chose de dur, qui résiste, ou qui est noir. Alors, avec patience, du haut de votre conscience, il faut expliquer à cette chose sa faute, et finalement elle disparaîtra. Je ne dis pas que l'on réussisse tout de suite le premier jour, mais si l'on essaie sincèrement, on finit

once you are eager and you pay attention, everything seems to you normal, natural, then all on a sudden, you feel a little uneasiness somewhere, in the head, in the heart, even in the stomach—generally you do not pay attention to it. You may feel several times in the course of the day, and reject it without paying any attention to it. But it is not quite as before, then at that moment you must stop whatever you might be doing, look, and if you are sincere, you will notice a small black spot (a small wicked idea, a small false movement, a small arbitrary decision) and there lies the source of the uneasiness. You will notice then that the small black spot comes from the ego, which is full of preferences, generally it does what it likes and the things that it likes are judged good and those that it does not like are judged bad—that confuses your judgment. It is difficult to judge under those conditions. If you truly want to know, you must draw back a step and look and you will know then that it is this small movement of the ego which is the cause of' the uneasiness. You will see that it is a tiny thing turned back upon itself, you will have the. impression that you are in front of something hard that resists or that is black. Then with patience, from the height of your consciousness, you must explain to the thing its mistake and in the end it will disappear. I do not say that you will succeed all at once the very first day, but if you try sincerely, you will always end by succeeding. And if you persevere, you will notice that you are all on a sudden rid of a mass of meanness and ugliness and obscurity that was preventing you from expanding in the light. It is those things that make you shrink, prevent you from widening yourself, spreading in the light where you have the impression that you are very comfortable. If you make this effort, you will see finally that you are very far from the point where you had begun and things that you were not feeling, not understanding have become clear. If you are resolute, you are sure to succeed.

This is the first step towards unifying yourself, becoming a conscious being that has a central will and that acts according to this will, that will become a constant expression of the divine will, that is worth trying for.

And I may tell you from my personal experience that there is nothing in the world more interesting. If you begin making this effort you will find that your life is full of interest—in the life of ordinary people, at least a third of it is a kind of dull boredom (I say a third, but for some two

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toujours par réussir. Et si vous persévérez, vous vous apercevrez que vous êtes tout d'un coup débarrassé de tout un tas de mesquineries, de laideurs, d'obscurités qui vous empêchaient de vous épanouir dans la lumière. Ce sont ces choses-là qui vous recroquevillent, qui vous empêchent de vous élargir, de vous épanouir dans une lumière où l'on a l'impression d'être très confortable. Si vous faites cet effort, vous verrez finalement que vous êtes très loin du point où vous aviez commencé, que les choses que vous ne sentiez pas, que vous ne compreniez pas, sont devenues claires. Si l'on est résolu, on est sûr d'arriver.

C'est le premier pas pour unifier votre être, devenir un être conscient qui a une volonté centrale et qui n'agit que selon cette volonté, qui sera une expression constante de la volonté divine. Cela vaut la peine d'essayer.

Et je puis vous dire, avec mon expérience personnelle, qu'il n'y a rien au monde de plus intéressant. Si vous commencez à faire cet effort, vous vous apercevrez que votre vie est pleine d'intérêt — n'est-ce pas, dans la vie ordinaire des gens, il y a au moins un tiers qui est une espèce de terne ennui (je dis un tiers, mais pour certaines gens deux tiers de la journée sont d'un terne ennui), et tout cela, volatilisé ! Tout devient tellement intéressant, la moindre petite chose, la moindre rencontre, la moindre parole échangée, la moindre chose déplacée — tout est plein de vie et d'intérêt.

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10 février 1951

"Si vous êtes prêt à suivre Tordre du Divin, vous devez être capable de vous mettre tranquillement à n'importe quel travail que Von vous donne, même s'il est formidable, et de l'abandonner le jour suivant avec la même tranquillité, sans croire que la responsabilité soit vôtre. Il ne doit y avoir aucun attachement à aucun objet ni à aucun mode de vie. Vous devez être absolument libre."

(Entretiens suivis de Quelques Paroles, p. 18)

Je voudrais que quelqu'un me dise ce qu'il comprend par "être

thirds of the day are a dull boredom), and all that gets volatilized! Every thing becomes so interesting, the least tiny thing, the least meeting, the least exchange of words, the least displacement of a thing—all is full of life and interest.

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February 10, 1951

"If you are ready to follow the Diviners order', you must be able to take up whatever work you are given., even a stupendous work, and leave it the next day with the same quietness with which you took it up and not feel that the responsibility is yours. There should he no attachment—to any object or any mode of life. You must he absolutely free" (Words of the Mother, p. 17)

I would like someone to tell me what he understands by "be absolutely free", for it is a very important question. I am going to say why.

Most people confuse freedom and license. For the ordinary mind to be free means the possibility of doing any and every stupidity that one likes without anybody intervening. I say one must be absolutely free, but it is a very dangerous advice unless one agrees on the meaning of the words. Free from what ?—free from attachments, evidently. It is exactly that. It is the story of the Buddha1 who answers to the young man expert in all the arts, "I am an expert in the art of self-control. If men congratulate me or praise me, it leaves me tranquil and indifferent. If they blame me, that also leaves me equally tranquil and indifferent".

Try then to question yourself to see in what measure you are above all blame and compliment. Not that you must feel so superior to others that what they say seems to you of no importance, it is not that. It is this that you have become aware of the general state of ignorance, including yours and when others believe that all is well, you are able to say, "It is

1 Tales of all time by the Mother

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absolument libre", car c'est une question très importante. Je vais vous dire pourquoi.

La plupart des gens confondent la liberté et la licence. Être libre, pour la mentalité ordinaire, c'est avoir la possibilité de faire toutes les bêtises que l'on veut, sans que personne intervienne. Je dis qu'il faut être "absolument libre", mais c'est un conseil très dangereux à moins que l'on ne s'entende sur le sens des mots. Libre de quoi? — libre d'attachements, évidemment. C'est exactement cela. C'est l'histoire1 du Bouddha, qui répond au jeune homme expert dans tous les arts : "Je suis un expert dans l'art de me contrôler moi-même. Si les gens me complimentent ou me félicitent, cela me laisse paisible et indifférent. S'ils me blâment, cela me laisse également paisible et indifférent".

Essayez donc de vous interroger vous-même pour voir dans quelle mesure vous êtes au-dessus de tout blâme et de tout compliment. Non pas que vous deviez vous sentir si supérieur aux autres que ce qu'ils disent vous paraisse sans importance, ce n'est pas cela. C'est que vous avez pris conscience de l'état d'ignorance générale, y compris la vôtre, et quand les autres croient que c'est bien, vous pouvez savoir : "Ce n'est pas si bien que cela", et quand ils croient que c'est mal, vous pouvez dire : "Ce n'est pas si mal que cela". Tout est complètement mélangé et, en somme, personne n'est capable de juger personne. Par conséquent, vous êtes complètement indifférent à tout compliment et à tout blâme. Et la conclusion serait ainsi : tant que la conscience divine en moi ou en celui ou celle que j'ai choisi pour gourou, ne me dit pas "ceci est à faire", "ceci n'est pas à faire", je suis indifférent à ce que les autres peuvent me dire. Car je considère que la présence divine en celle ou celui à qui je me suis confié est capable de savoir ce qui est bien et ce qui est mal, ce qu'il faut faire et ce qu'il ne faut pas faire.

Et c'est la meilleure façon d'être libre. Faites votre soumission totale au Divin et vous devenez complètement libre.

La seule façon d'être véritablement libre est de faire votre soumission totale et sans réserve au Divin parce que, alors, tout ce qui attache, lie et enchaîne tombe tout naturellement de vous et n'a plus aucune espèce d'importance. Si quelqu'un vient vous blâmer, vous pouvez

1 Voir Belles Histoires de la Mère (La maîtrise de soi).

not so good as that" and when they believe it is bad you say, "it is not so bad as that". Everything is completely mixed up and as a matter of fact nobody can judge anybody. Therefore you are wholly indifferent to all compliment and all blame. And the conclusion would be : so long as the divine consciousness in me or in one whom I have chosen as my Guru does not tell me "this is to be done", "this is not to be done", I am indifferent to what others might tell me. For I consider that the divine presence in her or in him in whom I have put my trust is capable of knowing what is good and what is bad, what is to be done and what is not to be done.

And that is the best way of becoming free.

The only way of being truly free is to make your total surrender without reserve to the Divine, because then all that binds you, ties you, chains you falls away naturally from you and has no more any importance. If some one comes and blames you, you may say, "On what authority does he blame me, does he know the Supreme will ?" And the same applies when you are congratulated. This is not to advise you that you should not profit by whatever comes to you from others. I have learnt throughout my life that even a little child can give you a lesson. Not that he is less ignorant than you but that he is like a mirror that reflects the portrait of what you are; he may tell you something that is not true, but also he may show you something that you did not know. You can then draw a great profit out of it if you receive the lesson without any undesirable reaction.

Every hour of my life I have learnt that one can learn something; but I never felt bound by the opinion of others; for I consider that there is only one truth in the world that can know something and it is the Supreme Truth. Then one is wholly free. It is this freedom that I want from you —free from all attachment, ignorance and reaction; free from everything except a total surrender to the Divine. It is the issue out of all responsibility towards the world. The Divine alone is responsible.

It is not possible, is it not, for the surrender to be total from the very beginning?

Generally, no. More or less time is needed. But there are instantaneous conversions; to explain all that in detail would take too much time.

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dire : "De quelle autorité me blâme-t-il, est-ce qu'il connaît la volonté suprême ?" et la même chose quand on vous félicite. Ce n'est pas pour vous conseiller de ne pas profiter de ce qui vous vient des autres — j'ai appris à travers toute ma vie que même un petit enfant peut vous donner une leçon. Non qu'il soit moins ignorant que vous, mais il est comme un miroir qui vous renvoie le portrait de ce que vous êtes; il peut vous dire quelque chose qui n'est pas vrai, mais aussi vous montrer quelque chose que vous ne connaissiez pas. Vous pouvez donc en tirer un très grand profit, si vous recevez la leçon sans réaction indésirable.

Toutes les heures de ma vie j'ai appris que l'on peut apprendre quelque chose, mais je ne me suis jamais sentie liée par l'opinion des autres, car je considère qu'il n'y a qu'une vérité au monde qui puisse savoir quelque chose, et c'est la Vérité Suprême. Alors on est tout à fait libre. Et c'est cette liberté-là que je veux de vous — libre de tout attachement, de toute ignorance, de toute réaction; libre de tout, sauf une soumission totale au Divin. C'est la porte de sortie de toute responsabilité vis-à-vis du monde. Le Divin seul est responsable.

Il n'est pas possible, n'est-ce pas, que la soumission soit totale dès le commencement ?

Généralement, non. Il faudra plus ou moins de temps. Mais il y a des conversions instantanées; pour vous les expliquer en détail, cela prendrait trop de temps. Vous savez peut-être que dans toutes les écoles d'initiation il était dit qu'il fallait 35 ans pour changer son caractère ! Alors il ne faut pas s'attendre à ce que cela se passe en une minute.

Si l'on doit être indifférent à tout, pourquoi donne-t-on des prix aux enfants?

Vous ne vous attendez pas à ce qu'un écolier soit un yoguî, non ? Je viens de dire qu'il faut 35 ans pour y arriver et pour changer son caractère.

N'est-ce pas, l'autorité individuelle, humaine, comme l'autorité

You know perhaps that in all schools of initiation it used to be said that it needed 35 years to change one's character ! So you must not expect the thing to be done in a minute.  

If one is to be indifferent to everything, why to give prizes to children?

You do not expect a student to be a yogi ? I just said that it needs 35 years to reach there and to change one's character.

You see the individual, the human authority, as the authority of a father in the family, of a teacher, of the head of a State, is a symbolic thing. They have no real authority, but authority is given to them so that they are able to fulfil a role in social life as it is now, that is to say, a social life founded on falsehood and not at all on truth, for truth means unity and society is founded on division. There are people who work out their role, their function, their symbol more or less well—none is faultless, all is mixed in this world. But one who takes his role seriously, tries to fulfil it as honestly as possible, may receive inspirations which enable him to play his part more truly than an ordinary man. If the teacher who gives marks kept in his mind that he was the representative of the divine truth and also took sufficient trouble to be in accord with the divine will as much as it is possible for him, well, that may be useful, for the ordinary teacher acts according to his personal preferences—what he does not like, what he likes etc.—and he belongs to the general falsehood, but if at the time of giving marks, the teacher tries sincerely to put himself in accord with a truth deeper than his small narrow consciousness, he may serve as an intermediary of this truth and, as such, help his students to become conscious of this truth within themselves.

This is precisely one of the things that I wanted to tell you. Education is a sacerdocy, teaching is a sacerdocy, and to be at the head of a State is a sacerdocy. Then if the person who fulfils this role aspires to fulfil it in the highest and the most true manner, the general condition of the world can become much better. Unfortunately most people never think of it at all, they fulfil their role somehow—not to speak of the countless people who work only to earn money, but in this case their activity

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d'un père de famille, d'un professeur, d'un chef d'État, est une chose symbolique. Ils n'ont aucune autorité réelle, mais elle leur est donnée pour les rendre capables de remplir un rôle dans la vie sociale telle qu'elle est maintenant, c'est-à-dire une vie sociale fondée sur le mensonge et pas du tout sur la vérité, car la vérité veut dire l'unité et la société est fondée sur la division. Il y a des gens qui remplissent leur rôle, leur fonction, leur symbole plus ou moins bien — personne n'est sans défaut, tout est mélangé dans ce monde. Mais celui qui prend sérieusement son rôle, qui essaie de le remplir aussi honnêtement que possible, peut recevoir des inspirations qui lui permettent de jouer son rôle un peu plus véritablement qu'un homme ordinaire. Si le professeur qui donne les notes avait en esprit qu'il était le représentant de la vérité divine, s'il se donnait constamment la peine, aussi, d'être en accord avec la volonté divine autant que cela lui est possible, eh bien, ce pourrait être très utile; car le professeur ordinaire agit selon ses préférences personnelles — ce qu'il n'aime pas, ce qu'il aime, etc. — et il fait partie du mensonge général, mais si, au moment de donner une note, le professeur essaie sincèrement de se mettre en accord avec une vérité plus profonde que sa petite conscience étroite, il peut servir d'intermédiaire à cette vérité et, de ce fait, aider ses élèves à devenir conscients de cette vérité en eux-mêmes.

C'est l'une des choses que je voulais vous dire, justement : l'éducation est un sacerdoce, l'enseignement est un sacerdoce, et être à la tête d'un État, est un sacerdoce. Alors, si la personne qui remplit ce rôle, aspire à le remplir de la façon la plus haute et la plus vraie, l'état général du monde peut devenir bien meilleur. Malheureusement, la plupart des gens ne pensent pas du tout à cela, ils remplissent leur rôle d'une façon quelconque — sans parler des innombrables gens qui travaillent seulement pour gagner de l'argent, mais dans ce cas leur activité est tout à fait pourrie, n'est-ce pas. C'était ma première base en créant l'Ashram : que le travail que l'on fait soit une offrande au Divin.

Au lieu de se laisser aller au courant de sa nature, de son humeur, il faut constamment garder dans la tête cette espèce de sentiment que l'on est le représentant de la Connaissance suprême, de la Vérité suprême, de la Loi suprême et qu'il faut l'appliquer de la façon la plus honnête, la plus sincère que l'on peut; alors on fait de grands progrès soi-même et on peut faire faire des progrès aux autres. Et de plus, on sera respecté,

is altogether rotten, naturally. That was my very first basis in forming the Ashram, that the work done must be an offering to the Divine.

Instead of letting oneself go in the current of one's nature, of one's mood, one must keep constantly in mind this kind of feeling that you are a representative of the Supreme Knowledge, the Supreme Truth, the Supreme Law and you must apply it in the most honest way, in the most sincere way you are capable of; then you make great progress yourself and can make others also progress. Besides, you will be respected, there will be no more undisciplined classes, for there is in every human being something that recognizes, bows down to true greatness, even the worst criminals are capable of admiring a noble and disinterested act. Therefore when children feel in a teacher, in a school master such a deep aspiration for acting according to truth, they listen to you with an obedience which you would not get if you were one day in good mood and the next day you were not and that may be disastrous for everybody.

If one needs 35 years to change one's character, how can one make, from now, a total surrender to the Divine?

That may go quicker, you know! it depends on the way that one follows. You remember, we spoke once of the attitude of a baby cat and that of a baby monkey1. If you "agree to be like a docile baby cat (there are also baby cats that are very undisciplined, I have seen them), like a docile little child, the thing can go very quick. Note that it is very easy to say : "Choose the attitude of the baby cat", but it is not so easy to do. You must not believe that adopting the attitude of the baby cat means dispensing with all personal effort. Because you are not a baby cat, human beings are not baby cats ! There are in you countless elements that are accustomed to trusting themselves, that want to do their own work, and it is much more difficult to control all such elements than to give oneself up to all circumstances. It. is very difficult. First of all, there

1 Sri Ramakrishna used to say that the disciple can choose between two attitudes: the passive trust of the baby cat who lets itself be carried by its mother (this is the way of surrender, one most sure) and the active attitude of the baby monkey who clings to its mother (it is the way of personal effort).

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on n'aura plus de classes indisciplinées, car il y a en tout être humain quelque chose qui reconnaît, qui s'incline devant la vraie grandeur; même les pires criminels sont capables d'admirer un acte noble et désintéressé. Donc, quand les enfants sentent chez un professeur, un maître d'école, cette aspiration profonde à agir selon la vérité, ils vous écoutent avec une obéissance que vous n'obtiendrez pas si, un jour, vous êtes de bonne humeur et, le lendemain, vous ne l'êtes pas, ce qui est désastreux pour tout le monde.

S'il faut 35 ans pour changer son caractère, comment peut-on, dès maintenant, faire sa soumission totale au Divin?

Cela peut aller plus vite, vous savez ! Cela dépend du chemin que l'on suit.

Vous vous rappelez que nous avions parlé de l'attitude du petit chat et du petit singe.1 Si l'on consent à être comme un petit chat docile (il y a aussi des petits chats qui sont très indisciplinés, je les ai vus), comme un petit enfant docile, cela peut aller très vite. Notez que c'est très facile de dire : "Choisissez l'attitude du petit chat", mais ce n'est pas si facile à faire. Il ne faut pas croire que d'adopter l'attitude du petit chat, vous dispense de tout effort personnel. Parce que vous n'êtes pas un petit chat, les êtres humains ne sont pas des petits chats ! Il y a en vous d'innombrables éléments qui ont l'habitude de n'avoir confiance qu'en eux-mêmes, qui veulent faire leur propre besogne, et il est beaucoup plus difficile de contrôler tous ces éléments que de se laisser aller en toutes circonstances. C'est très difficile. D'abord, il y a toujours ce merveilleux travail de la pensée qui aime tant observer, critiquer, analyser, douter, essayer de résoudre le problème, dire : "Est-ce bien  comme cela?", "ne serait-ce pas mieux comme ceci?", et ainsi de suite. Alors ça marche et ça marche, et où est le petit chat ?...Car le petit chat ne pense pas ! il est libre de tout cela et c'est pour cela que c'est beaucoup plus facile.

1 Shrî Râmakrishna disait que le disciple peut choisir entre deux attitudes: la confiance passive du petit chat qui se laisse porter par la Mère (c'est la voie de la soumission, la plus sûre) et l'attitude active du petit singe qui se cramponne à la Mère (c'est la voie de l'effort personnel).

is this wonderful work of thought that likes to observe, criticize, analyze, doubt, try to solve the problem, say, "is it like that, after all", "would it not be better this way?", and so on. Then that goes on, goes on and where is the baby cat ?...For the baby cat does not think! It is free from all that and that is why it is much easier for it !

Whatever the way you might follow, the personal effort is always necessary till the moment of identification. At that moment all effort drops from you like a worn out robe, you are another person, what was impossible for you not only becomes possible but indispensable, you cannot do otherwise.

You must be attentive, silent, you must wait for the inner inspiration, do nothing from external reactions, you must be moved by the light that comes from above, constantly, regularly, you must act only under the inspiration of that light and nothing else. Never to think, never to question, never to ask: "Should I do this or that", but—to know, to see, to hear. Act with an inner certitude that questions not, doubts not, because the decision does not come from you, it comes from above. Well,» that can come very soon or one may have to wait perhaps a long time, that depends upon one's previous preparations, upon many things. Till then you must will, will with persistence and above all never lose patience and courage. If necessary repeat the same thing a thousand times knowing that perhaps the thousandth time you will realize the result.

You are not made of one piece. Your present body is at times an accident. If you have within you a conscious soul that influenced the formation of your body, you are then infinitely better prepared than someone, a soul, that fell down head foremost into a body without knowing where it went: in that case you must work hard to lift up the consciousness which had thus fallen into obscurity. The inner preparation might come from previous lives or from the present life, or you have reached a turning point in your integral growth and you are in the precise relation with the circumstances necessary for the last step to be taken. But that does not mean that you have not lived a thousand times before reaching the turning point.

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Quel que soit le chemin que vous suiviez, l'effort personnel est toujours nécessaire, jusqu'au moment de l'identification. A ce moment-là, tout effort tombe de vous comme un manteau usé, vous êtes une autre personne; ce qui vous était impossible devient non seulement possible mais indispensable, vous ne pouvez pas faire autrement.

Il faut être attentif, silencieux, attendre l'inspiration intérieure, ne faire rien par des réactions extérieures, être mis en mouvement par la lumière qui vient d'en haut, constamment, régulièrement, n'agir que sur l'inspiration de cette lumière-là et pas autre chose. Ne jamais penser, ne jamais questionner, ne jamais se demander : "Faut-il faire ceci ou cela", mais — savoir, -voir, entendre. Agir avec une certitude intérieure sans question et sans doute, parce que la décision ne vient pas de vous, elle vient d'en haut. Eh bien, cela peut venir très vite, ou il faut attendre peut-être longtemps—cela dépend de la préparation antérieure, cela dépend de beaucoup de choses. Jusque-là, il faut vouloir et vouloir avec persistance, et surtout ne jamais perdre patience ni courage. Si nécessaire, il faut répéter la même chose mille fois, en sachant que peut-être la millième fois vous arriverez au résultat.

Vous n'êtes pas fait d'un seul morceau. Votre corps actuel est parfois un accident. Si vous avez au-dedans de vous une âme consciente qui a influencé la formation de votre corps, vous êtes infiniment plus préparé que quelqu'un, une âme, qui tombe tête la première dans un corps sans savoir où il va, dans ce cas, il faut beaucoup travailler pour relever la conscience qui est ainsi tombée dans l'obscurité. La préparation intérieure peut venir de vies antérieures ou de la vie actuelle, ou bien vous êtes arrivé à un tournant de votre développement universel et vous êtes en relation exacte avec les circonstances nécessaires pour faire un dernier pas, mais cela ne veut pas dire que vous n'ayez pas vécu un millier de fois avant d'arriver à ce tournant.

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February 12, 1951

"You ask: 'Why has not the Divine appeared as yet? Because you we not ready. If a single drop that falls makes you sing and dance and scream, what would happen if the whole thing came down? Therefore we tell people who have not a sufficiently firm and wide basis in their body and vital and mind: 'Do not pull', meaning 'do not try to draw forcibly towards you the forces of the Divine, but wait in peace and calm'. For they would not be able to bear the descent. But to those who possess the necessary basis, we say on the contrary, 'Aspire and draw\ For they would be able to receive the forces descending from the Divine and not be upset by them."

(Words of the Mother, p. 20)

Why does the divine force upset people ?

Because it is too strong for them. It is as though you were in the midst of a big cyclone. It happens at times that the wind is so violent that you are not able to stand, you have to lie down and allow it to pass. And the divine forces are a thousand times stronger than a cyclone blast. If you do not have in you a very wide receptivity, an extremely solid basis of calmness, equality of soul and inner peace, that comes and carries you away like a gale and you cannot resist. It is the same thing with regard to light, some people have pain in the eye when they look at the sun and are obliged to put on dark spectacles, because the sunlight is too strong for them. But it is merely sunlight. When you are able to look at the Supramental light, it appears to you so brilliant that the sunlight would seem like a black spot in comparison. One must have eyes and brain solid enough to bear that, one must be well prepared, established in something extremely calm and wide—it is as though one had such a strong basis of tranquility that when the storm passes, when the light comes with a great intensity, one is able to remain immobile and receive what one can without getting upset. But there is not one in a million who is so. Only they who have had a foretaste of inner experience can know what that means. Even if you enter consciously into the psychic, it is a dazzle, and it is within your reach, because it is your own psychic being, and yet it is so different from your external consciousness that the first time you

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12 février 1951

"Vous demandez: 'Pourquoi le Divin n'est-il pas encore apparu?' Parce que vous n'êtes pas prêt. Une petite goutte qui tombe suffit à vous faire chanter, danser et crier. Qu'arriverait-il si le tout descendait?

C'est pourquoi nous disons à ceux qui n'ont pas dans leur corps, leur vital et leur mental, une base suffisamment ferme et vaste : 'Ne tirez pas', c'est-à-dire 'N'essayez pas d'attirer par violence les forces du Divin, mais attendez dans la paix et le calme.' Car ils ne seraient pas capables de supporter la descente. Mais à ceux qui possèdent l'assise nécessaire, nous disons au contraire : 'Aspirez et tirez'. Car ils peuvent recevoir les forces qui descendent du Divin sans être bouleversés par elles."

(Entretiens suivis de Quelques Paroles, p. 22-23)

Pourquoi la force divine bouleverse-t-elle les gens ?

Parce qu'elle est trop forte pour eux. C'est comme si vous vous trouviez dans un grand cyclone. Il arrive parfois que le vent soit si fort que l'on ne peut pas se tenir debout — on doit se coucher par terre et attendre qu'il passe. Alors les forces divines sont mille fois plus fortes qu'un vent de cyclone. Si vous n'avez pas en vous une très vaste réceptivité, une base extrêmement solide de calme, d'égalité d'âme et de paix intérieure, cela vient et vous emporte comme dans un ouragan, et vous ne pouvez pas résister. C'est la même chose pour la lumière, certains ont mal aux yeux quand ils regardent le soleil et ils sont obligés de porter des lunettes noires, parce que la lumière du soleil est trop forte pour eux. Mais c'est seulement la lumière du soleil. Et quand vous êtes capable de regarder la lumière supramentale, elle vous paraît si brillante que la lumière du soleil vous paraît comme une tâche noire en comparaison. Il faut avoir des yeux et un cerveau solides pour supporter cela, il faut être très préparé, établi dans quelque chose d'extrêmement calme et vaste — c'est comme si l'on avait une assise de tranquillité tellement forte que quand l'ouragan passe, quand la lumière

enter there consciously, it appears to you dazzling indeed, something Infinitely more brilliant than the most brilliant sunlight.

The psychic is that which one can call "the Divine within the reach of man."

Are there symptoms indicating that one is ready for the path, especially if one has no spiritual teacher ?

Yes, the most important symptom is a perfect equality in all circumstances. It is the absolutely indispensable basis, something very quiet, very calm, very peaceful, a feeling of great force. Not the quietness that comes from inertia, but a sensation of concentrated force that keeps you always equal, whatever happens, even in circumstances which may appear to you the most terrible in your life. That is the first sign"

A second sign : you feel you are completely imprisoned in your ordinary normal consciousness, as though in something that is extremely hard, suffocating and unbearable, as though you had to pierce a hole in a brass wall. The strain becomes almost intolerable and, it is stifling; there is an effort within to go through but you cannot. This also is one of the first signs. It means that your inner consciousness has reached a point where the outer mould is much too small for it—the mould of ordinary life, of ordinary activities, of ordinary relations;, all that becomes so small, so petty, you feel within you a force to break all that.

There is still another sign. When you concentrate, when you have an aspiration, you feel something coming down into you, you receive an answer. You feel a light, a peace, a force coming down, and almost immediately, you need not wait, pass a long time—nothing but an inner aspiration, a call and the answer comes. It means also that the relation has been well established.

If there is an upsetting when the force descends, does it not mean that the vital is not ready and should it not be forced to be ready ?

How can you force it ? It escapes through your fingers, so to say.

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vient, très intense, on peut rester immobile et recevoir ce que l'on peut sans être bouleversé. Mais il n'y a pas un être sur un million qui soit ainsi. Seuls, ceux qui ont eu un avant-goût de l'expérience intérieure peuvent savoir ce que cela veut dire. Mais même si vous entrez consciemment dans le psychique, c'est un éblouissement; et c'est à votre portée parce que c'est votre propre être psychique, et pourtant il est tellement différent de votre conscience extérieure, que la première fois que vous y entrez consciemment, cela vous paraît vraiment comme un éblouissement, quelque chose d'infiniment plus brillant que la plus brillante lumière du soleil.

Le psychique est ce que l'on pourrait appeler "le Divin à la portée de l'homme".

Y a-t-il des symptômes indiquant que l'on est prêt pour le sentier, surtout si l'on n'a pas d'instructeur spirituel?

Oui, le plus important symptôme est une parfaite égalité d'âme en toutes circonstances. C'est la base absolument indispensable; quelque chose de très tranquille, de calme, de paisible, le sentiment d'une grande force. Pas la tranquillité qui vient de l'inertie, mais la sensation d'une puissance concentrée qui vous garde toujours égal, quoi qu'il arrive, même dans les circonstances qui peuvent vous paraître les plus terribles de votre vie. C'est le premier signe.

Un second signe : vous vous sentez complètement emprisonné dans votre conscience ordinaire, normale, comme dans quelque chose qui est extrêmement dur, qui est suffocant et intolérable, comme si vous deviez percer un trou dans un mur d'airain. Et la gêne devient presque insupportable, c'est suffocant; il y a un effort intérieur pour passer et on n'arrive pas à passer. C'est aussi l'un des premiers signes. Cela veut dire que votre conscience intérieure est arrivée au point où son moule extérieur est beaucoup trop petit pour elle — le moule de la vie ordinaire, des activités ordinaires, des relations ordinaires, tout cela devient tellement petit, mesquin; vous sentez au-dedans de vous une force pour briser tout cela.

Il y a encore un autre signe: quand vous vous concentrez et que

Your will thinks that it has caught it but it eludes you. It is difficult to control it. And then force it to what ? to be ready ?... All that you will be able to get from it is that it will become inert, that is to say, it will hide in a corner, move no more, let the storm pass ! because, the contact with the divine forces is for it like a storm. And when it sees that the crisis has passed, it will react: "Now, it is my turn 1"

If you are upset, it means that you have still much work to do upon your vital before it can be ready, that means, there is a weakness somewhere. For some, the weakness is in the mind. I knew a boy, in France, who was a fine musician, he was playing violin admirably. But his brain was not very big, it was just big enough to help him in his music, nothing more. He used to come to my spiritual sittings and, all on a sudden, he had the experience of the infinite in the finite. It is an absolutely true experience; in the individual came the experience of the infinite. But that upset the boy so much that he could make 'nothing of anything ! He could not even play his music any more. The experience had to be stopped, because it was too strong for him. This was a case where the mind was too weak.

He had the experience, you see, not the idea (the idea is generally something foreign to all men). One must have the experience before the idea; for most men think only with words—if you put two contradictory ideas together, they do not understand any more, while the experience is quite possible. Therefore one must have a head a little more wide, supple and quiet; and instead of feeling all at once that everything you were thinking of now escapes you, you wait quietly so that something in your head may begin to understand the content of the experience.

There are people—many—who are weak in their vital. When they have this sensation of Infinity, Eternity in their quite small person, in their quite little strength, it is so contrary to the impression they have constantly that they understand nothing of anything. Then they fall sick or they begin to talk at random or shout and dance.

But if you are absolutely sincere and look at yourself with clear-sighted eyes, that cannot happen to you; for an experience that comes improperly like that is always the result of some pride or ambition or some lack of balance within, due to neglecting one part of the being for the profit of another.

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vous avez une aspiration, vous sentez quelque chose qui descend en vous, vous recevez une réponse, vous sentez qu'une lumière, une paix, une force descendent, et presque immédiatement, n'est-ce pas, vous n'avez pas besoin d'attendre, de passer très longtemps — rien qu'une aspiration intérieure, un appel, et la réponse vient. Cela veut dire aussi que la relation est bien établie.

S'il y a un bouleversement quand la force descend, cela ne veut-il pas dire que le vital n'est pas prêt et ne faut-il pas le forcer à être prêt?

Comment pouvez-vous le forcer ? il passe entre vos doigts, pour ainsi dire. Votre volonté pense l'avoir attrapé, et il vous échappe. C'est difficile à contrôler. Et le forcer à quoi ? à être prêt ?...Tout ce que vous pourrez obtenir de lui, c'est qu'il devienne inerte, c'est-à-dire qu'il se cache dans un coin, ne bouge plus et laisse passer l'orage ! parce que, pour lui, le contact avec les forces divines est comme un orage. Et quand il voit que la crise est passée, il réagit: "Voilà, maintenant c'est mon tour !"

Quand vous êtes bouleversé, cela veut dire que vous avez encore beaucoup de travail à faire sur votre vital avant qu'il ne soit prêt, cela veut dire qu'il y a une faiblesse quelque part. Pour certains, la faiblesse est dans le mental. J'ai connu un garçon, en France, qui était un grand musicien, il jouait du violon d'une façon admirable. Mais son cerveau n'était pas très grand, c'était juste assez pour l'aider dans sa musique, rien de plus. Il venait à nos réunions spirituelles et, tout d'un coup, il a eu l'expérience de l'infini contenu dans le fini; c'était une expérience absolument vraie; dans l'individu fini est venue l'expérience de l'infini. Mais cela a tellement bouleversé ce garçon, qu'il ne comprenait plus rien à rien ! il ne pouvait même plus jouer sa musique. Il a fallu faire cesser l'expérience, parce qu'elle était trop forte pour lui. C'est un cas où le mental était trop faible.

Il avait eu l'expérience, n'est-ce pas, pas l'idée (l'idée est généralement étrangère à tous les hommes). Il faut avoir l'expérience avant l'idée; parce que la plupart des gens ne pensent qu'avec des mots — si vous mettez deux idées contradictoires ensemble ils ne comprennent plus, tandis

Those who think that they can advance in yoga by leaving their body completely inert, their vital asleep and their mind in a kind of stupid dullness (for often it is that which they call silence), will get completely upset, you may be sure, when an experience comes to them. They lose their head, they do extravagant things, or otherwise something very unfortunate happens to them.... One must have a solid well-balanced body, a well-controlled vital and a mind organized, supple, logical, so that when you are in a state of aspiration and you receive an answer, all your being feels enriched, enlarged, splendid and you will be perfectly happy and you will not upset your cup because it is too full, like a clumsy person who does not know how to hold a full tumbler. It is like that; you see, it is as if you had there a small vase, quite small, that will remain small if you do not take care to make it bigger, then if all on a sudden it is filled up with something that is too strong, all flows out!

At the time when the consciousness feels "imprisoned" within its too narrow external mould, what should be done?

Above all you must not be violent; for if you are violent, you will come out of it tired, exhausted, without any result. You must concentrate all the forces of aspiration. You are conscious of the inner flame, put into this flame all that you find strongest in you, as aspiration, as call and hold yourself as quiet as you can, calling with a great trustfulness for the answer to come. And when you are in this state with your concentrated aspiration and force, with your inner flame, gently press upon this kind of outer shell, without violence, but with insistence, as long as you can without getting agitated, irritated or excited. You must be perfectly quiet, must call and push.

It will not succeed the first time. You must begin again as many times as necessary, but all on a sudden, one day... you are on the other side! Then you come out into an ocean of light.

If you fight, if you are restless, if you struggle, you will have nothing; if you get fidgety you will get only a headache, that is all.

Yes, it is that. Gather together all your power of aspiration, make of it something intensely concentrated, in an absolute tranquillity, be conscious

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que l'expérience est tout à fait possible. Il faut, alors, avoir une tête un peu vaste, un peu souple, un peu paisible, et au lieu de sentir tout de suite que tout ce que vous pensiez vous échappe, vous attendez bien tranquillement que quelque chose dans votre cerveau commence à comprendre le contenu de l'expérience.

Il y a des êtres — beaucoup — qui sont faibles dans leur vital. Quand ils ont cette sensation d'infini, d'éternité dans leur toute petite personne, dans leur toute petite force, c'est tellement contraire à l'impression qu'ils ont constamment, qu'ils ne comprennent plus rien à rien. Alors ils tombent malades, ou ils commencent à divaguer ou ils se mettent à crier, à danser.

Mais si vous êtes absolument sincère et que vous vous regardiez vous-même avec des yeux clairvoyants, cela ne peut pas vous arriver, car une expérience qui vient mal à propos comme cela, est toujours le résultat d'un orgueil ou d'une ambition, ou d'un déséquilibre intérieur, parce que l'on néglige une partie de son être au profit d'une autre.

Ceux qui pensent pouvoir avancer dans le Yoga en laissant leur corps complètement inerte, leur vital endormi et leur mental dans une sorte d'abrutissement (car, souvent, ce qu'ils appellent "silence" est un abrutissement) ceux-là, quand il leur vient une expérience, vous pouvez être sûr qu'ils sont complètement bouleversés. Ils perdent la tête, ils font des extravagances, ou alors il leur arrive quelque chose de très malheureux... Il faut un corps solide, équilibré, et un vital bien contrôlé et un mental organisé, logique, souple; ainsi, quand vous êtes dans un état d'aspiration et que vous recevez une réponse, tout l'être se sentira enrichi, magnifié, splendide et vous serez parfaitement heureux, et vous ne renverserez pas votre tasse parce qu'elle est trop pleine, comme un maladroit qui ne sait pas tenir un verre plein. C'est cela, n'est-ce pas, c'est comme si vous aviez là un petit vase, tout petit, qui restera petit si vous ne prenez pas soin de l'élargir; alors, s'il se remplit tout d'un coup de quelque chose qui est trop fort, tout sort !

Au moment où la conscience se sent "emprisonnée" dans son moule extérieur trop étroit, que faut-il faire ?

Il faut surtout ne pas être violent?, car si vous êtes violent, vous

of your inner flame, throw into it all that you can so that it may blaze more and more, more and more, and then send up a call with your consciousness and slowly push. You are sure to succeed one day.

(Mother continues to read')...."It happens that some persons, as soon as they turn to the Divine, lose all material props and all objects they love. If they have a special affection anywhere, that too is withdrawn from them"

We enter here into a big problem.... The notion of what is good and what is not good for a being is not the same to his evolved consciousness as to the divine consciousness. What appears to you good, favorable, is not always the best for you from the spiritual point of view. That is to be learnt from the beginning, that the divine perception of what will lead you quickest to the goal is absolutely different from yours and you cannot understand it. That is why you must say to yourself from the beginning, "It is all right. I accept everything, I shall understand later on."

And often you come across persons who, before they began yoga, had a relatively easy life, and as soon as they come to yoga, all the circumstances to which they were attached particularly, get detached from them in a more or less brutal way. Then they are troubled; they do not have perhaps the frankness to admit that to themselves, 'they take recourse to other thoughts and other words, but the thing amounts to this : "How is it ? I am good and I am not kindly treated!" The entire human notion of justice is there. "One tries to become good and see what cataclysms happen! All the things you loved go away from you, all the pleasures you had go away from you, all the people whom you loved leave you; it is not worth taking any trouble to become good and make an effort". And if you follow your reasoning far enough, all on a sudden you fall upon the canker—well, you wanted to do yoga from self-interest, you wanted to be a sage from self-interest, you thought your situation would be better and that you would be rewarded with sweets for your goodness! That does not happen (...Well this refusal is the best lesson that could ever be given to you. For so long as your aspiration hides a desire and a

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sortirez de là fatigué, épuisé et sans résultat. Il faut concentrer toutes les puissances d'aspiration. Si vous êtes conscient de la flamme intérieure, il faut mettre dans cette flamme tout ce que vous pouvez avoir de plus fort comme aspiration, comme appel, et vous tenir aussi tranquille que vous pouvez, avec un appel, dans une très grande confiance que la réponse viendra; et quand vous êtes dans cet état, avec votre aspiration et votre force concentrée, avec votre flamme intérieure, doucement faites une pression sur cette espèce de croûte extérieure, sans violence, mais avec insistance, aussi longtemps que vous pouvez, sans être agité, irrité ou excité. Il faut être parfaitement tranquille et pousser dans un appel.

Cela ne réussira pas la première fois. Il faut recommencer autant de fois qu'il est nécessaire, mais tout d'un coup, un jour... vous êtes de l'autre côté ! Alors, vous émergez dans un océan de lumière.

Si vous vous battez, si vous vous agitez, si vous vous débattez, vous n'aurez rien du tout, et si vous vous énervez, vous aurez seulement mal à la tête, et c'est tout.

C'est cela, rassembler tout votre pouvoir d'aspiration, en faire quelque chose d'intensément concentré, dans une tranquillité absolue, être conscient de votre flamme intérieure et y mettre tout ce que vous pouvez pour qu'elle brûle de plus en plus, de plus en plus, et alors faites un appel avec conscience, et, lentement, poussez. Voilà. Vous êtes sûr de réussir un jour.

(Mère poursuit sa lecture)..."Il arrive que certaines personnes perdent, dès qu'elles se tournent vers le Divin, tout appui matériel et tous les objets qu'elles aiment. Si elles ont une affection quelconque, elle leur est également retirée.'"

Nous entrons là dans un grand problème... La notion de ce qui est bon et de ce qui ne l'est pas pour un être, n'est pas la même pour sa conscience évoluée que pour la conscience divine. Ce qui vous paraît bon, favorable n'est pas toujours ce qui est le meilleur pour vous d'un point de vue spirituel. C'est cela qu'il faut apprendre dès le commencement, que la perception divine de ce qui vous mènera le plus vite au but, est absolument différente de la vôtre, et que vous ne pouvez pas la comprendre. C'est pourquoi il faut se dire dès le commencement: "C'est bon. J'accepterai

long as in your heart there is the spirit of bargaining with the Divine, things will come and give you blows till you wake up to the true consciousness in you, with no conditions, no bargaining.

Since the time I have been doing Yoga I find that all my affairs are going better. So I conclude...

Perhaps your aspiration was truly sincere and disinterested. In such a case, things do happen like that.

After having been bad and wicked, if all on a sudden one decides to change, does he immediately feel the small inner voice that gives the warning every time he does something bad?

Everything depends upon the form the reversal, the inner conversion has taken. If the change is sudden, then yes, one can become conscious of the small voice immediately, but if it is progressive, the best effects will also be progressive. That depends absolutely on cases, one cannot say. If a kind of tearing or illumination takes place then yes, you have immediately the inner indication. It can even be retrospective. That is to say, while thinking of some past acts, one may' get a clear vision of what one was in relation to what one is now. Besides, each time there is a true change in the being, each time you overcome a fault, you have the clear vision of things as a whole, things that seem to you quite natural and that now pass on the screen like a dark spot; you see the origin, the causes and the effects. If you have a precise and exact memory and if you have during some time say a period of ten years, made sincere efforts to transform yourself, to consecrate yourself more and more and if you remembered what you were before, you would say, "It is not possible, I was not like that!" And yet you were like that. There is such a stage between what one was before, what seemed quite natural to you before and what seems to you natural now that you cannot believe that you were the same person. This is the surest indication that you have progressed.

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tout et je comprendrai après."

Si souvent, on voit des êtres, avant de commencer le Yoga, qui avaient une vie relativement facile, et dès qu'ils viennent au Yoga, toutes les circonstances auxquelles ils étaient tout particulièrement attachés se détachent d'eux d'une façon plus ou moins brutale. Alors ils se troublent; ils n'ont peut-être pas la candeur de se l'avouer à eux-mêmes, ils prennent peut-être d'autres pensées et d'autres mots, mais cela revient à ceci : "Quoi? je suis bon et on n'est pas gentil avec moi!" Toute la notion humaine de la justice est là. "On essaie de devenir bon et voilà les cataclysmes qui arrivent ! Toutes les choses que vous aimiez s'en vont de vous, tous les plaisirs que vous aviez s'en vont de vous, tous les gens que vous aimiez vous quittent, ce n'est vraiment pas la peine d'être sage et d'avoir fait un effort". Et si vous suivez votre raisonnement assez loin, tout d'un coup vous tombez sur le ver rongeur—alors, vous vouliez faire le Yoga par intérêt, vous vouliez être sage par intérêt, vous pensiez que votre position serait meilleure et que l'on vous donnerait un bonbon pour votre sagesse ! Et cela ne vient pas ! ... Eh bien, ce refus est la meilleure leçon qui puisse jamais vous être donnée. Car tant que votre aspiration cachera un désir et tant que dans votre cœur il y aura un marchandage avec le Divin, les choses viendront vous donner des coups jusqu'à ce que vous vous éveilliez à la vraie conscience au-dedans de vous, sans conditions et sans marchandage. Voilà.

Depuis que je fais le Yoga, je constate que toutes mes affaires vont beaucoup mieux qu'avant. Alors je conclus...

Peut-être que votre aspiration était vraiment sincère et désintéressée. Dans ce cas, c'est comme cela que les choses doivent se passer.

Quand on a été assez mauvais ou méchant et que, tout d'un coup, on se décide à changer, est-ce que l'on sent tout de suite la petite voix intérieure qui avertit chaque fois que l'on fait quelque chose de mauvais?

Tout dépend de la forme qu'a pris le renversement. Ta conversion

When can one say that one has truly entered the spiritual path ?

The first symptom (it is not the same for everybody) in a chronological order, I believe, is that everything else appears to you absolutely without importance. Your whole life, all your activities, all your movements continue, if the circumstances are like that, but they seem to you altogether without importance, it is no more the reason of your existence. I believe this is the first symptom.

There may be other things. For example, the feeling that everything is different, that one is living differently, with a light in the mind that was not there before, with a peace in the heart that was not there before. That does make a change, but the positive change comes usually later on, very rarely does it come at first, except in a flash at the time of conversion when one has decided to take up the spiritual life. Sometimes, it begins like a big illumination, a great joy enters into you; but generally afterwards that goes into the background; for too many imperfections still persist in you.... It is not disgust, it is not contempt, but everything appears to you so little interesting that it is not worth the trouble to be busy about. For example when you are in the midst of certain material conditions, pleasant or unpleasant (the two extremes touch), you say to yourself, "It was so important to me all that. But that has no importance at all!" You have the impression that you have truly turned over to the other side.

Some imagine that the sign of spiritual life is the capacity to sit quiet in a corner and meditate! That is a very current idea. I do not want to be severe, but most of the people who boast of their capacity for meditation, I do not think they meditate even one minute out of one hour. Those who meditate truly do not boast; for them it is quite a natural thing. When it has become a natural thing, nothing to glory about, you may begin to tell yourself that you are making progress. Those who talk about it and think that this gives them a superiority over the rest of human beings, you may be sure, pass most of the time in a state of complete inertia.

It is very difficult to meditate. There are all kinds of meditation... you may take an idea and follow it to arrive at a given result—it is an active meditation; people who try a problem or who want to

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intérieure. Si le changement est subit, oui, on peut être conscient tout de suite de la petite voix, mais s'il est progressif, les meilleurs effets seront également progressifs. Cela dépend absolument des cas, on ne peut pas dire. Si une espèce de déchirement, d'illumination a lieu, alors oui, on a tout de suite l'indication intérieure. Elle peut même être rétrospective. C'est-à-dire qu'en pensant à certains actes du passé, on peut avoir la claire vision de ce que l'on était par rapport à ce que l'on est maintenant. D'ailleurs, chaque fois qu'il y a un vrai changement dans l'être et que l'on surmonte un défaut, on a la claire vision de tout un ensemble de choses qui paraissaient tout à fait naturelles, et qui maintenant passent sur l'écran comme une tache noire; vous voyez l'origine, les causes et les effets. Si vous avez une mémoire précise, exacte, et que pendant une certaine période, disons dix ans, vous ayez fait des efforts sincères pour vous transformer, pour vous consacrer de plus en plus, et que vous vous souveniez de ce que vous étiez avant, vous vous dites : "Ce n'est pas possible, je n'étais pas comme cela !" Et pourtant on était vraiment comme cela. Il y a une telle étape entre ce que l'on était avant, ce qui vous paraissait naturel avant et ce qui vous paraît naturel maintenant, que vous ne pouvez pas Croire que vous êtes la même personne. C'est l'indication la plus sûre que vous avez vraiment progressé.

Quand peut-on dire que l'on est vraiment entré sur le chemin spirituel ?

Le premier symptôme (ce n'est pas le même pour tout le monde) mais par ordre chronologique, je crois, c'est que tout le reste vous paraît absolument sans importance. Toute votre vie, toutes vos activités, tous vos mouvements continuent, si les circonstances sont telles, mais ils vous semblent tout à fait sans importance, ce n'est plus cela la raison de vivre. Je crois que c'est le premier symptôme.

Il peut y avoir autre chose; par exemple, le sentiment que tout est différent, de vivre différemment, d'une lumière dans l'esprit que l'on n'avait pas auparavant, d'une paix dans le cœur que l'on n'avait pas auparavant. Cela fait un changement; mais le changement positif, d'habitude, 'vient après, c'est rare qu'il vienne d'abord, sauf dans un éclair au moment

write meditate without knowing that they are meditating. Others sit down and try to concentrate on something, without following an idea; simply to concentrate on a point in order to intensify one's power of concentration; and then happens what usually happens when you concentrate upon a point: if you succeed in gathering your capacity for concentration sufficiently on a point whether mental, vital or physical, then at a given moment you go through and enter into another consciousness. Others again try to drive out of their head all movements, ideas, reflexes, reactions and arrive at a truly silent tranquillity. This is extremely difficult. There are people who tried for 25 years and did not succeed, for it is something like taking a bull by the horns.

There is another kind of meditation which consists in being as quiet as one can be, but without trying to stop all thoughts, for there are thoughts that are purely mechanical and if you try to stop these, you will need years and besides you may not be sure of the result,,, instead of that you gather together the whole of your consciousness and remain as quiet and peaceful as possible, you detach yourself from the external things as though they do not interest you at all, and all on a sudden you kindle that flame of aspiration and throw into it everything that comes to you so that the flame may rise more and more, more and more; you identify yourself with it and you go up to the extreme point of your consciousness and aspiration, thinking of nothing else—simply, an aspiration that mounts, mounts, mounts, without thinking a minute of the result, of what may happen and specially of what may not happen and above all not to' have the desire for something to happen to you—simply, the joy of an aspiration that mounts and mounts and mounts, intensifying itself more and more in a constant concentration. And there I can assure you that what happens is the best that can happen. That is to say it is the maximum of your possibilities that is realized when you do that. These possibilities may be very different according to individuals. But then all this care about trying to be silent, going behind the appearances, calling a force that answers, waiting for an answer to your questions, all that vanishes like an unreal vapour. And if you succeed in living consciously in this flame, in this column of mounting aspiration, you will see that even if you do not have an immediate result, after a time something will come to you.

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de la conversion, quand on a décidé d'adopter la vie spirituelle. Quelquefois, cela commence comme une grande illumination, une grande joie entre en vous, mais généralement, après, cela passe à l'arrière-plan, car il y a trop d'imperfections qui persistent en vous... Ce n'est pas un dégoût, ce n'est pas un mépris, mais tout vous paraît si peu intéressant que cela ne vaut vraiment pas la peine que l'on s'en occupe. Par exemple, quand vous vous trouvez dans certaines conditions matérielles, désagréables ou agréables (les deux extrêmes se touchent), vous vous dites : "C'était pour moi si important tout cela ? mais cela n'a aucune importance !" Vous avez l'impression que vraiment vous vous êtes tourné de l'autre côté.

Certains s'imaginent que le signe de la vie spirituelle est la capacité de s'asseoir dans un coin et de méditer ! C'est une idée très, très courante. Sans vouloir être sévère, la plupart des gens qui font état de leur capacité de méditation, je ne crois pas que sur une heure ils méditent une minute ! Ceux qui méditent vraiment n'en font jamais état; pour eux c'est une chose tout à fait naturelle. Quand c'est devenu une chose naturelle et sans gloire, vous pouvez commencer à vous dire que vous faites des progrès. Ceux qui en parlent et qui pensent que cela leur donne une supériorité sur le reste des êtres humains, vous pouvez être sûr que la plupart du temps ils sont dans un état d'inertie complet.

Il est très difficile de méditer. Il y a toutes sortes de méditations... On peut prendre une idée et la suivre pour arriver à un résultat quelconque — c'est une méditation active; les gens qui cherchent un problème ou qui veulent écrire méditent ainsi sans savoir qu'ils sont en train de méditer. D'autres s'assoient et essayent de se concentrer sur quelque chose, sans suivre d'idée; simplement, se concentrer sur un point pour intensifier le pouvoir de concentration; et il arrive ce qui arrive généralement quand vous vous concentrez sur un point: si vous réussissez à rassembler votre capacité de concentration suffisamment, que ce soit sur un point mental, vital ou physique, à un moment donné vous passez au travers et vous entrez dans une autre conscience. D'autres aussi essayent de chasser de leur tête tous les mouvements, toutes les idées, tous les réflexes, toutes les réactions et d'arriver à une véritable tranquillité silencieuse. C'est extrêmement difficile; certaines gens ont essayé pendant 25 ans et n'y ont pas réussi, car c'est un peu comme de prendre le taureau par les cornes,

During the concentration that we have here together, on what should we concentrate-?

Can anyone tell me what is this concentration and why do we do it ? It is a very interesting question, it concerns everybody. Can anyone tell me the difference between this concentration and the so-called "ordinary" meditation, why do we do it and what happens there ?

We make an offering of all our actions of the day.

Yes, it is the individual aspect. And collectively, what is this concentration for ? (He is on the way, note, he has taken half of a first step.)

We concentrate on our weak points end we aspire for their disappearance.

That is also an individual aspect.

In the meditations that we used to do there (at the Ashram1) when we had a morning or evening meditation, my work consisted in unifying all the consciousness of everyone of you and lift it as much as I could towards the Divine . Those who were able felt the movement and followed it. It was ordinary meditation with aspiration and ascent towards the Divine. Here, at the Playground, the work consists in unifying all the people who are there, making them open and bringing down the divine Force in them. It is the contrary movement and that is why this concentration cannot replace the other even as the other cannot replace this one. What happens here is exceptional—the other meditation (at the Ashram) consisted in gathering together the consciousness of all who were present and with the power of aspiration lifting it towards the Divine, that is to say, making each one of you progress forward a little upon yourself. Here on the contrary I take you as you are, each one comes saying:

1 For a long time meditations used to take place within the Ashram itself. Then, as the number of disciples increased and sports gained importance, these meditations were replaced by collective "concentrations" at the Ashram Playground.

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Il y a un autre genre de méditation, qui consiste à être aussi tranquille que l'on peut, mais sans essayer d'arrêter toutes les pensées, car il y en a qui sont purement mécaniques et si vous essayez d'arrêter tout cela, il faut des années et, par-dessus le marché, vous ne serez pas sûr du résultat; au lieu de cela, vous rassemblez toute votre conscience et vous restez aussi tranquille et paisible que possible, vous vous détachez des choses extérieures comme si elles ne vous intéressaient pas du tout, et, tout d'un coup, vous avivez cette flamme d'aspiration et vous mettez dedans tout ce qui peut venir à vous afin que la flamme monte de plus en plus, de plus en plus, vous vous identifiez à elle et vous allez jusqu'au point extrême de votre conscience et de votre aspiration, en ne pensant à rien d'autre — simplement, une aspiration qui monte, qui monte, qui monte, sans songer une minute au résultat, à ce qui peut arriver, surtout pas, et surtout ne pas avoir le désir qu'il vous arrive quelque chose — simplement, la joie de l'aspiration qui monte, monte, monte en s'intensifiant de plus en plus dans une concentration constante. Et là, je peux vous assurer que ce qui arrive est le mieux qui puisse arriver. C'est-à-dire que c'est le maximum de vos possibilités qui s'accomplit quand vous faites cela. Ces possibilités peuvent être très différentes suivant les individus. Mais alors, tous ces soucis de vouloir se taire, de passer derrière les apparences, d'appeler une force qui réponde, d'attendre une réponse à vos questions, tout cela s'évanouit comme une vapeur irréelle. Et si vous arrivez à vivre consciemment dans cette flamme, dans cette colonne d'aspiration qui monte, vous verrez que si vous n'avez pas un résultat immédiat, au bout de quelque temps, quelque chose vous arrivera.

Pendant la concentration que nous avons tous ensemble ici,1 sur quoi doit-on se concentrer?

Quelqu'un peut-il me dire ce qu'est cette concentration et pourquoi nous la faisons ? C'est une très intéressante question, elle concerne tout le monde. Quelqu'un peut-il me dire la différence entre cette concentration

1 Pendant longtemps, les méditations avaient lieu à l'Ashram même, puis, lorsque le nombre des disciples augmenta et que les sports prirent de l'importance, ces méditations furent remplacées par des "concentrations" collectives au terrain de jeux de 1'A.shram,

"Here we are with the activities of the day, we were busy with our body, here it is; we offer to you all our movements, exactly as we have done them, exactly as we are." And my work is to unify all that, make of it a homogeneous mass and, in answer to this giving (which each one can do in his way differently) to open all the consciousness, widen the receptivity, make a unity of this receptivity and bring down the Force. Then at that moment each one of you, if you are very quiet and attentive will receive something. You will not be always conscious, but something you will receive.

In March 1964, the following question was put to the Mother:

But now what is happening, when you are no longer physically present at the Playground concentrations?

I hope people have made some progress and they do not need the physical Presence to feel the help of the Force.

 

February 15, 1951

Mother reads the beginning of Chap. Ill . about Dreams and Visions in the "Words of the Mother".

I 'have often, dreams in which railways appear. I often miss the train...

It is quite symbolical]!

...because 1 have too many baggages. I run after and at times I succeed in catching up and jumping into the last wagon.

Train, ship and, I suppose also, aeroplane are, for those who do yoga, the symbol of the way and of the Force that leads you. If you lose

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et une méditation soi-disant "ordinaire", pourquoi nous la faisons et qu'est-ce qui s'y passe ?

On fait F offrande de toutes ses actions dé la journée.

Oui, c'est l'aspect individuel. Et collectivement, pourquoi cette concentration ? (il est sur le chemin, notez, il a fait la moitié du premier pas).

On se concentre sur ses points faibles et on aspire à ce qu'ils disparaissent.

C'est encore l'aspect individuel.

Dans les méditations que nous faisions avant, là-bas (a l'Ashram) quand nous avions une méditation le soir ou le matin, mon travail consistait à unifier toutes vos consciences et à les soulever autant que je le pouvais vers le Divin. Ceux qui en étaient capables sentaient le mouvement et suivaient. C'était la méditation ordinaire, avec l'aspiration et l'ascension vers le Divin. Ici, au "terrain de jeux", le travail consiste à unifier tous les gens qui sont là, à les ouvrir et à faire descendre la force divine en eux. C'est le mouvement contraire, et c'est pourquoi cette concentration ne peut pas remplacer l'autre, de même que l'autre ne peut pas remplacer celle-ci. Ce qui se passe ici est exceptionnel — l'autre méditation (a l'Ashram), consistait à rassembler toutes les consciences de tous les êtres présents et, avec le pouvoir de l'aspiration, à les soulever vers le Divin, c'est-à-dire, à vous faire faire à chacun un petit progrès sur vous-même. Tandis qu'ici, je vous prends tels que vous êtes; chacun de vous vient en disant : "Nous voilà avec nos activités de la journée, nous nous sommes occupés de notre corps, le voilà; nous vous offrons tous nos mouvements, tels que nous les avons faits, tels que nous sommes". Et mon travail à moi est d'unifier tout cela, d'en faire une masse homogène et, en réponse à ce don (que chacun peut faire d'une façon différente), ouvrir toutes les consciences, élargir la réceptivité, faire une unité de cette réceptivité et faire descendre la Force. Alors, à ce moment-là,

your time or if you have too many baggages or if you think of it too late; well, you miss the way and you must run hard to catch up.

There are a large number of dreams like that, which give a very precise indication of the state in which you are.

How is it that you meet and recognize in dream, persons whom you will meet and recognize later on in ordinary life?

There are many possibilities. But most often, it is because some communication was established either on the mental plane or on the vital plane or even on the subtle physical plane and it is this communication that brings about the meeting later on—your dream serves not only as a premonition but also as a condition. There is an inner relation close enough to enable you to come in contact in steep and circumstances so arrange themselves that you meet physically afterwards. Sometimes it is only a premonition, but then the dream has a special quality— you see someone coming and he does come physically sometime after.

Generally it is an already established relation. It is someone whom you meet, whom you frequent, whom you speak to, with whom you live some hours at night. Then afterwards when you meet you have the impression that you are very well known to each other. And it is a fact, you are known to each other even before having met physically.

Are there not false visions?

If you narrate a story that you have not seen, evidently it is a false vision! Also if you embellish, rearrange, change your vision when you report, that becomes also a false vision. But if you say in all simplicity exactly what you have seen, what can be false there in it ? Your interpretation may be false. You may say, "the vision means this" and you generally make a big blunder. But what you have seen, you have seen and what you have not seen, you have not seen! It is a thing that always astounds me'...Have you seen ? If yes, then you have seen! The explanation of what you have seen is another matter, but if you have seen,

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chacun de vous, s'il est bien tranquille, attentif, recevra sûrement quelque chose. Il n'en sera pas toujours conscient, mais il recevra quelque chose.

En mars 1964, la question suivante a été posés à Mère :

Et que se passe-t-il maintenant que tu n'es plus là physiquement aux concentrations du terrain de jeux ?

J'espère que les gens auront fait quelques progrès, et qu'ils n'ont pas besoin de la présence physique pour sentir l'Aide et la Force.

*

**

15 février 1951

Mère lit le début du Ch. III consacré aux rêves et aux visions, dans "Entretiens suivis de Quelques Paroles".

Je fais souvent des rêves dans lesquels apparaissent des chemins de fer. Je manque souvent le train...

C'est bien symbolique !

...parce que j'ai trop de bagages. Je cours après et, parfois, j'arrive à le rattraper et à sauter dans le dernier wagon.

Le train, le bateau, et, je le suppose aussi, l'aéroplane, pour ceux qui font le Yoga, sont le symbole du chemin et de la Force qui vous conduit — si vous perdez votre temps, ou si vous avez trop de bagages ou si vous y pensez trop tard, eh bien, vous manquez le chemin et il faut courir beaucoup pour le rattraper.

you have seen!

This question generally comes from those who have the habit of rearranging a little what they see. They see a small thing, perhaps, in a flash and then willingly or unwillingly, consciously or unconsciously they rearrange, they add a little bit here, add a little bit there, they give a little explanation, make the thing coherent and when it becomes something that can stand on its own legs, they say, "I had this vision", but it is not at all the thing they say... it is a kind of mental insincerity. It is spontaneous—when the mind sees one thing here, another thing there, yet a third elsewhere, this is very unpleasant for it. It fills up the holes, it says, "this leads to that", "that is the cause of this" and so on and the mind is very glad, because this is logical. What the mind adds in between the points may happen, by chance, to be true, but it may also be false.

Rather ask yourself whether you have a mind that keeps quiet, that is wholly sincere and objective, that says exactly what it has seen or whether you have that kind of mind which overflows with activity, which as soon as it sees something, adds to it its grain of salt automatically and makes out of it a big story, you are then convinced that you have seen all that, while in fact you have not seen it at all. It is there that one can say that the visions are not sincere. But that is not the fault of the vision, what you have seen, you have seen, it is the fault of the interpretation or simply of the narration which got embellished. I have had admirable examples;

of people who had seen things really revealing, but then understood nothing. At the moment they said spontaneously what they had seen— in half an hour the story became a little different, all the "holes" were filled up and finally the story stood on its legs ! The story was idiotic, there was no sense in it, whereas the few points that he had seen were magnificent revelations.

(silence)

The capacity for visions, if it is sincere and spontaneous, may put you in touch with events which you are not capable of knowing in your outer consciousness... .It is an interesting fact that somewhere in the terrestrial mind, somewhere in the terrestrial vital, somewhere in the subtle physical, one can find an exact, perfect, automatically recording of each

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Il y a quantités de rêves comme cela, qui donnent une indication très précise de l'état dans lequel on se trouve.

Comment se fait-il que l'on rencontre et connaisse en rêve des gens que Von rencontrera et connaîtra ensuite dans la vie ordinaire?

Il y a beaucoup de possibilités. Mais le plus souvent, c'est qu'une communication a été établie, soit sur le plan mental, soit sur le plan vital et même sur le plan subtil physique, et c'est cette communication qui amène la rencontre plus tard — votre rêve n'est pas seulement prémonitoire, il est conditionnel; il y a une relation intérieure assez proche pour que vous puissiez entrer en contact pendant le sommeil, et les circonstances s'arrangent pour que vous vous rencontriez physiquement ensuite. Quelquefois c'est prémonitoire seulement, mais alors le rêve a une qualité spéciale — on voit arriver quelqu'un et il arrive physiquement quelque temps après.

En général, c'est une relation établie; c'est quelqu'un que l'on rencontre, que l'on fréquente, à qui l'on parle, avec qui l'on vit pendant certaines heures de la nuit. Alors après, quand on se rencontre, on a l'impression que l'on se connaît très bien. Et c'est un fait, on se connaît déjà avant de se rencontrer physiquement.

N'y a-t-il pas des visions fausses ?

Si vous racontez une histoire que vous n'avez pas vue, évidemment c'est une vision,fausse ! Si, aussi, vous embellissez, arrangez, changez votre vision quand vous la rapportez, cela devient aussi une vision fausse. Mais si vous dites en toute simplicité ce que vous avez vu, qu'est-ce qu'il peut y avoir de faux ? C'est votre interprétation qui peut être fausse — vous pouvez dire : "Cela veut dire ça", et vous vous trompez grossièrement, mais ce que vous avez vu, vous l'avez vu, et ce que vous n'avez pas vu, vous ne l'avez pas vu ! C'est une chose qui m'ahurit toujours !... Est-ce que vous avez vu ? Si oui, vous avez vu ! L'explication de ce que vous avez vu est une autre affaire, mais si vous avez vu, vous avez vu !

and everything that happens. It is the most formidable memory that one can imagine, that misses nothing, forgets nothing, records everything. And if you are able to enter into it, you can go backward, you can go forward, and in all directions and you will have the memory of all things— not only things of the past, but of things that are to come. For everything is recorded there.

In the mental world, for example, there is a domain of the mental physical which concerns physical things and keeps the memory of physical happenings upon earth—it is as though you entered under innumerable vaults, following one after another indefinitely and these vaults are filled with racks one above another, one above another with small doors. Then if you want to know something and if you are conscious, you look and see just a small point—a shining point; you know that it is that which you wish to know and you have only to concentrate there and it opens. And when it opens, there is an unfolding of something resembling manuscripts, extremely subtle, but if your concentration is strong enough you begin to read as though in a book. And you have the whole story with all the details. There are thousands of these small holes. When you walk there, it is as though you walk in infinity. And in this way you can find the exact facts about whatever you want to know. But I must tell you that what is there has never been reported in history. Histories are always made-up. I have never met one single "historical" fact which may be like history. This is not to discourage you from reading history, but it is like that. Events have occurred quite in a different way from what has been reported, and that for a very simple reason. The human brain is not capable of recording things with exactitude. History is built upon memories and memories are always vague. If you take, for example, written memories, he who writes chooses the events that interested him, what he had seen, noticed or known and that is always only a small portion of the whole. When the historian narrates, it is the same as in the matter with dreams; you take one point, then another, then another and you can have an almost exact vision of what has happened and with a little imagination you fill up the gaps; but they want a continuous story. Between events or moments there are gaps which they fill up in the way they can or rather wish according to their preferences mental, vital and so forth. And that makes up the history that you are made to learn. The same story narrated

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Cette question vient généralement de ceux qui ont l'habitude d'arranger un peu ce qu'ils voient. Ils voient une petite chose, n'est-ce pas, dans un éclair, et alors, volontairement ou involontairement, consciemment ou inconsciemment, ils arrangent, ils ajoutent une petite chose, ils en ajoutent une autre, ils donnent une petite explication, ils rendent l'affaire cohérente, et quand c'est devenu quelque chose qui tient debout, ils disent : "J'ai eu cette vision", mais ce n'est pas du tout ce qu'ils ont vu. ..C'est une sorte d'insincérité mentale. C'est spontané— quand le mental voit une chose ici, une chose là et une autre ailleurs, c'est très désagréable pour lui. Il remplit les trous, il dit "ceci mène à cela", "cela est la cause de ceci" et ainsi de suite, et la pensée est très contente car c'est logique. Ce que le mental ajoute entre les points de vision peut, par chance, être vrai, mais ce peut être faux aussi.

Demandez-vous plutôt si vous avez un mental qui se tient tranquille, qui est tout à fait sincère et objectif, qui dit exactement ce qu'il a vu, ou si vous avez une de ces mentalités débordantes d'activité qui, dès qu'elle a vu quelque chose, y ajoute son grain de sel, automatiquement, et fait une grande histoire, alors vous êtes tout à fait convaincu que vous avez vu tout cela, mais en réalité vous ne l'avez pas vu du tout. C'est là que l'on peut dire que les visions ne sont pas sincères. Mais ce n'est pas la faute de la vision ! ce que vous avez vu, vous l'avez vu, c'est la faute de l'interprétation, ou simplement du récit qui s'embellit. J'ai eu des exemples admirables ! de gens qui avaient vu des choses vraiment révélatrices, mais qui n'y comprenaient rien. Sur le moment, n'est-ce pas, ils ont dit spontanément ce qu'ils avaient vu — en une demi-heure l'histoire était devenue un peu différente, tous les "trous" étaient remplis, et finalement l'histoire se tenait tout à fait debout ! L'histoire était idiote, elle n'avait pas de sens, tandis que les quelques points qu'ils avaient vus étaient des révélations magnifiques.

(silence)

La capacité d'avoir des visions, quand elle est sincère et spontanée, peut vous mettre en contact avec des événements que vous n'êtes pas capable de connaître dans votre conscience extérieure... Il y a un fait très intéressant, c'est que, quelque part dans le mental terrestre, quelque

in one language and in another, in one country or in another, you cannot imagine how comic it is ! It is particularly true if one of the countries is interested because of its vanity or prestige. Finally the two images that are presented to you are so different that one would believe that two different things were spoken of. It is unbelievable. But I have noticed that even for facts altogether external and concrete where there is no question of evaluation, it is still the same thing. No human brain is capable of understanding a thing in its totality. Even the most scholarly, the most learned, the most sincere does not look at a subject—especially at many subjects—in a total way. He will say what he knows, what he understands, but all that he does not know, all that he does not understand are not there and this absolutely changes everything.

But if you can have this capacity for entering into terrestrial memory I assure you it is worth the trouble. It is quite different from Yoga; it is not necessary to have a spiritual life for that, yon' must have a special capacity.

For everything—I would repeat it to you eternally if I had time —for everything one must be absolutely sincere. If you are not sincere, you will begin by deceiving yourself and all your experiences will be worth nothing at all. But if you are sincere and by discipline (for it is not easy) you are able to enter into the mental memory of the world, you will make discoveries that are really worth the trouble.

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part dans le vital terrestre, quelque part dans le physique subtil, on peut trouver l'enregistrement exact, parfait, automatique, de tout ce qui se pas«e. C'est la mémoire la plus formidable que l'on puisse imaginer, qui ne manque rien, qui n'oublie rien, qui enregistre tout; et si vous êtes capable d'entrer là-dedans, vous pouvez aller en arrière, vous pouvez aller en avant et dans tous les sens, et vous aurez le souvenir de toutes les choses — pas seulement des choses qui se sont passées, mais des choses qui doivent venir. Car tout est enregistré.

Dans le monde mental, par exemple, il existe un domaine mental physique, qui concerne les choses physiques et qui garde le souvenir des événements terrestres physiques. C'est comme si vous entriez sous des voûtes innombrables qui se suivent indéfiniment, et ces voûtes sont pleines de petits casiers l'un au-dessus de l'autre, l'un au-dessus de l'autre, avec des petites portes. Alors, si vous voulez savoir quelque chose et que vous soyez conscient, vous regardez et vous voyez comme un petit point — un point qui brille, vous savez que c'est cela que vous voulez savoir et vous n'avez qu'à vous concentrer là; et cela s'ouvre; et quand cela s'ouvre, il y a comme un déroulement de quelque chose qui ressemblerait à des manuscrits, extrêmement subtils, mais si vous avez une concentration suffisante vous commencez à lire comme dans un livre. Et vous avez toute l'histoire dans tous les détails. Il y a des milliards de ces petits trous, n'est-ce pas; quand vous vous promenez là, c'est comme si vous vous promeniez dans un infini. Et vous pouvez trouver comme cela le fait exact de tout ce que vous voulez savoir, Mais je dois vous dire que ce n'est jamais ce qui a été rapporté dans l'histoire—les histoires sont toujours arrangées; je n'ai pas rencontré un seul fait "historique" qui soit comme l'histoire — ce n'est pas pour vous décourager d'apprendre l'histoire, mais c'est comme cela. Les événements se sont passés tout différemment de la façon dont ils ont été rapportés, et pour une raison très simple : le cerveau humain n'est pas capable d'enregistrer les choses avec exactitude; on construit l'histoire sur les souvenirs, et les souvenirs sont toujours vagues. Si l'on prend des souvenirs écrits, par exemple, celui qui écrit, choisit les événements qui l'ont intéressé, ce qu'il a vu, remarqué ou su, et ce n'est jamais qu'une toute petite partie de l'ensemble. Quand l'historien raconte, c'est la même chose que pour les rêves, n'est-ce pas, où vous avez un point, puis un autre, puis un

autre, et alors vous pouvez avoir une vision à peu près exacte de ce qui s'est passé, et avec un peu d'imagination vous bouchez les trous; mais eux, ils font une histoire continue; entre les événements ou les moments, il y a des trous qu'ils remplissent comme ils peuvent, ou plutôt comme ils veulent, suivant leurs préférences mentales, vitales, etc. Et cela fait l'histoire que l'on vous fait apprendre! La même histoire, racontée dans une langue et dans une autre, dans un pays ou dans un autre, vous ne pouvez pas imaginer comme c'est comique ! C'est spécialement vrai si l'un des pays est intéressé par sa vanité, son prestige. Et finalement, les deux images que l'on vous présente sont si différentes, que l'on pourrait croire que l'on parle de quelque chose d'autre. C'est incroyable. Mais j'ai remarqué que, même pour les faits tout à fait extérieurs, concrets, où il n'entre pas d'appréciation, c'est encore la même chose; il n'y a pas de cerveau humain qui soit capable de comprendre une chose dans sa totalité; même le plus savant, même le plus érudit, même le plus sincère ne voit pas un sujet — et surtout beaucoup de sujets — d'une façon totale; il dira ce qu'il sait, ce qu'il comprend, et tout ce qu'il ne sait pas, tout ce qu'il ne comprend pas n'est pas là, et cela change absolument tout.

Mais si l'on peut avoir cette capacité d'entrer dans la mémoire terrestre, je vous assure que cela vaut la peine. C'est tout à fait différent du Yoga; il n'est pas nécessaire d'avoir une vie spirituelle pour cela, il faut avoir une capacité spéciale.

Pour toute chose — je vous le répéterais éternellement si j'en avais le temps — pour toute chose il faut être absolument sincère. Si vous n'êtes pas sincère, vous commencerez par vous tromper vous-même et toutes vos expériences ne vaudront pas un sou. Mais si vous êtes sincère et que vous arriviez par discipline (car ce n'est pas facile) à entrer dans cette mémoire mentale du monde, vous ferez des découvertes qui valent vraiment: la peine.  

 

 

 

 

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Commentaires sur les Aphorismes

de Sri Aurobindo

(suite)

 

101

 

Dans la vision de Dieu, il n'y à ni près, ni loin, ni présent, ni passé, ni futur. Ces choses ne sont qu'une perspective commode pour son tableau du monde.

102

Pour les sens, il est toujours vrai que le soleil tourne autour de la terre; mais c'est faux pour la raison. Pour la raison, il est toujours vrai que la terre tourne autour du soleil; mais c'est faux pour la vision suprême. Ni la terre ni le soleil ne bougent; il y a seulement un changement dans la relation de la conscience du soleil et de la conscience de la terre.

(long silence)

IMPOSSIBLE, je ne peux rien dire.

Cela voudrait dire que notre perception habituelle du monde physique est une perception fausse.

Oui, naturellement.

Mais alors, à quoi ressemblerait la perception vraie.

Eh bien oui, voilà !

Questions and Answers on

"Thoughts and Aphorisms"

(Continued)

 

101

 

In God's sight there is no near or distant, no present, past or future. These things are only a convenient perspective for His world-picture.

102

To the senses it is always true that the sun moves round the earth; this is false to the reason. To the reason it is altogether true that the earth moves round the sun; this is false to the supreme vision. Neither earth moves nor sun; there is only a change in the relation of sun-consciousness and earth-consciousness.

(long silence)

IMPOSSIBLE, I can say nothing.

That would mean that our normal perception of the physical world is a false perception.

Yes, naturally.

But then what would the true perception be like?

Well yes there it is I

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...la perception vraie du inonde physique—des -arbres, des gens, des pierres — à quoi cela ressemble pour un œil supramental ?

C'est justement ce que l'on ne peut pas dire! Quand on a la vision et la conscience de l'Ordre de Vérité, de ce qui est direct, l'expression directe de la Vérité, on a immédiatement l'impression de quelque chose d'inexprimable, parce que tous les mots appartiennent à l'autre domaine; toutes les images, toutes les comparaisons, toutes les expressions appartiennent à l'autre domaine.

J'ai eu cette grosse difficulté, précisément (c'était le 29 février); pendant tout le temps que je vivais dans cette conscience de la manifestation directe de la Vérité, j'ai essayé de formuler ce que je sentais, ce que je voyais — c'était impossible. Il n'y avait pas de mots. Et immédiatement, rien que la formule faisait retomber instantanément dans l'autre conscience.

A cette occasion, le souvenir de cet aphorisme du soleil et de la terre m'était revenu... même dire: "changement de conscience"—changement de conscience, c'est encore un mouvement.

Je crois que l'on ne peut rien dire. Je ne me sens pas capable de dire, parce que tout ce que l'on dit, ce sont des approximations pas intéressantes.

Mais quand tu es dans cette Conscience de Vérité, est-ce une expérience "subjective" ou est-ce que la Matière elle-même change d'aspect?

Oui, tout—le monde tout entier est différent! Tout est dînèrent. Et l'expérience m'a convaincue d'une chose, que je continue à sentir constamment, c'est que les deux états (de Vérité et de Mensonge) sont simultanés, concomitants, et que c'est seulement... oui, ce qu'il appelle un "changement de conscience", c'est-à-dire que l'on est dans cette conscience-ci ou l'on est dans cette conscience-là, mais on ne bouge pas pour autant. -..-.

Nous sommes obligés d'employer des mots qui bougent, parce que pour nous tout bouge, mais ce changement, de conscience n'est pas un

...the true perception of the physical world—trees, people, stones -—what do they look like to a Supramental eye?

It is just that which one cannot say! When you have the vision and the consciousness of the order of Truth, of what is direct, the direct expression of the Truth, you have immediately an impression of something inexpressible, because all words belong to the other domain; all images, comparisons, expressions belong to the other domain.

I had this great difficulty precisely all the time (it was the 29th February) during which I lived in this consciousness of the direct manifestation of the Truth, I tried to formulate what I was feeling, what I was seeing—it was impossible. There were no words. And immediately, the mere formula itself caused an instantaneous fall-back into the other consciousness.

On that occasion, the memory of the aphorism on sun and earth came to me...even to say "change of consciousness"—change of consciousness, it is also a movement.

I believe one can say nothing. I do not feel myself capable of saying, because whatever one says means only approximations which are not interesting.

But when you are in this Truth-Consciousness, is it a subjective experience or the very Matter changes its aspect?

Yes, everything—the whole world is different! Everything is different. And the experience has convinced me of one thing, which I am still feeling constantly : it is this that the two states (Truth and Falsehood) are simultaneous, concomitants, and it is only... yes, what is called a "change of consciousness", that is to say, when one is in this consciousness or in that other, but one does not move because of that.

We are obliged to use words that move, because for us everything moves but this change of consciousness is not a movement—it is not a movement. So then how can you speak of that, describe that ?...

Even if we say, "it is a state taking the place of another", "take the place of", immediately we introduce movement... all words are like that,

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mouvement — ce n'est pas un mouvement. Et alors, comment pouvons-nous parier de cela, décrire cela ?...

Même si nous disons : "un état qui prend la place d'un autre", prendre la place de... immédiatement nous introduisons le mouvement — tous nos mots sont comme cela, qu'est-ce que nous pouvons dire ?

Encore hier, l'expérience était tout à fait concrète et puissante, qu'il n'est pas besoin de se déplacer ou de déplacer quoi que ce soit pour que cette Conscience de Vérité remplace la conscience de déformation ou de distorsion. C'est-à-dire que la capacité de vivre et d'être cette Vibration vraie — essentielle et vraie — paraît avoir le pouvoir de substituer cette Vibration à la vibration de Mensonge et de Déformation, au point que... par exemple, le résultat de la Déformation ou de la vibration de déformation, devait être naturellement un accident, ou une catastrophe, mais si, au sein de ces vibrations, il y a une conscience qui a le pouvoir de devenir consciente de la Vibration de Vérité et, par conséquent, de manifester la Vibration de Vérité, cela peut — et cela doit — annuler l'autre; ce qui se traduirait, dans le phénomène extérieur, par .une intervention qui arrêterait la catastrophe.

C'est une impression qui vient grandissante, que le Vrai est le seul moyen de changer le monde; que tous les autres procédés de lente transformation sont toujours en tangente (on approche de plus en plus, mais on n'arrive jamais) et que le dernier pas, ce doit être cela, cette substitution de la Vibration vraie.

On a des preuves partielles. Mais comme elles sont partielles, elles ne sont pas probantes; parce que, pour la vision et la compréhension ordinaires, on peut toujours trouver des explications — dire que c'était prévu et prédestiné que l'accident avorterait, par exemple, et, par conséquent, que ce n'est pas du tout cette intervention qui l'a fait avorter, mais le "Déterminisme" qui l'avait décidé. Et comment prouver ? comment même se prouver à soi-même qu'il en est autrement ? ce n'est pas possible.

N'est-ce pas, dès que l'on exprime, on entre dans le mental, et dès que l'on entre dans le mental, il y a cette espèce de logique, qui est effroyable parce qu'elle est toute-puissante : si tout est déjà existant, co-existant, de toute éternité, comment peut-on changer une chose en une autre?... comment quoi que ce soit peut-il "changer" ?

what is it we are able to say?...

Even yesterday the experience was altogether so concrete and powerful that there was no need to displace oneself or anything whatsoever for this Truth-Consciousness to replace the consciousness of deformation and distortion. That is to say, the capacity to live and be this true Vibration—essential and true—seems to have the power to substitute this Vibration for the vibration of Falsehood and Deformation to such an extent that.. .for example, the result of Deformation and the vibration of deformation would naturally lead to an accident or a catastrophe, but if there is, in the core of these vibrations, a consciousness which is capable of being conscious of the Vibration of the Truth and therefore capable of manifesting the Vibration of Truth, that can—that must—annul the other; this would be translated in the external phenomenon as an intervention preventing the catastrophe.

This is an impression coming increasingly that, the Truth is the only way of changing the world, all other processes of slow transformation are always at a tangent (you approach more and more but never meet) and the last step must be this, the substitution of the true Vibration.

One gets partial proofs. But as they are partial, they do not prove; because you can always give explanations for ordinary vision and understanding—saying that it was foreseen and predestined that the accident, for example, would miscarry and therefore it is not the intervention that caused the miscarriage, but it is the "Determinism" that had decided it. And how to prove ? How to prove it to oneself that it is the other way ? It is not possible.

As soon as you express yourself, you enter into the mind, and as soon as you enter the mind, there is this kind of logic which is frightful, because it is all-powerful: if all things exist already, are coexistent, since eternity, how can you change one thing into another ?.... How can anything whatever at all "change" ?

It is said (Sri Aurobindo himself says it just here) that for the consciousness of the Supreme there is no past, nor time nor movement nor anything—all is. In translating we say "for all eternity", which is stupid, for in fact everything is. So everything is (Mother crosses her arms), and then that is the end, nothing to be done. This conception then, rather this way of saying (for it is only a way of saying) annuls all

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On vous dit (Sri Aurobindo vient de le dire lui-même) que pour la conscience du Seigneur, il n'y a ni passé, ni temps, ni mouvement,ni rien — tout est. Pour traduire, nous disons "de toute éternité", ce qui est une ânerie, mais enfin tout est. Alors tout est (Mère se croise les bras) et puis c'est fini, il n'y a rien à faire. N'est-ce pas, cette conception-là, ou plutôt cette façon de dire (parce que c'est seulement une façon de dire) annule le sens du progrès, annule l'évolution, annule... on vous dit : il fait partie de la Détermination que vous devez faire l'effort de progrès — oui, tout cela, c'est de la rhétorique.

Et notez que cette façon de dire, c'est une minute d'expérience, mais ce n'est pas l'expérience totale. Il y a un moment où l'on sent comme cela, mais ce n'est pas total, c'est partiel. C'est seulement une façon de sentir, ce n'est pas tout. Il y a quelque chose de beaucoup plus profond et de beaucoup plus inexprimable, dans la conscience éternelle, que cela — beaucoup plus. Cela, c'est seulement le premier ahurissement que l'on a quand on sort de la conscience ordinaire, mais ce n'est pas tout. Ce n'est pas tout. Quand le souvenir de cet aphorisme m'est revenu, ces jours-ci, j'avais l'impression que c'était seulement juste un petit aperçu que l'on a tout d'un coup et une sensation d'opposition entre les deux états, mais ce n'est pas tout.—-ce n'est pas tout. Il y a autre chose que cela.

Il y a autre chose, qui est tout autre chose que ce que nous comprenons, mais qui se traduit par ce que nous comprenons.

Et cela, on ne peut pas le dire. On ne peut pas le dire parce que c'est inexprimable, inexprimable.

Ceci revient à sentir que tout ce qui, dans notre conscience ordinaire, devient faux, mensonger, déformé, tortueux, tout est essentiellement vrai pour la Conscience de Vérité. Mais de quelle manière est-ce vrai ? c'est justement quelque chose qui ne peut pas se dire avec des mots, parce que les mots appartiennent au Mensonge.

sense of progress, annuls evolution, annuls... you are told, "it is part of the Determinism that you should make the effort for progress"—yes, all that is rhetoric.

And note that this way of saying is only a minute's experience, it is not the whole experience. There is a moment when one feels like that, but it is not the whole, it is partial. It is only one way of feeling, it is not all. There is something much more profound and much more inexpressible than that in the eternal consciousness—much more. This thing is just the first bewilderment which one has when one comes out of the ordinary consciousness, but that is not all. It is not the whole thing. When the memory of this aphorism came back to me these days, I had the impression that it was just only a glimpse that one gets all on a sudden and a sensation of opposition between the two states, but it is not all—it is not the whole thing—there is some other thing besides that.

There is some other thing, quite other than what we understand, but which translates itself by what we understand,

And that, one cannot say. One cannot say it, because it is inexpressible.

This means that one feels that whatever becomes in our ordinary consciousness, false, untrue, deformed, tortuous, everything is essentially true for the Truth-Consciousness. But true in what way ? That is just something which cannot be said with words, because words belong to the falsehood.

That is to say the materiality of the world would not be annulled by this Consciousness, it would be transfigured ?... or would it be quite another world?

It must be understood.... I am afraid what we call "Matter" is not just the false appearance of the world.

There is something corresponding, but...

This aphorism, for example, would end in an absolute subjectivity and an absolute subjectivity alone would be true—well, it is not like that. Because it is Pralaya, it is Nirvana. But Nirvana alone is not there, there is an objectivity which is real, which is not false—but how to say!...

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C'est-à-dire que la matérialité du monde ne serait pas annulée far cette Conscience, elle serait transfigurée?,,.ou est-ce que ce serait un tout autre monde!

(silence)

Il faudrait s'entendre... J'ai peur que ce que nous appelons "la Matière", ne soit justement l'apparence mensongère du monde.

Il y a quelque chose qui correspond, mais...

N'est-ce pas, cet aphorisme aboutirait à une subjectivité absolue, "et ce serait seulement cette subjectivité absolue qui serait vraie—eh bien, ce n'est pas comme cela. Parce que c'est le pralaya, c'est le nirvana. Eh bien, il n'y a pas que le nirvana, il y a une objectivité qui est réelle, qui n'est pas mensongère—mais comment dire!... C'est une chose que j'ai sentie plusieurs fois — plusieurs fois, pas seulement en un éclair—la réalité de... (comment s'exprimer ? on est toujours trompé par ses mots)... Dans le parfait sens de l'Unité et dans la conscience de l'Unité, il y a place pour l'objectif, l'objectivité — l'un ne détruit pas l'autre, du tout; on peut avoir la sensation d'une différenciation; non pas que ce ne soit pas soi, mais c'est une vision différente... Je vous l'ai dit, tout ce que l'on peut dire n'est rien, ce sont des âneries, parce que les mots sont faits pour exprimer le monde irréel, mais... oui, c'est peut-être ce que Sri Aurobindo appelle le sens de la "Multiplicité dans l'Unité", cela correspond peut-être un peu; de même que l'on sent la multiplicité interne de son être, quelque chose comme cela... Je n'ai plus du tout la sensation du moi séparé, plus du tout, du tout, même dans le corps, et cela ne m'empêche pas d'avoir un certain sens du rapport objectif—oui, tiens, cela revient à sa "relation de conscience entre la terre et le soleil", qui change; (riant') c'est vrai que c'est peut-être la meilleure façon de dire! C'est une relation de conscience. Ce n'est pas du tout la relation de soi et "d'autres" — du tout, c'est complètement annulé —, mais cela pourrait ressembler à la relation de conscience , entre les différentes parties de son être. Et cela donne de l'objectivité aux différentes parties, évidemment.

(long silence)

It is a thing I have felt many a time—many a time, not merely in a flash —the reality of... (how to express ? you are always deceived by your words).... In the perfect sense of Unity and in the consciousness of Unity, there is place for the objective, for objectivity—one does not destroy the other, not at all. You can have the sensation of a differentiation, not that it is not oneself, but that it is a different vision. I have told you, whatever one can say is nothing, it is stupidity, because words are made to express the unreal world, but.. .yes, perhaps what Sri Aurobindo calls "the sense of the Multiplicity in Unity" corresponds perhaps a little, even as one feels the inner multiplicity of one's being, it is something like that.... I have no more the sensation of the separate "I", not in the least, not in the least, even in the body, but that does not prevent me from having a certain sense of objective relation—yes, that brings us to his "relation of consciousness between earth and sun" which changes; (laughing) true, that is perhaps the best way of saying! it is a relation of consciousness. It is not the relation of self and "others"—not at all, that is wholly annulled—but that could resemble a relation of consciousness between the different parts of one's being. And that gives objectivity to the different parts evidently.

(long silence)

To come back to the example which is easily understandable, of an accident that miscarries. One can very well conceive that the intervention of the Truth-Consciousness was decided "for all eternity" and there is no new element, but that does not disprove the fact that it was this intervention which stopped the accident (and that gives an exact image of the power of this true consciousness over the other). And if one throws upon the Supreme one's own manner of being, you can conceive that it amuses Him to make all kinds of experiments, to see how that works in play (it is another matter, that does not prevent there being an All Consciousness knowing all things for all eternity—all that in absolutely inadequate words); but that does not disprove, when one looks at the procedure, that it was this intervention that could stop the accident; the substitution of a false consciousness by a true one checked the process of the false consciousness,

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Pour en revenir à cet exemple très facilement compréhensible de l'accident qui avorte, on peut très bien concevoir que l'intervention de la Conscience de Vérité était décidée "de toute éternité" et qu'il n'y a aucun élément "nouveau", mais cela n'empêche pas que c'est cette intervention qui a arrêté l'accident (ce qui donne une image exacte du pouvoir de cette conscience vraie sur l'autre). Si l'on projette sa manière d'être sur le Suprême, on peut concevoir qu'il s'amuse à faire beaucoup d'expériences, pour voir comment cela joue (c'est autre chose, cela n'empêche pas qu'il y ait une Toute-Conscience qui sache de toute éternité toutes choses — tout cela avec des mots absolument inadéquats), mais cela n'empêche pas que, quand on regarde le procédé, c'est cette intervention qui a pu faire avorter l'accident, la substitution d'une conscience vraie à une conscience mensongère a arrêté le processus de la conscience mensongère.

Et cela me paraît se passer assez souvent — beaucoup plus souvent qu'on ne le croit. Par exemple, chaque fois qu'une maladie est guérie, chaque fois qu'un accident est évité, chaque fois qu'une catastrophe, même terrestre, est évitée, tout cela, c'est toujours l'intervention de la Vibration d'Harmonie dans la vibration de Désordre, qui permet que le Désordre cesse.

Alors les gens, les fidèles qui disent toujours: "Par la grâce de Dieu ceci est arrivé", ce n'est pas si faux.

Je constate seulement un fait, que c'est cette Vibration d'Ordre et d'Harmonie qui est intervenue (les raisons de son intervention n'ont rien à voir, c'est seulement une constatation scientifique) et cela, j'en ai eu un assez grand nombre d'expériences.

Ce serait le processus de transformation du monde ?

Oui.

Une incarnation de plus en plus constante de cette Vibration d'Harmonie.

C'est cela, oui, exactement. Exactement.

Et même, à ce point de vue, j'ai vu... N'est-ce pas, l'idée ordinaire

That it seems to me happens quite often—much more often than one believes. For example, each time an illness is cured, each time an accident is avoided, each time a catastrophe, even a terrestrial catastrophe, is avoided, all that is always the intervention of the Vibration of Harmony into the vibration of Disorder that causes the disorder to stop.

So the people, the faithful who say always : "By the grace of God, this has happened", do not say quite an untruth.

I state only a fact that it is this Vibration of Order and Harmony which intervenes (the reason of its intervention is not in question, it is only a scientific statement) and of that I have had quite a large number of experiences.

That would be the process of transformation of the world?

Yes.

A more and more constant incarnation of this Vibration of Harmony.

That's it, exactly so, exactly so.

And even, from this point of-view, I have seen.... The ordinary idea that it is necessarily in the body where the Consciousness is expressed in the most persistent way that the phenomenon (of transformation) must first occur seems altogether useless and secondary; on the contrary, that happens at the same time wherever that can happen in the most easy and total way, and it is not necessarily this agglomeration of cells (Mother pointed to her own body) that is most ready for this operation. Therefore it may remain for a very long time apparently what it is, even if its understanding and receptivity are extraordinary. I mean to say that the awareness, the conscious perception of this body is infinitely superior to that which all those with whom it is in contact may have, except for those minutes—when other bodies have, by Grace, this Perception; whereas in its case it is a natural and constant state; it is the positive result of the fact that this Truth-Consciousness is more constantly concentrated on this group of cells than on others—more directly; but the replacement

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que c'est nécessairement dans le corps où la Conscience s'exprime d'une façon plus constante, que le phénomène (de transformation) doit se produire en premier, cela paraît tout à fait inutile et secondaire; au contraire, cela se produit partout en même temps où cela peut se produire le plus facilement et le plus totalement, et ce n'est pas nécessairement cet agglomérat de cellules (Mère désigne son propre corps) qui est le plus prêt à cette opération. Par conséquent, il peut rester pendant très longtemps apparemment ce qu'il est, même si sa compréhension et sa réceptivité sont particulières. Je veux dire que la conscience (awareness), la perception consciente de ce corps est infiniment supérieure à celle que peuvent avoir tous ceux avec lesquels il est mis en rapport, excepté à des minutes — des minutes — où d'autres corps ont, comme une grâce, la Perception; tandis que, pour lui, c'est un état naturel et constant; c'est le résultat effectif du fait que cette Conscience de Vérité est plus constamment concentrée sur cet ensemble de cellules que sur les autres —plus directement; mais le remplacement d'une vibration par l'autre, dans les faits, dans l'action, dans l'objet, cela vient à l'endroit où c'est le plus frappant et le plus efficace au point de vue des résultats.

C'est une chose que j'ai sentie d'une façon très très claire, et que l'on ne peut pas sentir tant que l'ego physique est là, parce que l'ego physique a le sens de son importance, et cela disparaît tout à fait avec l'ego physique; quand il disparaît, on a la perception exacte que l'intervention ou la manifestation de la Vibration vraie ne dépend pas des ego ni des individualités (individualités humaines ou individualités nationales, ou même individualité de la Nature : animaux, plantes etc.), cela dépend d'un certain jeu des cellules et de la Matière, où il y a des agglomérations qui sont particulièrement favorables pour produire la transformation — pas "transformation", la substitution, pour être exact, la substitution de la Vibration de Vérité à la vibration de Mensonge. Et le phénomène peut être très indépendant des groupements et des individualités (ce peut être un morceau ici, un morceau là, une chose là, une chose là); et cela correspond toujours à une certaine qualité de vibration, qui produit comme un gonflement—un gonflement réceptif—, alors là, le phénomène peut se produire.

Malheureusement, je le disais au début, tous les mots appartiennent au monde de l'apparence.

of one vibration by the other, in facts, in action, in objects comes at the spot where it is most striking and effective from the point of view of results.

It is a thing I have felt very clearly and which one cannot feel so long as the ego is there, because the physical ego has the sense of its importance and that disappears altogether with the physical ego—and when it disappears one has the exact perception that the intervention or the manifestation of the true Vibration does not depend on the egos or individualities (individualities human or national or even Nature's individuality : animals, plants etc.), that depends on a kind of play of the cells and Matter in which there are agglomerations that are particularly favorable to produce the transformation—not exactly "transformation", substitution, to be precise, the substitution of the Vibration of Truth for the vibration of Falsehood. And the phenomenon may be quite independent of groupings and individualities (it may be a bit here, a bit there, one thing here, one thing there), it corresponds always to some quality of vibration that produces a sort of inflation—a receptive swelling,—then there the phenomenon may occur.

Unfortunately, as I said at the beginning, all. words belong to the world of appearance.

(silence)

And this is my experience of all this time, with a vision and a conviction—the conviction of an experience : the two vibrations are like that (gesture indicating superposition and infiltration), all the time. All the time, all the time.

Perhaps it becomes a wonder when the infiltrated quantity is sufficiently large to become perceptible. But I have the impression—and a very acute impression—that it is a phenomenon that is happening all the time, all the time, everywhere, in a minute way (gesture of infiltration by dotting), in an infinitesimal way; and in certain circumstances, conditions that are visible—visible to that vision (it is a kind of luminous inflation, I cannot explain—there, the mass of infiltration is sufficient to give the impression of a miracle; but otherwise it is something that occurs all the time, all the time without stop in the world (same gesture of dotting), as an infinitesimal quantity of Falsehood replaced by the Light, Falsehood

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(silence)

Et c'est mon expérience de tous ces temps-ci, avec une vision et une conviction — la conviction d'une expérience : les deux vibrations sont comme cela (geste indiquant une superposition et une infiltration), tout le temps. Tout le temps, tout le temps.

Peut-être que l'émerveillement vient quand la quantité infiltrée est suffisamment grande pour être perceptible. Mais j'ai l'impression — et une impression très aiguë — que c'est un phénomène qui se produit tout le temps, tout le temps, partout, d'une façon minuscule (geste d'infiltration en pointillement), infinitésimale, et que dans certaines circonstances, conditions, qui sont visibles — visibles pour cette vision-là (c'est une sorte de gonflement lumineux, je ne peux pas expliquer) — là, la masse de l'infiltration est suffisante pour donner l'impression du miracle; mais autrement, c'est quelque chose qui se produit tout le temps, tout le temps, sans arrêt, dans le monde (même geste de pointillement), comme une quantité infinitésimale de Mensonge remplacée par la Lumière, Mensonge remplacé par la Lumière.. .constamment.

Et cette Vibration (que je sens et que je vois), cela donne l'impression d'un feu; c'est cela que les rishis védiques devaient traduire par cette "Flamme" — dans la conscience humaine, dans l'homme, dans la Matière; ils parlaient toujours d'une "Flamme". C'est en effet une vibration de l'intensité d'un feu supérieur.

Même le corps a senti, plusieurs fois, quand le Travail était très concentré ou condensé, que c'est l'équivalent d'une fièvre.

Il y a deux ou trois nuits, quelque chose comme cela s'est passé : il y a eu cette descente de Force, descente de cette Puissance de Vérité avec une intensité particulière... Eh bien, c'est ce qui se passe—qui se passe partout, tout le temps. Alors, si c'est dans un agglomérat assez considérable, cela donne l'apparence d'un miracle — mais c'est le miracle 'de la terre tout entière.

Et il faut tenir bon, parce que cela a des conséquences, cela amène une sensation de Pouvoir, et très peu de gens peuvent le sentir, l'éprouver sans être plus ou moins dérangés dans leur équilibre, parce qu'ils n'ont pas une base de paix suffisante — de paix vaste et très, très tranquille. Maintes fois j'ai dit : "Il n'y a qu'une réponse, une seule réponse : il faut

replaced by Light... constantly.

And this Vibration (that I feel and see) gives the impression of a fire; it is that which the Vedic Rishis must have translated as the Flame —in the human consciousness, in man, in Matter, they always spoke of a Flame. It is indeed a vibration of the intensity of a higher fire.

Even the body felt, several times, when the work was very concentrated or condensed that it was the equivalent of fever.

Two or three nights before, something like that happened, there was this descent of Force, the descent of this Truth-Power with a special intensity.... Well, that is what is happening—happening everywhere, all the time. So, if it happens in an agglomeration large enough, it gives the impression of a miracle—but it is a miracle of the earth, whole and entire.

One must hold firm, because it has consequences, it brings a sensation of Power and very few can feel it, experience it without getting upset in their balance, because they have not a sufficient basis' bf peace, a vast and very quiet peace. I have said many times : "There is only one answer, one single answer, one must be quiet, quiet, and yet more quiet and more and more quiet, and do not try to find a solution by your head, for it cannot. One must be only quiet—quiet, quiet, immutably quiet. Calm and peace, calm and peace—that is the only answer".

I do not say that it is the cure, but it is the only answer : hold on in calm and peace, hold on in calm and peace....

Then something will happen.

 

25-3-1964  

 

 

 

 

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être tranquille, tranquille, et encore plus tranquille, et de plus en plus tranquille; et ne pas essayer avec votre tête de trouver une solution, parce qu'elle ne peut pas. Il faut seulement être tranquille — tranquille, tranquille, immuablement tranquille. Le calme et la paix, le calme et la paix ...Et c'est la seule réponse."

Je ne dis pas que ce soit la guérison, mais c'est la seule réponse : durer dans le calme et la paix, durer dans le calme et la paix...

Alors il se passera quelque chose.

Le 25 mars 1964  

 

 

 

 

Suffoqués par l'indigence de la nature humaine, nous aspirons à la connaissance qui sait vraiment, au pouvoir qui peut vraiment, à l'amour qui aime vraiment.

24-4-64

*

**

Suffocated by the shallowness of the human nature we aspire to the knowledge that truly knows, the power that truly can, the love that truly loves.

24-4-64  

 

 

 

 

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Une remarque sur l'âme sociale

L'employeur à l'employé

 

Rien de durable ne peut être établi sans une base de confiance. Et la confiance doit être réciproque.

Vous devez être convaincu que ce n'est pas seulement mon bien que je veux, mais aussi le vôtre. Et je dois savoir et sentir que ce n'est pas seulement pour exploiter que vous travaillez ici, mais aussi pour servir.

Le bien-être du tout dépend du bien-être de chaque partie, et la croissance harmonieuse du tout dépend du progrès de chacune des parties.

Si vous vous sentez exploité, moi aussi j'ai le sentiment que vous cherchez à m'exploiter. Et si vous craignez d'être trompé, moi aussi je sens que vous cherchez à me tromper.

C'est seulement dans l'honnêteté, la sincérité et la confiance que la société humaine peut progresser.

 

Social remark

The Employer to the Employee

\

Nothing lasting can be established without a basis of trust. And this trust must be mutual.

You must be convinced that it is not only my good that I am aiming at, but also yours. And on my side I must know and feel that you are here not merely to profit but also to serve.

There is no welfare of the whole without the welfare of each part. There is no harmonious growth of the whole without the progress of each one of its parts.

If you feel to be exploited, I also will feel that you are trying to exploit me. And if you fear to be deceived, I also will feel that you are seeking to deceive me.

It is only in straightforwardness, sincerity and confidence that human society can grow.

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About religions

 

WHY do men cling to a religion ?

Religions are based on creeds which are spiritual experiences brought down to a level where they become more easy to grasp, but at the cost of their integral purity and truth.

The time of religions is over.

We have entered the age of universal spirituality, of spiritual experience in its initial purity.

The Mother

About the Ashram

I

SRI Aurobindo has told us and we are convinced by experience that k above the mind there is a consciousness much wiser than the mental wisdom, and in the depths of things there is a will much more powerful than the human will.

All our endeavour is to make this consciousness and this will govern our lives and action and organize all our activities. It is the way in which the Ashram has been created. Since 1926 when Sri Aurobindo retired and gave me full charge of it (at that time there were only two rented houses and a handful of disciples) all has grown up and developed like the growth of a forest, and each service was created not by any artificial planning but by a living and dynamic need. This is the secret of constant growth and endless progress. The present difficulties come chiefly from psychological resistances in the disciples who have not been able to follow the rather rapid pace of the "sadhana" and the yielding to the intrusion of mental methods which have corrupted the initial working.

A growth and purification of the consciousness is the only remedy

A propos des religions

 

POURQUOI les hommes s'accrochent-ils à une religion?

Les religions sont basées sur des croyances, qui sont des expériences spirituelles ramenées à un niveau où elles sont plus faciles à comprendre, mais aux dépens de l'intégralité de leur pureté et de leur vérité.

L'ère des religions est passée.

Nous sommes entrés dans l'âge de la spiritualité universelle, de l'expérience spirituelle dans sa pureté première.

La Mère

A propos de l'Ashram

 

SRI AUROBINDO nous a dit, et nous en sommes convaincus par expérience, qu'au-dessus du mental se trouve une conscience beaucoup plus sage que la sagesse mentale, et dans les profondeurs des choses, une volonté beaucoup plus puissante que la volonté humaine.

Tout notre effort est d'arriver à ce que cette conscience et cette volonté gouvernent notre vie et notre action, et organisent toutes nos activités. C'est de cette manière que l'Ashram a été créé. Depuis 1926, quand Sri Aurobindo s'est retiré et m'a laissé la charge du travail (à cette époque, il n'y avait que deux maisons louées et une poignée de disciples), tout s'est développé spontanément, comme une forêt, et chaque service a été créé, non d'après un plan artificiel, mais dynamiquement, par un besoin vivant. C'est le secret de la croissance constante et du progrès sans fin. Les difficultés actuelles sont dues à des résistances psychologiques chez les disciples, qui ont de la peine à suivre la marche plutôt rapide de la "sâdhanâ", et à l'intrusion de méthodes mentales qui ont corrompu le mouvement initial.

Le seul remède est dans une croissance et une purification de la conscience.

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II

 

None of the present achievements of humanity, however great they are, can be for us an ideal to follow. The wide world is there as a field of experiment for human ideals.

Our purpose is quite different and if our chances of success are small just now, we are sure that we are working to prepare the future.

I know that from the external point of view, we are below many of the present achievements in this world, but our aim is not a perfection in accordance with the human standards. We are endeavoring for something else which belongs to the future.

The Ashram has been founded and is meant to be the cradle of the new world.

The inspiration is from above, the guiding force is from above, the creative power is from above, at work for the descent of the new realization.

It is only by its shortcomings, its deficiencies and its failures that the Ashram belongs to the present world.

None of the present achievements of humanity have the power to pull the Ashram out of its difficulties.

It is only a total conversion of all its members and an integral opening to the descending Light of Truth that can help it to realize itself.

The task, no doubt, is a formidable one, but we received the command to accomplish it and we are upon earth for that purpose alone.

We shall continue up to the end with an unfailing trust in the Will and the Help of the Supreme.

The door is open and will always remain open, to all those who decide to give their life for that purpose.

 

III

 

What should the Ashramites, if they truly wish to transform themselves totally, do in order to make things easy for themselves, for others and for the Mother as well ?

By definition, the Ashramite has resolved to dedicate his life to the Divine Realization. But to be true to his resolution he must be sincere,

II

 

Aucune des réalisations actuelles de l'humanité, si grandes soient-elles, ne peuvent nous servir d'idéal. Le vaste monde est là pour ceux qui veulent faire l'expérience des idéaux humains.

Notre but est tout différent, et si nos chances de succès sont petites, pour le moment, nous sommes certains que nous préparons l'avenir.

Je sais que, du point de vue extérieur, nous sommes en dessous d'un grand nombre d'accomplissements actuels sur la terre, mais nous n'avons pas pour but une perfection conforme aux normes humaines. Nous tendons à quelque chose d'autre qui appartient à l'avenir.

L'Ashram a été fondé pour être le berceau du monde nouveau.

L'inspiration vient d'en haut, la force directrice vient d'en haut, la puissance créatrice vient d'en haut, elles œuvrent à la descente de la réalisation nouvelle.

C'est seulement par ses défauts, ses insuffisances et ses échecs que l'Ashram appartient au monde actuel.

Aucun des accomplissements présents de l'humanité n'a le pouvoir de tirer l'Ashram de ses difficultés.

Seules, une conversion totale de tous ses membres et une ouverture intégrale à la descente de la Lumière de Vérité peuvent l'aider à remplir sa mission.

Nul doute, notre tâche est formidable, mais l'ordre nous a été donné de l'accomplir et nous sommes sur terre à cette seule fin.

Nous continuerons jusqu'au bout, avec une confiance' absolue en la Volonté du Suprême et en son Aide. , ;

La porte est ouverte et le sera toujours à tous ceux qui décident de consacrer leur vie à cette œuvre.

 

III

 

Si vraiment les membres de l'Ashram ont l'intention de se transformer totalement, que doivent-ils faire pour faciliter leur propre travail, celui des autres et celui de la Mère aussi ?

Par définition, est membre de l'Ashram celui qui a résolu de consacrer sa vie a la Réalisation divine. Mais pour ne pas faillir à sa résolution, il

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faithful, modest and grateful in his consecration, because these qualities are indispensable for all progress, and progress, a steady and rapid progress is indispensable to follow the pace of Nature's evolutionary advance.

Without these qualities, one may have sometime the appearance of progress but it is only an appearance, a pretence, and at the first occasion it crumbles down.

To be sincere, all the parts of the being must be united in their aspiration for the Divine—not that one part wants and the others refuse or revolt. To be sincere in the aspiration,—to want the Divine for the Divine's sake, not for fame or name or prestige or power or any satisfaction of the vanity.

To be faithful and steady in their consecration,—not to have faith one day and the next one, because things are not as they wish them to be, to lose their faith and shelter all sorts of doubts. Doubt is not a sport to indulge in with impunity; it is a poison which drop by drop corrodes the soul.

To be modest means to have correct appreciation of what one is, and never to forget that whatever are one's achievements, they are practically nothing compared to what one ought to be to fulfil the Lord's expectation.

And above all to feel in an absolute way one's own incapacity to judge the Divine and .His ways.

To be grateful, never to forget this wonderful Grace of the Supreme who leads each one to his divine goal by the shortest ways, in spite of himself, his ignorance and misunderstandings, in spite of the ego, its protests and its revolts.

The pure flame of gratefulness must always burn in our heart, warm, sweet and bright, to dissolve all egoism and all obscurity; the flame of gratefulness for the Supreme's Grace who leads the Sadhak to his goal — and the more he is grateful, recognizes this action of the Grace and is thankful for it, the shorter is the way.

*

**

faut être sincère, fidèle à sa foi, modeste et reconnaissant, car ces qualités sont indispensables à tout progrès, et le progrès — un progrès régulier et rapide — est indispensable pour suivre la cadence de la Nature dans sa marche évolutive.

Sans ces qualités, on peut avoir l'air de progresser, mais c'est seulement un air, un faux-semblant, et à la première occasion tout s'écroule.

Pour être sincère, toutes les parties de l'être doivent être unies dans l'aspiration au Divin — il ne faut pas qu'une partie veuille, et l'autre refuse ou se révolte. Pour que l'aspiration soit sincère, il faut vouloir le Divin pour le Divin, non pour la renommée, la gloriole, le prestige, l'autorité ou toute autre satisfaction de la vanité.

Pour être fidèle et constant dans sa consécration, il ne faut pas avoir la foi un jour, et la perdre le lendemain en accueillant toutes sortes de doutes, parce que les choses ne sont pas telles qu'on les désire. Le doute n'est pas un sport que l'on puisse pratiquer impunément, c'est un poison qui goutte à goutte corrode l'âme.

Être modeste, c'est avoir une claire vision de ce que l'on est et ne jamais oublier que, quels que soient nos accomplissements, ils ne sont rien pratiquement en comparaison de ce que le Seigneur attend de nous.

Et surtout, sentir d'une façon absolue sa propre incapacité à juger le Divin et ses manières de faire.

Être reconnaissant, c'est ne jamais oublier cette Grâce merveilleuse du Suprême qui conduit chacun vers son but divin, par le plus court chemin, en dépit de lui-même, de son ignorance et de son incompréhension, en dépit des protestations et des révoltes de l'ego.

La pure flamme de gratitude doit toujours brûler dans notre cœur, chaude et douce et claire, pour dissoudre tous les égoïsmes et toutes les obscurités; la flamme de gratitude pour la Grâce du Suprême qui conduit le sâdhak à son but—et plus nous reconnaissons avec gratitude l'action de la Grâce, plus le chemin est court.

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What attitude should they take when their consciousness is covered completely by the dark cloud of falsehood and they cannot even pray to the Lord for His help ?

Cast away from you these movements of doubt, depression and the rest which are not part of your true and higher nature. Reject these suggestions of inability, unfitness and all these irrational movements of an alien force. Remain faithful to the Light of your soul even when it is hidden by clouds. My help and the Mother's will be there working behind even in the moments when you cannot feel it. The one need for you and for all is to be, even in the darkness of the powers of obscurity of the physical consciousness, stubbornly faithful to your soul and to the remembrance of the Divine Call. Be faithful and you will conquer.

—SRI AUROBINDO

Here is Sri Aurobindo's answer, the best that can be given to the second question.

How can they be perfectly faithful and sincere to the New Light and the Truth ? They mustn't waste these wonderful things, must they ?

What is the true way to love the Mother and the Lord more and more intensely with an unshaken faith and to give sincerely in every way, to the Divine's work the collaboration which is the ''Dharma of each soul who is here ?

TO WANT IT

AND TO WANT ONLY THAT.  

 

Quelle attitude doivent-ils prendre quand leur conscience est complètement voilée par le nuage noir du mensonge et qu'ils ne peuvent même plus appeler le Seigneur à l'aide ?

"Rejetez loin de vous tous ces mouvements de doute, de dépression et autres; ils ne font pas partie de votre nature vraie la plus haute. Rejetez ces suggestions d'incapacité et d'inaptitude, tous ces mouvements irrationnels qui viennent d'une force étrangère. Restez fidèle à la Lumière de votre âme, même quand elle est cachée par les nuages. Mon aide et celle de la Mère travaillent par-derrière, même dans les moments où vous ne pouvez pas le sentir. La seule chose nécessaire, pour vous et pour tout le monde, même dans la nuit des pouvoirs obscurs de la conscience physique, c'est de rester obstinément fidèle à votre âme et au souvenir de l'Appel divin. Soyez fidèle et vous vaincrez."

— SRI AUROBINDO

Telle est la réponse de Sri Aurobindo, et c'est la meilleure que l'on puisse donner à cette deuxième question.

Comment peut-on être parfaitement sincère et fidèle à la Lumière nouvelle et à la Vérité? Il ne faut pas gaspiller cette occasion unique, n'est-ce pas? '  

Quelle est la vraie façon d'aimer la Mère et le Seigneur de plus en plus intensément, avec une foi inébranlable, et de collaborer sincèrement, de toutes les manières, à l'oeuvre divine qui est le "dharma" de chaque âme présente ici ?

LE VOULOIR

ET NE VOULOIR QUE CELA.  

 

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The one safety for man lies in learning to live from within outward, not depending on institutions and machinery to perfect him, but out of his growing inner perfection availing to shape a more perfect form and frame of life; for by this inwardness we shall best be able both to see the truth of the high things which we now only speak with our lips and form into outward intellectual constructions, and to apply their truth sincerely to all our outward living. If we are to found the kingdom of God in humanity, we must first know God and see and live the diviner truth of our being in ourselves, otherwise how shall a new manipulation of the constructions of the reason and scientific systems of efficiency which have failed us in the past, avail to establish it ? It is because there are plenty of signs that the old error continues and only a minority, leaders perhaps in light, but not yet in action, are striving to see more clearly, inwardly and truly, that we must expect as yet rather the last twilight which divides the dying from the unborn age than the real dawning. For a time, since the mind of man is not yet ready, the old spirit and method may yet be strong and seem for a short while to prosper; but the future lies with the men and nations who first see beyond both the glare and the dusk the gods of the morning and prepare themselves to be fit instruments of the Power that is pressing towards the light of a greater ideal.

 

 

 

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La seule sécurité pour l'homme, c'est d'apprendre à vivre du dedans vers le dehors; il ne doit pas dépendre des institutions et des mécanismes pour se perfectionner, mais employer sa croissante perfection intérieure à façonner une forme de vie et un cadre plus parfaits; par cette intériorité nous pourrons voir mieux la vérité des choses supérieures, dont maintenant nous parions des lèvres seulement et faisons des constructions intellectuelles extérieures, et nous pourrons appliquer sincèrement leur vérité à toute notre existence extérieure. Si nous devons fonder le royaume de Dieu dans l'humanité, d'abord il nous faut connaître Dieu, voir et vivre en nous-mêmes la vérité divine de notre être; autrement, comment de nouveaux échafaudages de la raison et des systèmes scientifiques de rendement, qui ont échoué dans le passé, pourraient-ils y prétendre ? Il y a abondance de signes montrant que les vieilles erreurs continuent et que seule une minorité de guides — des guides en lumière, peut-être, mais pas encore en action — s'efforce de voir plus clairement, plus intérieurement et plus vraiment; c'est pourquoi nous devons nous attendre, pour le moment, au dernier crépuscule qui sépare l'âge mourant de l'âge qui doit naître, plutôt qu'à l'aurore véritable. Puisque le mental de l'homme n'est pas encore prêt, le vieil esprit et les vieilles méthodes peuvent encore être puissants pendant quelque temps et sembler momentanément prospérer, mais l'avenir appartient aux hommes et aux nations qui les premiers verront les dieux du matin au-delà du faux-éclat et des ténèbres, et se prépareront à être les instruments appropriés du Pouvoir qui pousse vers la lumière d'un idéal plus grand.

 

 

 

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Sri Aurobindo—His Life and Work

Sri Aurobindo in Bengal—VI

The New Spirit

 

"...This new spirit showed itself in the unprecedented agitation against the proposed Partition of Bengal. It expressed itself in the spontaneous outburst of indignation at the partition of the Province being perpetrated against the wishes of the people, and it seized that weapon of the weak, the boycott, which has now and then been so successfully wielded both in the West and the East. It manifested itself in the Swadeshi movement which is but another name for self-help, inasmuch as it wants the people to substitute preference on their part for protection on the part of the Government, and suffer, if necessary, for a time for the good that is sure to follow.

"It was this new spirit which demonstrated at the Congress meeting held, at the British Indian Association rooms that an influential section of the educated community would no longer tolerate autocracy in any shape, in any form.

"The working of this new spirit is apparent in the strikes, which prove a wonderful capacity for combination in people, who have never taken part in political agitations.

"This filtering down of the new spirit to the people is a significant sign of the times; and makes us exult, for the "Promised Land" is within sight now. Whatever the old leaders may do with their exploded notions of politics, they will be powerless against the rush of the new spirit, when it permeates the people, the source of energy in a nation. The new spirit demands new methods of agitation—the old order must change yielding place to new. And it behoves all well-wishers of the nation to foster the new spirit of nationalism, for in it alone there is salvation."

Bande Mataram, 25th August 1906

Sri Aurobindo—Sa Vie et son Œuvre

Sri Aurobindo au Bengale—VI

L'esprit nouveau

 

"...Cet esprit nouveau se révéla par une agitation inouïe contre le projet de partage du Bengale. Il s'exprima ensuite par une explosion spontanée d'indignation lorsque le partage de la province fat perpétré contre la volonté du peuple, et il s'empara de cette arme des faibles, qui a été maniée de temps à autre avec succès aussi bien en Occident qu'en Orient: le boycottage. Il s'est manifesté dans le mouvement Swadéshî, qui n'est qu'un autre nom donné à l'effort personnel dans la mesure où il demande au peuple de substituer ses préférences à la protection du gouvernement et de souffrir, s'il le faut, pendant un certain temps, en attendant le bien qui ne peut manquer de venir.

"C'est cet esprit nouveau qui démontre à l'assemblée du Congrès, tenue dans les salons de la British Indian Association, qu'une fraction influente de la société cultivée ne tolérerait plus l'autocratie, sous quelque forme que ce soit.

"L'action de cet esprit nouveau apparaît dans les grèves, qui prouvent l'aptitude merveilleuse à l'association d'un peuple qui n'avait pas encore participé à l'agitation politique.

"Cette infiltration de l'esprit nouveau dans le peuple est un important signe de l'époque, et nous fait exulter car la "Terre promise" est maintenant en vue. Quoi que fassent les vieux chefs avec leurs idées politiques surannées, ils seront impuissants devant la ruée de l'esprit nouveau, dès qu'il pénétrera le peuple, qui est la fontaine d'énergie de la nation. L'esprit nouveau exige de nouvelles méthodes d'agitation, l'ancien régime doit changer et céder la place au nouveau. Et il incombe à tous ceux qui

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THE Bande Mataram, as we have already seen, achieved unprecedented success as the supreme voice of the awakened soul of the country. It unveiled boundless horizons, instilled an urgent spirit of courage and self-sacrifice, created an inextinguishable thirst for freedom, and roused the youth of the nation to the imperative cult of Mother-worship. "But after a time dissensions arose between Bepin Pal on one side and the other contributors and the directors of the Company because of temperamental incompatibility and differences of political view especially with regard to the secret revolutionary action with which others sympathized but to which Bepin Pal was opposed. This ended soon in Bepin Pal's separation from the journal. Sri Aurobindo would not have consented to' this departure, for he regarded the qualities of Pal as a great asset to the Bande Mataram, since Pal, though not a man of action or capable of political leadership, was perhaps the best and most original political thinker in the country, an excellent writer and a magnificent orator : but the separation was effected behind Sri Aurobindo's back when he was convalescing from a dangerous attack of fever.... Sri Aurobindo's first preoccupation was to declare openly for complete and absolute independence1 as the aim of political action in India and to insist on this persistently in the pages of the journal; and he was immediately successful."2 Bande Mataram at once leapt into country-wide popularity and set the tone of progressive political thought in the country. Bepin Pal's departure from its editorial board made little difference to its growing power and influence.

Sri Aurobindo was now saddled with a double responsibility—the editorship and general control of the Bande Mataram, and his work as the Principal of the National College. Both of these works entailed hard labour and drew heavily upon the reserve of his energies. But in both he achieved unexampled success. He endeared himself to his students at the National College, who loved and adored him with the same intensity of devotion as he had received from his students at the Baroda College. When he would lecture in the class, they would hang upon his lips—it is said even many professors came in to listen—and they found in his informal, unacademic way of teaching something which gripped their hearts,

1 Gokhale characterized the demand for independence as stark madness.

2 'Sri; Aurobindo on Himself and on The Mother.

aiment la nation de stimuler le nouvel esprit de nationalisme, car là seulement est le salut."

Bandé Mâtaram, 25 août 1906

 

AINSI que nous l'avons déjà vu, le Bandé Mâtaram connaissait un succès sans précédent car il exprimait au plus haut degré l'âme réveillée du pays. Il dévoilait des horizons sans limites, insufflait un ardent courage et l'esprit de sacrifice, provoquait une soif inextinguible de liberté, et suscitait dans la jeunesse du pays le culte et l'adoration ' de la Mère. "Mais après quelque temps des dissensions apparurent entre Bépin Pal d'une part et les autres collaborateurs et administrateurs de la Société de l'autre. La cause en était l'incompatibilité d'humeur et les divergences politiques notamment au sujet de l'action révolutionnaire secrète avec laquelle certains sympathisaient, alors que Bépin Pal y était opposé. Finalement Bépin Pal se sépara du journal. Sri Aurobindo n'aurait pas consenti à ce départ car il considérait les qualités de Pal comme un actif important du Bandé Mâtaram. Pal n'était pas un homme d'action et n'avait pas les capacités d'un chef politique, mais il était peut-être le meilleur penseur politique du pays et le plus original; c'était aussi un excellent écrivain et un magnifique orateur. Mais la séparation s'accomplit derrière le dos de Sri Aurobindo pendant qu'il se remettait d'un grave accès de fièvre. Le premier soin de Sri Aurobindo fut de déclarer ouvertement que le but de l'action politique en Inde devait être l'indépendance complète et absolue1 et d'insister sur ce point avec persistance dans les pages du journal, et son succès fut immédiat."2 Le Bandé Mâtaram se trouva aussitôt populaire dans tout le pays et y donnait le ton à la pensée politique progressive. Que Bépin Pal ait quitté le comité de rédaction ne changea pas grand-chose à l'influence grandissante et à la puissance du journal.

Sri Aurobindo était maintenant chargé d'une double responsabilité : le Bandé Mâtaram dont il assuma la direction générale et la rédaction, et son travail de directeur du Collège National. Ces deux fonctions lui imposaient un dur travail et tiraient fortement sur ses réserves d'énergie.

1 Gokhalé taxait de pure folie l'exigence de l'indépendance.

2 Sri Aurobindo on Himself and on the Mother,

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illumined their intelligence, and fired their imagination. He taught most by appearing to teach the least. His presence was an irresistible inspiration, and his soft, warm words, shot with flashes of intuition and insight, were evocative and quickening. Balai Dev Sharma, a noted Bengali writer, who was then one of his students at the National College, records his impressions in the following manner. It is his first experience in the class that he describes. "When I reached there, I saw in the middle hall a young man of placid appearance. He was clad in a shirt and a chaddar (upper cloth). If I remember right my impression of about forty years ago, I seem to recall his eyes, which were withdrawn from the outer world and concentrated on the inner spaces of his consciousness. On that day Sri Aurobindo addressed both the teachers and the students together. But the subject of his talk was not an educational one. He spoke of a sad accident that had happened . A -student of the Calcutta University had fallen from the verandah of the first floor of a University Building and lost his consciousness. A crowd immediately collected there, but all it could do was to look on helplessly and wring their hands. None thought of rendering any active help. Just at that time, an Englishman was driving by. He noticed the boy, lying unconscious, picked him up in his car, and took him straight to the Campbell Medical College for first aid. Relating the accident, Sri Aurobindo compared the character of the Indians with that of the Europeans and observed that it was their devotion to duty which had made the Europeans masters of the world. When that titanic power of practical work would be united with the spirituality of India, our national character would evolve such a type as would be incomparable in the world.1"

Referring to the Bande Mataram, Sri Aurobindo writes : "The journal declared and developed a new political programme for the country as the programmed of the Nationalist Party, non-cooperation, passive resistance, Swadeshi, Boycott, national education, settlement of disputes in law by popular arbitration and other items of Sri Aurobindo's plan. Sri Aurobindo published in the paper a series of articles on passive resistance, another developing a political philosophy of revolution and wrote

1 Freely rendered into English from the author's Bengali article in the Galpa Bharati, a journal, of Paus 1357.

Mais il réussit pleinement dans les deux. Ses étudiants du Collège National l'aimaient, l'adoraient avec la même dévotion intense qu'avaient eue ses étudiants de Barodâ. Lorsqu'il faisait son cours, ils étaient suspendus à ses lèvres, et quelque chose dans sa manière, ni formaliste ni académique, étreignait leur cœur, éclairait leur intelligence et enflammait leur imagination. On dit même que plusieurs professeurs venaient F écouter. Il enseignait le mieux sans paraître y toucher. Sa seule présence était d'une inspiration irrésistible et ses paroles, douées, chaudes, avec des éclairs d'intuition et de vues profondes, étaient évocatrices et vivifiantes. L'écrivain bengali bien connu Balai Dev Sharmâ, qui fut un de ses élèves au Collège National, raconte ainsi ses impressions. C'est sa première classe qu'il décrit. "En arrivant je vis dans la salle centrale un homme jeune d'aspect serein. Il était vêtu d'une chemise et d'un chaddar (vêtement de dessus). Si je me rappelle bien mon impression d'il y a quarante ans, il me semble revoir ses yeux, dédaignant le monde extérieur et concentrés intérieurement sur sa conscience. Ce jour-là Sri Aurobindo parlait aux professeurs et aux étudiants réunis, mais le sujet de sa causerie ne se rapportait pas à l'enseignement. Il parlait d'un malheureux accident qui s'était produit. Un étudiant de l'université de Calcutta était tombé de la véranda du premier étage d'un des bâtiments de l'université et avait perdu connaissance. Une foule s'était immédiatement assemblée, mais tout le monde se bornait à regarder et à se tordre les mains. Aucun ne pensait à faire quelque chose. A ce moment un Anglais passait en voiture. Il remarqua le garçon, étendu évanoui, le prit dans sa voiture et l'emmena directement au Collège Médical Campbell où il reçut les premiers soins. En racontant l'accident, Sri Aurobindo comparait le caractère des Indiens à celui des Européens et observait que c'est leur sens profond du devoir qui a rendu les Européens maîtres du monde. Si cette puissance titanesque de travail pratique était réunie avec la spiritualité de l'Inde, notre caractère national produirait un genre d'individus incomparable.1"

A propos du Bandé Mâtaram, Sri Aurobindo écrit: "Un nouveau programme politique pour le pays était annoncé et développé par le journal

1 Traduction libre de l'article en bengali dans le journal Galpa-Bhâratî de Paus 1357 (décembre 1950-janvier 1951).

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many leaders aimed at destroying the shibboleths and superstitions of the Moderate Party, such as the belief in British justice and benefits bestowed by foreign government in India, faith in British law courts and in the adequacy of the education given in schools and universities in India and stressed more strongly and persistently than had been done the emasculation, stagnation or slow progress, poverty, economic dependence, absence of a rich industrial activity and all other evil results of a foreign government; he insisted especially that even if an alien rule were benevolent and beneficent, that could not be a substitute for a free and healthy national life,. ..The Bande Mataram was almost unique in journalistic history in the influence it exerted in converting the mind of a people and preparing it for revolution.... Sri Aurobindo had always taken care to give no handle in the editorial articles of the Bande Mataram either for a prosecution for sedition or any other drastic action fatal to its existence, an editor of the Statesman complained that the paper reeked with sedition patently visible between every line, but it was so skillfully written that no legal action could be taken...."1 S. K. Ratcliffe, editor of the Statesman of Calcutta, wrote the following letter to the Manchester Guardian: "We know Aurobindo Ghose only as a revolutionary nationalist and editor of a flaming newspaper which struck a ringing note in Indian daily nationalism .... (It) was full leading and special articles written in English with brilliance and pungency not hitherto attained in the Indian press. It was the most effective voice of what we then called nationalist extremism."2

Sri Aurobindo suffered from a dangerous attack of fever from October to the beginning of December, 1906. He stayed with his father-in-law, Bhupal Chandra Bose, at Serpentine Lane, during his illness. He recovered partially at the end of November, but had a relapse in December. In about the middle of December (nth December) he went to Deoghar, where his maternal grand-father, Rajnarayan Bose, was living, for a change of air, but could not stay there long. He had to hurry down to Calcutta to attend the Calcutta Session of the Indian National Congress, which promised to be a crucial one for his Nationalist Party. He had to go to Deoghar again a few times till March, 1907, for recruiting his health.

1 Sri Aurobindo on Himself and on The Mother.

2 Life. of Sri Aurobindo by A.B. Purani.  

comme le programme du parti nationaliste : non-coopération, résistance passive, Swadéshî, boycottage, éducation nationale, règlement légal des litiges par arbitrage populaire ainsi que d'autres points du plan de Sri Aurobindo. Sri Aurobindo fit paraître dans k tournai une série d'articles sur la résistance passive, une autre qui exposait une philosophie politique de la révolution. Il écrivit de nombreux éditoriaux ayant pour but de détruire les mots d'ordre et les superstitions du parti modéré, tels que la confiance dans la justice britannique et dans les avantages octroyés à l'Inde par le gouvernement étranger, la foi dans les tribunaux britanniques et la conviction que l'enseignement donné dans les écoles et les universités de l'Inde était suffisant et approprié. Il dénonça avec plus de force que cela n'avait été fait auparavant, et aussi plus de persistance, l'émasculation, la stagnation ou, au mieux, le trop lent progrès, la pauvreté, la sujétion économique, l'absence d'activité industrielle riche, et tous les autres maux qui découlaient de la présence d'un gouvernement étranger. Il fit ressortir notamment que même si la souveraineté étrangère est bienveillante et avantageuse, elle ne peut pas remplacer une vie nationale libre et saine... Le Bandé Mâtaram est presque unique dans les annales du journalisme par l'influence qu'il a exercée sur la mentalité du peuple en le préparant à la révolution... Sri Aurobindo avait toujours pris soin, dans ses éditoriaux du Bandé Mâtaram., de ne jamais donner prise à des poursuites pour sédition ni à aucune attaque pouvant mettre en jeu l'existence du journal. Un rédacteur du Statesman écrivait que le journal puait la sédition partout entre les lignes mais était si habilement rédigé qu'aucune action en justice n'était possible..."1 S. K. Ratcliffe, directeur du Statesman de Calcutta écrivait au Manchester Guardian la lettre suivante : "Nous ne connaissons Aurobindo Ghose que comme un nationaliste révolutionnaire, directeur d'un journal enflammé qui a donné un coup de gong dans le nationalisme quotidien de l'Inde... (Le journal) était plein d'éditoriaux et d'articles rédigés en anglais avec un brio et une causticité qui n'avaient jamais été atteints dans la presse indienne. C'était l'expression la plus efficace de ce que nous appelions alors le nationalisme extrémiste."2 Sri Aurobindo eut à souffrir d'un grave accès de fièvre en 1906,

1 Sri Aurobindo : on Himself and on the Mother.

2 Life of Sri Aurobindo par A. B. Purânî.

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The Calcutta National Congress

The Calcutta Congress (26th to 29th December, 1906) marked a definite step in advance towards the ideal of the Nationalist Party. Fearing that the choice of the President would fall upon Tilak, who was the acknowledged leader of the Nationalist Party, the Moderates wired an urgent invitation to Dadabhai Naoroji, who was then in England, to preside over the twenty-second Session of the Congress. There was every possibility of a decisive tug-of-war between the two wings of the Congress, for the Moderates were as much bent on maintaining their authority as the Nationalists on squashing it. The latter were in no mood to put up any longer with the spineless political dalliance of the Moderates, which was damming the free flow of the new spirit of nationalism. Impassioned patriotism and self-sacrificing zeal threatened to engulf cautious and calculating political prudence. Sri Aurobindo, as the champion of the new spirit, wanted the Nationalist resolutions on Boycott1, Swadeshi, National Education and Independence to be passed in the Congress, and his Party stood in solid support behind him. But the resolutions could not be passed in their original forms. Both the Parties had respect for Dadabhai Naoroji, and, besides, they did not want to take the extreme step of an open cleavage. After some tussle, all the resolutions proposed by the Nationalists were accepted with some minor clippings. Madan Mohan Malaviya, opposing Bepin Pal's eloquent advocacy of the Boycott of all British goods to be adopted on an all-India basis, exhorted the Congress to keep it confined to Bengal only. The spirit of Swadeshi, which was growing more and more urgent and constructive in Bengal, and spreading to other parts of the country, was given a definite encouragement and stimulus. But the main importance of the Calcutta Congress lay in its declaration of Swaraj as the goal of the political movement in the country. Dadabhai Naoroji, the Grand Old Man of Indian politics, saved the face of the Moderates as well as appeased the Nationalist Party by declaring for the first time in the history of the Congress "Swaraj" as the goal. It is true that he meant by the word nothing more than Colonial Self-Government, but the word

1 "... .We have repeatedly said that boycott is not a gospel of hatred, it is simply our assertion of independence, our national separateness."—Bands Mataram 7th August, 1907.

d'octobre au début de décembre. Pendant sa maladie il habitait Serpentine Lane, chez son beau-père, Bhûpâl Chandra Bose. Il y eut une amélioration à la fin de novembre mais une rechute en décembre. Vers le milieu de décembre (le Il), il alla pour changer d'air à Déoghar, où habitait son grand-père maternel Râjnârâyan Bose, mais il ne put y rester longtemps. Il dut revenir précipitamment à Calcutta pour assister à l'assemblée du Congrès National Indien qui promettait d'être décisive pour le parti nationaliste. Il dut retourner à Déoghar à plusieurs reprises jusqu'en mars 1907 pour achever de se remettre.

Le Congrès National de Calcutta

Le Congrès de Calcutta (26 au 29 décembre 1906) fut marqué par une sérieuse avance vers les idéals du parti nationaliste. Craignant que Tilak, qui était le chef reconnu du parti nationaliste, ne soit choisi comme président, les modérés envoyèrent à Dâdâbhâï Naoroji, qui se trouvait alors en Angleterre, une invitation pressante à prendre la présidence de la vingt-deuxième assemblée du Congrès. Tout faisait prévoir une lutte décisive entre les deux ailes du Congrès, car les modérés tenaient autant à maintenir leur autorité que les nationalistes à l'éliminer. Ces derniers n'étaient pas disposés à admettre plus longtemps le flirt politique des modérés et leur absence de caractère qui endiguaient le flot de l'esprit nouveau du nationalisme. Le patriotisme passionné et l'ardeur à se sacrifier menaçaient de submerger la sagesse politique, sa prudence et ses calculs. Sri Aurobindo, champion de l'esprit nouveau, voulait faire adopter par le Congrès les résolutions nationalistes sur le boycottage,1 le Swadéshî, l'éducation nationale et l'indépendance, et son parti formait bloc derrière lui. Les résolutions ne furent pas adoptées dans leur forme initiale. Les deux partis respectaient Dâdâbhâï Naoroji et ne désiraient pas aller jusqu'à une rupture ouverte. Après quelques escarmouches toutes les résolutions proposées par les nationalistes furent adoptées avec quelques coupures peu importantes. Madan Mohan Mâlavîya, en réponse à l'éloquent plaidoyer de Bépin Pal en faveur du boycottage des produits britanniques dans

1 "...Nous avons dit et répété que le boycottage n'est pas un évangile de haine, c'est simplement l'affirmation de notre indépendance, notre particularisme national." — Bandé Mâtaram, 7 août 1907.

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rang out with a Compelling charm and seemed to satisfy both the Parties. It had been used in Bengal by Sakharam Ganesh Deuskar in his stirring book, Desher Katha (in Bengali) and also by Tilak.1 To the Nationalists it meant nothing short of complete autonomy, free from foreign control. But the compromise arrived at in the Calcutta Congress could only put off and not obviate the menace of an open rupture between the two wings.

It is interesting to note here that not only was the programme of Passive Resistance and Non-Cooperation preached in Bengal for attaining the goal of Swaraj or Independence, but even the use of the Charkha was advocated as a subsidiary cottage industry to supplement the supply of mill-made cloth and give an added impetus to the Boycott of British cloth. The Bande Mataram of the 30th December 1906, published the following : "The Charka : Hironmoyee Devi advocated Charka in the Industrial Conference.2 She said : 'If we could not utilize the leisure of our women, which is now uselessly frittered away, in some small industries, assuming that Charka cannot compete with machinery, it will yet give food to millions of starving women and find some useful work for those who have, for want thereof, to fritter away their leisure hours...' '...then again bear in mind that Manchester is trying to kill our mill industry, and of this we are daily getting more and more tangible proof.' " Charkha was thus advocated as a double remedy, at once economic and political,—as providing work for the unemployed, and aiding the Boycott of foreign cloth —which was perhaps envisaging it in the right perspective, and not crediting it with illimitable potentialities. The machine has come to stay, and Charkha cannot presume to oust it.

A question crops up here, which seems to be quite pertinent to the context. How did the idea of Boycott, which later on came to be expanded and elaborated into the policy of Non-cooperation and Passive Resistance by Sri Aurobindo, originate ? It is a complicated question, and no answer is likely to be authentic and conclusive. Basing their observations on the I.B. Records, Government of West Bengal, Profs. Haridas Mukherjee and Uma Mukherjee write in their book, India's Fight for Freedom, pp. 189-190 : "Even as earlyasi874 Boycott was advocated as a step to

 l "Swaraj is my birth-right"—Tilak.

2 Held in Calcutta in December, 1906, during the Calcutta Session of the Indian National Congress.

toute l'Inde, exhorta le Congrès à en limiter l'application au seul Bengale. L'esprit de Swadéshî, qui devenait de plus en plus pressant et constructif au Bengale, et qui s'étendait à d'autres parties du pays, reçut une impulsion résolue et des encouragements catégoriques. Mais le plus important dans le Congrès de Calcutta est la déclaration qui y fut faite que le but ultime du mouvement était "Swarâj". Le grand vieillard de la politique indienne, Dâdâbhâï Naoroji, en déclarant pour la première fois dans l'histoire du Congrès que "Swarâj" était le but, calmait le parti nationaliste en sauvant la face aux modérés. A vrai dire le mot, dans sa pensée, ne visait que l'autonomie coloniale mais la résonance en était telle que les deux partis semblaient satisfaits. Le mot avait déjà été employé au Bengale, par Sakhârâm Deuskar dans son livre émouvant Déshér Kathâ (en bengali) et aussi par Tilak1. Pour les nationalistes il ne pouvait signifier autre chose que l'indépendance totale sans ingérance étrangère. Le compromis, auquel le Congrès de Calcutta était arrivé, différait la rupture ouverte entre les deux ailes mais ne pouvait l'éviter.

Le programme de résistance passive et de non-coopération était prêché au Bengale avec pour but l'indépendance, ou Swarâj, mais il est intéressant de noter que l'emploi du charkhâ2 y était recommandé comme complément à la production des tissages industriels afin de donner plus de vigueur au boycottage des textiles britanniques. Le Bandé Mâtaram du 30 décembre 1906 imprimait ce qui suit : Le Charkhâ : Hironmoyee Dévî recommande le charkhâ au cours de la conférence industrielle3. Elle a dit : "Même si l'on admet que le charkhâ ne peut concurrencer la machine et que par conséquent, nous ne pouvons pas employer dans de petites industries les loisirs de nos femmes, actuellement inutilement gaspillés, cela permettra au moins de nourrir des millions de femmes qui meurent de faim et de procurer un travail utile à celles qui sont contraintes à gaspiller leurs heures de loisir... Rappelez-vous encore que Manchester essaie de tuer notre industrie textile, et de cela nous avons chaque jour de nouvelles preuves tangibles." Le charkhâ était ainsi présenté comme un double remède, à la fois économique et politique. Il procurait du travail aux chômeurs et aidait au boycottage des textiles étrangers. C'était probablement

1 "Swarâj is my birth-right" (par naissance Swarâj est mon droit). — Tilak.

2 Rouet (note du traducteur).

3 Tenue a Calcutta en décembre 1906, pendant l'assemblée du Congrès National Indien.

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revive Indian industries which had been ruined by British commercial policy in this country. The idea of Boycott of Manchester cloth was preached during 1875-76 and again in 1878 on account of Manchester hostility to the newly started Indian mills in Bombay. Again, during 1883-84 when popular feelings ran very high as a sequel to the Anti-Ilbert Bill agitation by the Anglo-Indians and the imprisonment of Surendra Nath Banerjee, the Boycott of British goods were strongly advocated by a section of the Indian community. Again, in 1891 as a sequel to popular indignation against the Consent Bill, the Boycott of British goods was not only preached, but also practiced to some extent.

"From the same official source we learn that the real originator of the idea of boycotting foreign goods, particularly British,...was Tahal Ram Ganga Ram (an inhabitant of North Western India and belonging to the Arya Samaj) who visited Calcutta during February-March, 1905, delivering inflammatory speeches every evening before the students in the College Square, and asking them to go in for Boycott of British goods in favour of indigenous products... in the days of heated Anti-Partition agitation, it acquired a new force and vitality on account of its close political associations. In this mental Climate Krishna Kumar Mitra's1 call for Boycott through his weekly organ, the Sanjivani (July 13, 1905) found a ready response in the country. The Sanjivani's call for Boycott was soon followed by a similar call given out by the Amrita Bazaar Patrika which published on July 17, 1905, a letter over the initial 'G', in which the Boycott of English goods was strongly advocated. 'G' was first believed to be the name of Lal Mohan Ghose, but afterwards it was, known that the writer was either Aurobindo Ghose or Barindra Kumar Ghose, as revealed in the I.B. Records, L. No. 47, West Bengal. All Government reports and records of that time attached very great importance to this letter of July 17, and even called it the 'first' manifesto of Boycott...2" We may leave it to history to trace the origination of the idea of the Boycott, but we can quite legitimately ask : "Who revived, expanded and developed the idea into a stable base for a vigorous policy and programme of political action for the

1 Krishna Kumar Mitra, Sri Aurobindo's maternal uncle, was in close touch with Sri Aurobindo, even when the latter was in Baroda, and it is quite possible that he shared many of Sri Aurobindo's political views.

2 Italics are ours.

un point de vue raisonnable qui ne lui attribuait pas de possibilités illimitées. La machine était entrée dans notre vie et le charkhâ ne pouvait prétendre la chasser.

Une question se pose ici tout naturellement. Comment est venue l'idée de boycottage qui devait ensuite être élargie et développée par Sri Aurobindo pour devenir la politique de non-coopération et de résistance passive ? C'est une question compliquée qui ne semble pas avoir de réponse concluante. Les professeurs Haridâs Mukherjî et Umâ Mukherjî, basant leurs observations sur les archives du Gouvernement du Bengale Occidental, écrivent dans leur livre : India's Fight for Freedom1, pages 189 et 190 : "Dès 1874 le boycottage était préconisé pour ranimer les industries indiennes ruinées par la politique commerciale britannique. L'idée de boycotter les étoffes de Manchester a été prônée en 1875-1876 puis de nouveau en 1878 à cause de l'attitude hostile de Manchester à l'égard des nouvelles usines textiles indiennes de Bombay. En 1883-1884 le boycottage des marchandises britanniques fut encore préconisé par une partie de la société indienne quand le sentiment populaire devint houleux après l'agitation des Anglo-Indiens contre la loi Ilbert et l'arrestation de Surendra Nâth Banerjî. Puis, en 1891, le boycottage des marchandises britanniques fut, non seulement prôné, mais mis en pratique dans une certaine mesure, à la suite de l'indignation populaire soulevée par le Consent Bill.

"De la même source officielle nous apprenons que le véritable promoteur de l'idée de boycotter les marchandises étrangères, et spécialement britanniques... est Tahal Râm Gangâ Râm (habitant de l'Inde du Nord-Ouest et membre de l'Ârya-Samâj). Il vint à Calcutta en février et mars 1905, fit tous les soirs, sur la place du Collège, des discours enflammés aux étudiants en leur demandant de se lancer dans le boycottage des marchandises britanniques en faveur des produits du pays... Dans ces jours de grosse agitation contre le partage (du Bengale) le boycottage acquit une nouvelle force par ses aspects politiques. Dans ce climat un peu fou, l'appel de Krishna Kumâr Mitra2 dans son hebdomadaire le Sanjîvanî (13 juillet 1905) en faveur du boycottage, trouva une

1 "La lutte de l'Inde pour la liberté" (note du traducteur).

2 Krishna Kumâr Mitra, oncle maternel de Sri Aurobindo, était en contact étroit avec lui, même quand il était à C'est, Il est possible qu'il ait partagé beaucoup des idées politiques de Sri Aurobindo.

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attainment of national independence ?1 Who reduced the theory to a consistent and persistent practice ? Who forged it into the most deadly weapon in the armoury of militant nationalism ? Who breathed the fire into it, which blazed up in subsequent years into a country-wide conflagration ?"

(To be continued)

1 Rabindranath Tagore advocated Boycott in his essay on "Swadeshi Samaj", which be read in a meeting on 22nd July, 1904.

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réponse immédiate dans le pays. L'appel du Sanjîvanî en faveur du boycottage fut bientôt suivi d'un appel semblable dans cette Bazar Patrikâ le 17 juillet 1905 sous forme d'une lettre signée de l'initiale "G" et dans laquelle le boycottage des marchandises anglaises était fortement préconisé. On crut d'abord que "G" était Lâl Mohan Ghose, mais ensuite on sut que l'auteur était soit Aurobindo Ghose soit Bârindra Kumâr Ghose, ainsi que le montrent les archives du Bengale occidental, dossier L. No. 47. Tous les documents gouvernementaires de l'époque, rapports et procès-verbaux, donnent une très grande importance à cette lettre du 17 juillet et même la qualifient de "première" proclamation du boycottage..."1 Nous pouvons laisser à l'histoire le soin de déterminer l'origine de l'idée de boycottage mais nous avons le droit de demander : "Qui ranima et développa l'idée pour en faire la base d'une politique énergique et d'un programme d'action politique ayant pour objectif l'indépendance nationale?2 Qui a mis la théorie en pratique avec logique et persistance ? Qui en a fait l'arme la plus efficace de l'arsenal du nationalisme militant? Qui lui a communiqué la flamme qui en quelques années devait incendier tout le pays ?

(à suivre)

1 C'est nous qui soulignons.

2 Rabindranâth Tagore préconisa le boycottage dans son essai "Swadéshî Samâj" lu à une réunion du 22 juillet 1904.

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Report on the Quarter

 

ON the 27th of May we received the sad news of the death of our beloved Prime Minister, Pandit Jawaharlal Nehru.

The Mother gave the following message to the world :

"Nehru leaves his body but his soul is one with the Soul of India that lives for Eternity".

Later in the day, our Director of Physical Education addressed the groups at the Swimming Pool and spoke as follows :

"Perhaps all of you know by this time that our beloved Prime Minister Pandit Jawaharlal Nehru is no more—he has passed away just a few hours back this afternoon.

This news seems to us so strange. Only some months back he saw us in this Sports' Ground and shared our joys.

There was a proposal of stopping our competitions this afternoon in his honour. But we do not believe that inactivity is the best way of mourning or showing respect to the departed soul. Moreover he himself was a man of action, and we believe that continuing our activities and performing our normal duties while remembering his sweet memories will be the most suitable tribute to be shown in his honour.

This afternoon, just before our swimming races, we shall stand quietly for one minute and pray to the Divine Mother for the peace of his Soul."

Education Academic

Nolini gave a very interesting talk on Wordsworth on the 7th April and read some more of Amrita's reminiscences. He then gave further talks on the 12th June on a story from the Upanishad and on Shakespeare's Sonnets.

On the 22nd April Dr. J. N. Chubb spoke on "Prospects for Metaphysics".

Rapport Trimestriel

 

LE 27 mai nous avons reçu la triste nouvelle du décès de notre regretté Premier Ministre, le Pandit Jawaharlal Nehru.  

A cette occasion la Mère donna, pour être diffusé, le message suivant :

"Nehru quitte son corps, mais son âme est une avec l'Âme de l'Inde qui vit pour l'Éternité."

Plus tard dans la journée, notre Directeur d'Éducation Physique, s'adressant aux groupes réunis à la piscine, leur dit :

"A cette heure vous savez probablement tous que notre Premier Ministre bien-aimé, le Pandit Jawaharlal Nehru, n'est plus; il est mort il y a quelques heures cet après-midi.

"Cette nouvelle nous a surpris. Il y a seulement quelques mois il était ici sur ce terrain de sport et partageait notre joie.

"Certains ont proposé d'interrompre nos épreuves cet après-midi en son honneur. Mais nous ne pensons pas qu'une telle inaction soit la meilleure manière de prendre le deuil et de témoigner notre respect à l'âme du défunt. D'ailleurs, il était lui-même homme d'action, c'est pourquoi nous croyons que de continuer nos activités et d'accomplir nos devoirs habituels tout en nous rappelant les doux souvenirs qui le concernent, sera l'hommage le plus approprié que nous puissions lui offrir.

"Tout à l'heure, juste avant nos courses de natation, nous nous tiendrons au garde-à-vous, immobiles et silencieux pendant une minute, et prierons que la Divine Mère donne la paix à son âme."

Vie académique

Nolini donna, le 7 avril, une très intéressante causerie sur Wordsworth, il poursuivit également la lecture des réminiscences cette Le 12 juin il a fait une autre causerie sur une histoire tirée des Oupanishads et sur des sonnets de Shakespeare.

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On the 2nd May Shri M. W. Goklany of the Damodar Valley Corporation spoke on the Electrical Development in India.

Dr. M. Venkataraman continued his lectures on Higher Mathematics.

Advanced courses in History, Mathematics and Philosophy have been introduced since May and English Literature from June this year.

In the Saturday programme of this quarter was a sweet performance by the little ones of the Kindergarten. Other items in these Saturday programmes included a staging of a scene from The Merchant of Venice in celebration of the Shakespeare Quarter-centenary.

We publish in this issue pictures of the University Grants Commission when they visited our Centre of Education in April this year.

Education Physical

The games tournaments which had commenced in the previous quarter were finished on the 30th April. From the 1st May we started the Aquatics Season in which 19 days were allotted to practice. From the 20th to the 3ist May there were the Aquatics Competitions.

The total number of entries for these competitions was 182 and made Up of the following :

Groupe A Groupe B Groupe C Groupe D Groupe   E

— 97

— 32

— 21

— 18

— I

Groupe F

Groupe H

Non-group

Captains

 — 4

 — I 

 — I

 — 7

The A group was divided into 10 grades while the other groups were mixed and divided into 6 grades. The events for these various grades .consisted of the usual Olympic strokes in swimming : Free Style, Breaststroke, Back-stroke and Butterfly-stroke—but over varying distances. Then there were the diving competitions from the spring board and high platform and the relay races. The competitions ended with an amusing programme of novelty races.

From the 1st June we started normal group activities and this will continue up to the 3ist July. In this season we propose to hold Physical Efficiency Tests according to the French Brevet Sportif Populaire. Then will come the Athletics Season.

Le 22 avril, le docteur J. N. Chubb nous entretint de "L'avenir de la métaphysique".

Le 2 mai, Shrî M. W. Goklani, de la Damodar Valley Corporation, parla du "Développement de l'énergie électrique en Inde".

Le docteur M. Venkatarâman poursuivit pendant ce trimestre ses conférences sur les mathématiques supérieures.

Des Cours Supérieurs (niveau de la Licence) sont maintenant professés au Centre d'Éducation depuis le mois de mai en histoire, mathématiques et philosophie, et, depuis juin, en littérature anglaise.

Les enfants du Kindergarten nous ont donné aux programmes du samedi de ce trimestre une très gentille représentation. Un autre samedi, nous avons assisté à une scène du "Marchand de Venise" en l'honneur du quatre-centième anniversaire de Shakespeare.

Nous publions dans ce numéro quelques photographies se rapportant à la visite que la Commission des Subsides Universitaires (University Grants Commission) fit à notre Centre d'Éducation au début d'avril cette année.

Éducation physique

Les tournois sportifs qui avaient commencé le trimestre précédent, ont pris fin le 30 avril. A partir du Ier mai nous sommes dans la Saison Aquatique. Les 19 premiers jours ont été consacrés à l'entraînement; du 20 au 31 mai ont eu lieu les épreuves de natation.

Le nombre total des participants à ces épreuves a été de 182 et se décompose comme suit :

Groupe A Groupe B Groupe C Groupe D Groupe   E

— 97

— 32

— 21

— 18

— I

Groupe F

Groupe H

Sans-Groupe

Moniteurs

 — 4

 — I 

 — I

 — 7

 

 Le Groupe A a été divisé en 10 sections, tandis que les autres groupes réunis, ont formé 6 sections. Les épreuves pour toutes ces sections comprenaient les nages olympiques habituelles : nage libre, brasse, nage sur le dos et nage papillon, mais avec des distances différentes suivant le groupe. Après cela, nous avons eu les épreuves de plongeon, à partir du tremplin

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Among the pictures published in this issue, besides shots from the Aquatic competitions, there is one of the Games Season—Thangaraj the Indian Olympic Goal-keeper in action in a match played at our grounds. There is also a picture of children being coached in Basketball. There are further pictures of children getting ready for their new School and at their music and dancing classes. Finally there is a beautiful night view of the Samadhi.

Entertainments

On the 26th April the children presented a programme of recitation of Sanskrit slokas from Subasitani, stotras, Upanishads, classical kavyas and a few dialogues.

On the 12th May we showed slides on London sent to us by one of our boys who is now studying in the U.K. There were pictures of the three houses where Sri Aurobindo lived during his stay in England.

On the 9th June we saw a performance of Bharat Natyam and Kathakali by Misses Usha and Nila Shah.

As usual we had a weekly showing of films consisting of Documentaries supplied by the courtesy of the Govt. of India, the British Council, the Canadian High Commission, the U.S.I.S., the U.S.S.R. Consulate etc. Among the feature films we saw were "Mahanagar" by Satyajit Roy and the Jules Verne's immortal story "The Mysterious Island".

An omission in our last issue was the mention of the beautiful Dilruba recital given by Sri Tara Ghosal on the 20th February.

Among the visitors to the Ashram and the Centre of Education was Sri Utsavabhai Parikh, Minister of Gujarat.

A television team also visited us. They had been sent by the Television Corporation of France to record a programme on Pondicherry and the Ashram. This programme was to have been televised from Paris to the whole of France on the 3rd July. It included the Mother's Darshan of the 24th April.

et de la haute plate-forme, puis les courses de relais. Les épreuves ont pris fin sur un amusant programme de courses de fantaisie.

A partir du Ier juin, les activités normales des groupes ont repris et continueront jusqu'au 31 juillet. Pendant cette Saison nous avons l'intention d'introduire des tests d'aptitude physique, suivant les normes du Brevet Sportif Populaire français. Après cela viendra la Saison d'Athlétisme.

Parmi les illustrations de ce numéro, outre quelques vues des épreuves de natation, nous en donnons une des jeux sportifs : Tangarâj, le gardien de but de l'équipe olympique indienne, en action dans un match de football joué sur notre terrain. Une autre illustration le représente dirigeant l'entraînement de nos enfants au basket-bail. D'autres photographies représentent les enfants aidant à préparer leurs nouveaux locaux scolaires, ainsi que leurs classes de musique et de danse. Nous publions enfin une belle vue nocturne du Samâdhi.

Activités culturelles

Le 26 avril, les enfants donnèrent un programme de récitations en sanskrit tirées du Soubhâshitâni, des Stotras, des Oupanishads, des poèmes classiques, et quelques dialogues.

Le 12 mai nous furent projetés des diapositifs envoyés de Londres par un de nos jeunes gens, qui poursuit là-bas ses études. Parmi ces diapositifs, figuraient des vues des trois maisons où Sri Aurobindo a vécu pendant son séjour en Angleterre.

Nous avons assisté le 9 juin à une séance de danses indiennes— Bhârat Nâtyam et Kathakali—par mesdemoiselles Usha et Nila Shah.

Nos séances hebdomadaires de cinéma ont été alimentées comme d'habitude par des documentaires que nous fournirent aimablement le Gouvernement de l'Inde, le British Council, le Haut Commissariat Canadien, le Service d'Information des États-Unis, le Consulat de l'U.R.S.S., etc. Parmi les longs métrages, notons spécialement "Mahânagar" de Satyajit Roy et l'histoire immortelle "L'île mystérieuse" de Jules Verne.

Dans le numéro précédent nous avions oublié de mentionner le très

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beau récital de dilroubâ1 qui nous fut donné le 20 février par Shrî Tara Ghosal.

Parmi les visiteurs à l'Ashram et au Centre d'Éducation, mentionnons particulièrement Shrî Utsavabhaï Parikh, ministre de l'agriculture du Goudjerât.

Nous avons aussi reçu la visite d'une équipe de la Radio-Télévision-Française, venue filmer et enregistrer un programme sur Pondichéry, et sur l'Ashram en particulier. Cette séquence, qui comprenait notamment le Darshan de la Mère du 24 avril, devait passer, dans l'émission de la R.T.F., "Cinq Colonnes à la Une" le 3 juillet, mais l'émission a été reportée à une date ultérieure.

Publications nouvelles

Some Answers from The Mother

White Rosés (Enlarged Edition)—Extracts of The Mother's letters to a disciple. Published by Huta.

Sri Aurobindo or The Adventure of Consciousness — Satprem.

1 Instrument de musique indien

Top

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Illustrations

 

La Délégation de la Commission des Subsides Universitaires

Visiting Committee of the University Grants Commission

 

 

Avec quelques membres de notre Centre d'Éducation

With some of the members of the Centre

 

 

Le Président de la  Délégation parle aux étudiants

Chairman addressing the students

 

 

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Thangarâj le gardien de but de l'équipe olympique indienne sur le terrain de football de l'Ashram

Thangaraj the Indian Olympic goal keeper on the Ashram Ground

 

 

Séance d'entraînement du groupe A-2 au basket-ball

Coaching A-2 group for Basket-ball

 

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Épreuves de natation

Aquatic Competition

 

 

Battaille de polochons sur l'eau

Pillow fight over the water

 

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Battaille de polochons sur l'eau

Pillow fight over the water

 

 

Courses de fantaisie

Novelty race

 

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Les tribunes pendant les épreuves

Spectators at the aquatic Competitions

 

 

Courses de fantaisie

Novelty race

 

Page – V


 

Un bond

A leap

 

 

Pose d'archer

An Archer's pose

 

Page – VI


 

 

Les enfants aident à aménager leur nouvelle école

Children helping in getting ready their new School

 

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Classes de musique et de danse

Children in Music and Dancing Class

 

Page – VIII


 

 

Classes de musique et de danse

Children in Music and Dancing Class

 

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Classes de danse

Dancing Class

 

Page – X


 

Classes de danse

Dancing Class

 

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Vue nocturne de Samâdhi

Night view of the Samadhi

 

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